Et voyant ainsi le ciel me sourire,
Pour que votre esprit ne fût pas jaloux,
A mon tour aussi j'ai voulu vous dire
Que le ciel s'était levé bleu sur vous.
Car peut-être alors, belle paresseuse,
Les volets fermés à l'éclat des cieux,
Vous pensiez—souvent l'aurore est berceuse—
A tout ce qui fait le front soucieux.
Vous pensiez aux jours de courte durée
Qui laissent en nous si longs souvenirs,
A l'espoir qui passe en robe dorée,
Haillons rattachés avec des saphirs!
Vous pensiez sans doute à tout ce qu'emporte
L'ombre qui décroît, voile replié,
Au rayon qui vient quand la fleur est morte,
Au malheur qui fuit sans être oublié.
Vous pensiez, tendant l'oreille aux mensonges
Qu'à votre chevet souffle le sommeil,
Qu'il valait bien mieux poursuivre des songes
Que de tant hâter l'heure du réveil;
Que peut-être, hélas! le jour qui va luire
Sera triste et noir, et plein de courroux,
Et voilà pourquoi j'ai voulu vous dire
Que le ciel s'était levé bleu sur vous.