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EN MÉDOC IV.
日期:2020-10-20 16:07  点击:295
 Allons, les vendangeurs, la cloche vous appelle.
Debout, et travaillez; c'est l'heure du réveil;
L'horizon que sillonne une jeune étincelle
S'ouvre comme un cratère et vomit un soleil!
Et tous, dans le hangar où le maître les parque,
Comme un bétail grossier sur la paille étendu,
Hommes, femmes, enfants,—sans donner une marque
De mécontentement, de sommeil suspendu,—
Se lèvent pour avoir le pain qui leur est dû.
Ce sont des paysans aux formes athlétiques,
Taillés sur le patron des montagnards antiques,
Avec des nerfs d'acier et des poitrails velus;
Un sayon en lambeaux couvre à peine leur torse;
Leur chair, comme le buffle, est d'une épaisse écorce,
Et sans crainte de l'air ils pourraient aller nus.
Partons, mes vendangeurs, car le coteau ruisselle.
Il se dresse éclatant, ses flancs semblent fumer,
Il gémit sous la vigne: on dirait qu'il recèle
Une haleine puissante et prompte à s'enflammer.
Le cadavre géant de l'antique Cybèle,
Qu'au fond du sol ardent va chercher le rayon,
Se ranime et tressaille;—aux fentes du sillon
On croirait voir percer le bout de sa mamelle.
On part, musique en tête. On gravit le coteau,
On pose un pied glissant sur le sable qui grince;
Puis, à chaque sentier, la troupe se fait mince:
Ceux-ci sur le versant, ceux-là sur le plateau,
S'égarent à loisir parmi les feuilles vertes;
La vigne a remué ses branches entr'ouvertes,
Et tous ont disparu comme sous un manteau.
Le bœuf regarde au loin, traînant l'essieu qui crie,
Car la charrette est pleine; et j'entends le bouvier
Traîner ses sabots lourds sur la terre amollie.
Le chien aboie et court,—on arrive au cuvier.
C'est une cave immense, ou plutôt c'est un antre
Où le vin en courroux monte au nez dès qu'on entre,
Courant des piliers noirs au cintre surbaissé,
—Un temple de Bacchus dans le sable enfoncé.—
Comme un chœur de Titans, là sont d'énormes cuves
Où la liqueur mugit comme dans des étuves.
Douze à quinze garçons, du matin jusqu'au soir,
Nu-jambes et nu-pieds dansent dans le pressoir,
Une étrange vigueur en leurs veines circule:
On les dirait piqués par une tarentule;
Sous leurs talons nerveux, rouges et ruisselants,
Dans la mare de bois les grappes s'éparpillent;
Les raisins égorgés éclatent et pétillent;
Ils courent éperdus, noyés, demi-saignants;
Toujours monte et descend la brutale cheville,
Le danseur infernal les brise sans les voir,
La grappe aux longs bras nus comme un serpent sautille,
La boisson turbulente écume,—tourne,—brille,
Et s'égoutte en chantant au fond du réservoir!

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