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丈夫学堂 第三幕 场景二
日期:2011-03-03 22:20  点击:420

L'école des maris
 Molière
丈夫学堂
莫里哀


ACTE III


Scène II

SGANARELLE, ISABELLE.
SGANARELLE
Je reviens, et l'on va pour demain de ma part.
ISABELLE
Ô Ciel !
SGANARELLE
C'est toi, mignonne ? Où vas-tu donc si tard ?
Tu disais qu'en ta chambre, étant un peu lassée,
Tu t'allais renfermer, lorsque je t'ai laissée ;
Et tu m'avais prié même que mon retour
T'y souffrît en repos jusques à demain jour.
ISABELLE
Il est vrai ; mais...
SGANARELLE
Et quoi ?
ISABELLE
Vous me voyez confuse,
Et je ne sais comment vous en dire l'excuse.
SGANARELLE
Quoi donc ? Que pourrait-ce être ?
ISABELLE
Un secret surprenant :
C'est ma soeur qui m'oblige à sortir maintenant,
Et qui, pour un dessein dont je l'ai fort blâmée,
M'a demandé ma chambre, où je l'ai renfermée.
SGANARELLE
Comment ?
ISABELLE
L'eût-on pu croire ? elle aime cet amant
Que nous avons banni.
SGANARELLE
Valère ?
ISABELLE
Éperdument :
C'est un transport si grand, qu'il n'en est point de même ;
Et vous pouvez juger de sa puissance extrême,
Puisque seule, à cette heure, elle est venue ici
Me découvrir à moi son amoureux souci,
Me dire absolument qu'elle perdra la vie
Si son âme n'obtient l'effet de son envie,
Que depuis plus d'un an d'assez vives ardeurs
Dans un secret commerce entretenaient leurs cours,
Et que même ils s'étaient, leur flamme étant nouvelle,
Donné de s'épouser une foi mutuelle.
SGANARELLE
La vilaine !
ISABELLE
Qu'ayant appris le désespoir
Où j'ai précipité celui qu'elle aime à voir,
Elle vient me prier de souffrir que sa flamme
Puisse rompre un départ qui lui percerait l'âme,
Entretenir ce soir cet amant sous mon nom
Par la petite rue où ma chambre répond,
Lui peindre, d'une voix qui contrefait la mienne,

 
Quelques doux sentiments dont l'appas le retienne,
Et ménager enfin pour elle adroitement
Ce que pour moi l'on sait qu'il a d'attachement.
SGANARELLE
Et tu trouves cela... ?
ISABELLE
Moi ? J'en suis courroucée.
Quoi ? ma soeur, ai-je dit, êtes-vous insensée ?
Ne rougissez-vous point d'avoir pris tant d'amour
Pour ces sortes de gens qui changent chaque jour,
D'oublier votre sexe, et tromper l'espérance
D'un homme dont le Ciel vous donnait l'alliance ?
SGANARELLE
Il le mérite bien, et j'en suis fort ravi.
ISABELLE
Enfin de cent raisons mon dépit s'est servi
Pour lui bien reprocher des bassesses si grandes
Et pouvoir cette nuit rejeter ses demandes ;
Mais elle m'a fait voir de si pressants désirs,
A tant versé de pleurs, tant poussé de soupirs,
Tant dit qu'au désespoir je porterais son âme
Si je lui refusais ce qu'exige sa flamme,
Qu'à céder malgré moi mon cœur s'est vu réduit ;
Et pour justifier cette intrigue de nuit,
Où me faisait du sang relâcher la tendresse,
J'allais faire avec moi venir coucher Lucrèce,
Dont vous me vantez tant les vertus chaque jour ;
Mais vous m'avez surprise avec ce prompt retour.
SGANARELLE
Non, non, je ne veux point chez moi tout ce mystère.
J'y pourrais consentir à l'égard de mon frère ;
Mais on peut être vu de quelqu'un de dehors ;
Et celle que je dois honorer de mon corps
Non seulement doit être et pudique et bien née,
Il ne faut pas que même elle soit soupçonnée.
Allons chasser l'infâme, et de sa passion.
ISABELLE
Ah ! vous lui donneriez trop de confusion ;
Et c'est avec raison qu'elle pourrait se plaindre
Du peu de retenue où j'ai su me contraindre.
Puisque de son dessein je dois me départir,
Attendez que du moins je la fasse sortir.
SGANARELLE
Eh bien ! fais.
ISABELLE
Mais surtout cachez-vous, je vous prie,
Et sans lui dire rien daignez voir sa sortie.
SGANARELLE
Oui, pour l'amour de toi je retiens mes transports ;
Mais, dès le même instant qu'elle sera dehors,
Je veux, sans différer, aller trouver mon frère :
J'aurai joie à courir lui dire cette affaire.
ISABELLE
Je vous conjure donc de ne me point nommer.
Bonsoir : car tout d'un temps je vais me renfermer.
SGANARELLE
Jusqu'à demain, mamie. En quelle impatience
Suis-je de voir mon frère, et lui conter sa chance !
Il en tient, le bonhomme, avec tout son phébus,
Et je n'en voudrais pas tenir cent bons écus.
ISABELLE, dans la maison.
Oui, de vos déplaisirs l'atteinte m'est sensible ;
Mais ce que vous voulez, ma soeur, m'est impossible ;
Mon honneur, qui m'est cher, y court trop de hasard.
Adieu : retirez-vous avant qu'il soit plus tard.
SGANARELLE
La voilà qui, je crois, peste de belle sorte :
De peur qu'elle revînt, fermons à clef la porte.
ISABELLE
Ô ciel, dans mes desseins ne m'abandonnez pas !
SGANARELLE
Où pourra-t-elle aller ? Suivons un peu ses pas.
ISABELLE
Dans mon trouble, du moins la nuit me favorise.
SGANARELLE
Au logis du galant, quelle est son entreprise ? 
 
 


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