Ce matin, penché, seul à ma fenêtre,
L'ombre autour de moi pleine de rumeurs
Triste, j'attendais le jour à paraître,
L'œil vers l'orient aux rouges lueurs.
La nuit s'enfuyait, honteuse et surprise,
Le ciel éteignait les pâles regards;
Et, des noirs buissons qu'agitait la brise,
Pensif, j'écoutais les souffles épars.
Mais quand je sentis, ployé sous l'extase,
De lumière et d'or mon front inondé,
Tandis que, partout, comme l'eau d'un vase,
Le jour ruisselait du ciel débordé;
Quand les peupliers et quand la prairie,
Avec le ruisseau, chantèrent en chœur,
Quand je vis briller les fils-de-Marie,
Je sentis la paix monter à mon cœur.
Mille oiseaux jasaient, je me sentais vivre,
D'un chaste bonheur mon cœur se berçait;
Et c'était pour moi, qui d'un rien m'enivre,
Comme un frais bonjour que Dieu m'adressait.