Tartuffe, ou l'imposteur
Molière
伪君子
莫里哀
ACTE II.
SCÈNE PREMIÈRE. - Orgon, Mariane.
ORGON.
Mariane.
MARIANE.
Mon père.
ORGON.
Approchez, j'ai de quoi
Vous parler en secret.
MARIANE.
Que cherchez-vous ?
ORGON. Il regarde dans un petit cabinet.
Je vois
Si quelqu'un n'est point là qui pourroit nous entendre ;
Car ce petit endroit est propre pour surprendre.
Or sus, nous voilà bien. J'ai, Mariane, en vous
Reconnu de tout temps un esprit assez doux,
Et de tout temps aussi vous m'avez été chère.
MARIANE.
Je suis fort redevable à cet amour de père.
ORGON.
C'est fort bien dit, ma fille ; et pour le mériter
Vous devez n'avoir soin que de me contenter.
MARIANE.
C'est où je mets aussi ma gloire la plus haute.
ORGON.
Fort bien. Que dites-vous de Tartuffe notre hôte ?
MARIANE.
Qui, moi ?
ORGON.
Vous. Voyez bien comme vous répondrez.
MARIANE.
Hélas ! j'en dirai, moi, tout ce que vous voudrez.
ORGON.
C'est parler sagement. Dites-moi donc, ma fille,
Qu'en toute sa personne un haut mérite brille,
Qu'il touche votre coeur, et qu'il vous seroit doux
De le voir par mon choix devenir votre époux.
Eh ?
(Mariane se recule avec surprise.)
MARIANE.
Eh ?
ORGON.
Qu'est-ce ?
MARIANE.
Plaît-il ?
ORGON.
Quoi ?
MARIANE.
Me suis-je méprise ?
ORGON.
Comment ?
MARIANE.
Qui voulez-vous, mon père, que je dise
Qui me touche le coeur, et qu'il me seroit doux
De voir par votre choix devenir mon époux ?
ORGON.
Tartuffe.
MARIANE.
Il n'en est rien, mon père, je vous jure.
Pourquoi me faire dire une telle imposture ?
ORGON.
Mais je veux que cela soit une vérité,
Et c'est assez pour vous que je l'aie arrêté.
MARIANE.
Quoi ? vous voulez, mon père...?
ORGON.
Oui, je prétends, ma fille,
Unir par votre hymen Tartuffe à ma famille.
Il sera votre époux, j'ai résolu cela ;
Et comme sur vos voeux je....