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无病呻吟:第二幕 场景八
日期:2011-06-11 18:23  点击:660

Le malade imaginaire
无病呻吟

--Molière
莫里哀


Scène VIII 第二幕 场景八

LOUISON, ARGAN.

LOUISON: Qu'est-ce que vous voulez, mon papa? Ma belle-maman m'a dit que vous me demandez.

ARGAN: Oui, venez çà, avancez là. Tournez-vous, levez les yeux, regardez-moi. Eh!

LOUISON: Quoi, mon papa?

ARGAN: Là.

LOUISON: Quoi?

ARGAN: N'avez-vous rien à me dire?

LOUISON: Je vous dirai, si vous voulez, pour vous désennuyer, le conte de Peau d'âne, ou bien la fable du corbeau et du renard, qu'on m'a apprise depuis peu.

ARGAN: Ce n'est pas là ce que je demande.

LOUISON: Quoi donc?

ARGAN: Ah! rusée, vous savez bien ce que je veux dire.

LOUISON: Pardonnez-moi, mon papa.

ARGAN: Est-ce là comme vous m'obéissez?

LOUISON: Quoi?

ARGAN: Ne vous ai-je pas recommandé de me venir dire d'abord tout ce que vous voyez?

LOUISON: Oui, mon papa.

ARGAN: L'avez-vous fait?

LOUISON: Oui, mon papa. Je vous suis venue dire tout ce que j'ai vu.

ARGAN: Et n'avez-vous rien vu aujourd'hui?

LOUISON: Non, mon papa.

ARGAN: Non?

LOUISON: Non, mon papa.

ARGAN: Assurément?

LOUISON: Assurément.

ARGAN: Oh çà! je m'en vais vous faire voir quelque chose, moi.
Il va prendre une poignée de verges.

LOUISON: Ah! mon papa.

ARGAN: Ah, ah! petite masque, vous ne me dites pas que vous avez vu un homme dans la chambre de votre sur?

LOUISON: Mon papa.

ARGAN: Voici qui vous apprendra à mentir.

 

LOUISON se jette à genoux: Ah! mon papa, je vous demande pardon. C'est que ma sur m'avait dit de ne pas vous le dire; mais je m'en vais vous dire tout.

ARGAN: Il faut premièrement que vous ayez le fouet pour avoir menti. Puis après nous verrons au reste.

LOUISON: Pardon, mon papa.

ARGAN: Non, non.

LOUISON: Mon pauvre papa, ne me donnez pas le fouet.

ARGAN: Vous l'aurez.

LOUISON: Au nom de Dieu! mon papa, que je ne l'aie pas.

ARGAN, la prenant pour la fouetter: Allons, allons.

LOUISON: Ah! mon papa, vous m'avez blessée, attendez: je suis morte.
Elle contrefait la morte.

ARGAN: Holà! Qu'est-ce là? Louison, Louison. Ah, mon Dieu! Louison. Ah! ma fille! Ah! malheureux, ma pauvre fille est morte. Qu'ai-je fait, misérable? Ah! chiennes de verges. La peste soit des verges! Ah! ma pauvre fille, ma pauvre petite Louison.

LOUISON: Là, là, mon papa, ne pleurez point tant, je ne suis pas morte tout à fait.

ARGAN: Voyez-vous la petite rusée? Oh çà, çà! je vous pardonne pour cette fois-ci, pourvu que vous me disiez bien tout.

LOUISON: Ho! oui, mon papa.

ARGAN: Prenez-y bien garde au moins, car voilà un petit doigt qui sait tout, qui me dira si vous mentez.

LOUISON: Mais, mon papa, ne dites pas à ma sur que je vous l'ai dit.

ARGAN: Non, non.

LOUISON: C'est, mon papa, qu'il est venu un homme dans la chambre de ma sur comme j'y étais.

ARGAN: Hé bien?

LOUISON: Je lui ai demandé ce qu'il demandait, et il m'a dit qu'il était son maître à chanter.

ARGAN: Hon, hon. Voilà l'affaire. Hé bien?

LOUISON: Ma sur est venue après.

ARGAN: Hé bien?

LOUISON: Elle lui a dit: "sortez, sortez, sortez, mon Dieu! sortez; vous me mettez au désespoir".

ARGAN: Hé bien?

LOUISON: Et lui, il ne voulait pas sortir.

ARGAN: Qu'est-ce qu'il lui disait?

LOUISON: Il lui disait je ne sais combien de choses.

ARGAN: Et quoi encore?

LOUISON: Il lui disait tout ci, tout çà, qu'il l'aimait bien, et qu'elle était la plus belle du monde.

ARGAN: Et puis après?

LOUISON: Et puis après, il se mettait à genoux devant elle.

ARGAN: Et puis après?

LOUISON: Et puis après, il lui baisait les mains.

ARGAN: Et puis après?

LOUISON: Et puis après, ma belle-maman est venue à la porte, et il s'est enfui.

ARGAN: Il n'y a point autre chose?

LOUISON: Non, mon papa.

ARGAN: Voilà mon petit doigt pourtant qui gronde quelque chose. (Il met son doigt à son oreille.) Attendez. Eh! ah, ah! oui? Oh, oh! voilà mon petit doigt qui me dit quelque chose que vous avez vu, et que vous ne m'avez pas dit.

LOUISON: Ah! mon papa, votre petit doigt est un menteur.

ARGAN: Prenez garde.

LOUISON: Non, mon papa, ne le croyez pas, il ment, je vous assure.

ARGAN: Oh bien, bien! nous verrons cela. Allez-vous-en, et prenez bien garde à tout: allez. Ah! il n'y a plus d'enfants. Ah! que d'affaires! je n'ai pas seulement le loisir de songer à ma maladie. En vérité, je n'en puis plus.
Il se remet dans sa chaise.


 


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