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《熙德》 第四幕 场景一
日期:2011-03-22 19:54  点击:591

Pierre Corneille

    Le Cid

皮埃尔•高乃依 

     熙德

ACTE IV
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SCÈNE PREMIÈRE - CHIMÈNE, ELVIRE


CHIMÈNE
N'est-ce point un faux bruit ? le sais-tu bien, Elvire ?

ELVIRE
Vous ne croiriez jamais comme chacun l'admire,
Et porte jusqu'au ciel, d'une commune voix,
De ce jeune héros les glorieux exploits.
Les Maures devant lui n'ont paru qu'à leur honte ;
Leur abort fut bien prompt, leur fuite encor plus prompte ;
Trois heures de combat laissent à nos guerriers
Une victoire entière et deux rois prisonniers.
La valeur de leur chef ne trouvait point d'obstacles.

CHIMÈNE
Et la main de Rodrigue a fait tous ces miracles ?

ELVIRE
De ses nobles efforts ces deux rois sont le prix ;
Sa main les a vaincus, et sa main les a pris.

CHIMÈNE
De qui peux-tu savoir ces nouvelles étranges ?

ELVIRE
Du peuple qui partout fait sonner ses louanges,
Le nomme de sa joie et l'objet et l'auteur,
Son ange tutélaire et son libérateur.

CHIMÈNE
Et le roi, de quel oeil voit-il tant de vaillance ?

ELVIRE
Rodrigue n'ose encor paraître en sa présence ;
Mais don Diègue ravi lui présente enchaînés,
Au nom de ce vainqueur, ces captifs couronnés,
Et demande pour grâce à ce généreux prince
Qu'il daigne voir la main qui sauve la province.

CHIMÈNE
Mais n'est-il point blessé ?

ELVIRE
Je n'en ai rien appris.
Vous changez de couleur ! reprenez vos esprits.

CHIMÈNE
Reprenons donc aussi ma colère affaiblie :
Pour avoir soin de lui faut-il que je m'oublie ?
On le vante, on le loue, et mon coeur y consent !
Mon honneur est muet, mon devoir impuissant !
Silence, mon amour, laisse agir ma colère :
S'il a vaincu deux rois, il a tué mon père ;

 
Ces tristes vêtements, où je lis mon malheur
Sont les premiers effets qu'ait produit sa valeur ;
Et quoi qu'on die ailleurs d'un coeur si magnanime,
Ici tous les objets me parlent de son crime..
Vous qui rendez la force à mes ressentiments,
Voiles, crêpes, habits, lugubres ornements,
Pompe que me prescrit sa première victoire,
Contre ma passion soutenez bien ma gloire ;
Et lorsque mon amour prendra trop de pouvoir,
Parlez à mon esprit de mon triste devoir,
Attaquez sans rien craindre une main triomphante.

ELVIRE
Modérez ces transports, voici venir l'infante.

 


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