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太太学堂 前言
日期:2011-03-04 19:06  点击:780

L'école des femmes

Molière

太太学堂
莫里哀


A Madame [Henriette d'Angleterre, Duchesse d'Orléans (1644-1670)]


Madame,

Je suis le plus embarrassé homme du monde, lorsqu'il me faut
dédier un livre ; et je me trouve si peu fait au style d'épître
dédicatoire, que je ne sais pas où sortir de celle-ci. Un autre
auteur, qui serait en ma place, trouverait d'abord cent belles
choses à dire de Votre Altesse Royale, sur ce titre de l'Ecole des
femmes, et l'offre qu'il vous en ferait. Mais, pour moi, Madame,
je vous avoue mon faible. Je ne sais point cet art de trouver des
rapports entre des choses si peu proportionnées ; et, quelques
belles lumières que mes confrères les auteurs me donnent tous les
jours sur de pareils sujets, je ne vois point ce que Votre Altesse
Royale pourrait avoir à déméler avec la comédie que je lui
présente.

On n'est pas en peine, sans doute, comment il faut faire pour vous
louer. La matière, Madame, ne saute que trop aux yeux ; et, de
quelque côté qu'on vous regarde, on rencontre gloire sur gloire,
et qualités sur qualités. Vous en avez, Madame, du côté du rang et
de la naissance, qui vous font respecter de toute la terre. Vous
en avez du côté des grâces, et de l'esprit et du corps, qui vous
font admirer de toutes les personnes qui vous voient. Vous en avez
du côté de l'âme, qui, si l'on ose parler ainsi, vous font aimer
de tous ceux qui ont l'honneur d'approcher de vous : je veux dire
cette douceur pleine de charmes, dont vous daignez tempérer la
fierté des grands titres que vous portez ; cette bonté tout
obligeante, cette affabilité généreuse que vous faites paraître
pour tout le monde ; et ce sont particulièrement ces dernières pour
qui je suis, et dont je sens fort bien que je ne me pourrai taire
quelque jour. Mais encore une fois, Madame, je ne sais point le

 
biais de faire entrer ici des vérités si éclatantes ; et ce sont
choses, à mon avis, et d'une trop vaste étendue et d'un mérite
trop élevé, pour les vouloir renfermer dans une épître et les
mêler avec des bagatelles.

Tout bien considéré, Madame, je ne vois rien à faire ici pour moi
que de vous dédier simplement ma comédie, et de vous assurer, avec
tout le respect qu'il m'est possible, que je suis,
De Votre Altesse Royale,
Madame,
Le très humble, très obéissant,
et très obligé serviteur,
J. B. Molière.


Préface
前言

Bien des gens ont frondé d'abord cette comédie ; mais les rieurs
ont été pour elle, et tout le mal qu'on en a pu dire, n'a pu faire
qu'elle n'ait eu un succès dont je me contente.

Je sais qu'on attend de moi dans cette impression quelque préface
qui réponde aux censeurs, et rende raison de mon ouvrage ; et sans
doute que je suis assez redevable à toutes les personnes qui lui
ont donné leur approbation, pour me croire obligé de défendre leur
jugement contre celui des autres, mais il se trouve qu'une grande
partie des choses que j'aurais à dire sur ce sujet est déjà dans
une dissertation que j'ai faite en dialogue, et dont je ne sais
encore ce que je ferai. L'idée de ce dialogue, ou, si l'on veut,
de cette petite comédie, me vint après les deux ou trois premières
représentations de ma pièce.

Je la dis, cette idée, dans une maison où je me trouvai un soir ;
et d'abord une personne de qualité, dont l'esprit est assez connu
dans le monde, et qui me fait l'honneur de m'aimer, trouva le
projet assez à son gré, non seulement pour me solliciter d'y
mettre la main, mais encore pour l'y mettre lui-même, et je fus
étonné que, deux jours après, il me montra toute l'affaire
exécutée d'une manière, à la vérité, beaucoup plus galante et plus
spirituelle que je ne puis faire, mais où je trouvai des choses
trop avantageuses pour moi ; et j'eus peur que, si je produisais
cet ouvrage sur notre théâtre, on ne m'accusât d'avoir mendié les
louanges qu'on m'y donnait. Cependant cela m'empêcha, par quelque
considération, d'achever ce que j'avais commencé. Mais tant de
gens me pressent tous les jours de le faire, que je ne sais ce qui
en sera ; et cette incertitude est cause que je ne mets point dans
cette Préface ce qu'on verra dans la Critique, en cas que je me
résolve à la faire paraître. S'il faut que cela soit, je le dis
encore, ce sera seulement pour venger le public du chagrin délicat
de certaines gens ; car, pour moi, je m'en tiens assez vengé par la
réussite de ma comédie ; et je souhaite que toutes celles que je
pourrai faire soient traitées par eux comme celle-ci, pourvu que
le reste soit de même.

 


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