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【法语版】鲁滨孙漂流记: XVIII (4)
日期:2021-06-19 22:23  点击:312


Je lui dis qu’il se trompait, que je n’étais point du tout en colère « Point
colère ! répliqua-t-il en répétant plusieurs fois ces paroles : Point colère !
Pourquoi donc envoyer Vendredi auprès ma nation ?
– Mais ne m’avez-vous pas dit que vous souhaitiez y être ?
–Oui, oui, souhaiter tous deux là, non Vendredi là, et point maître là. »
En un mot, il ne voulait pas entreprendre le passage sans moi.
Après lui avoir demandé en quoi ce voyage pouvait m’être utile, il me
répondit avec vivacité : « Vous faire grand beaucoup bien, vous enseigner
hommes sauvages être bons hommes et apprivoisés, leur enseigner vivre
nouvelle vie.
– Hélas, mon enfant, lui répondis-je, vous ne savez pas ce que vous dites,
je ne suis moi-même qu’un pauvre ignorant.
–Oui, oui, répliqua-t-il, vous, moi enseigner bonnes choses, vous
enseigner eux bonnes choses aussi. »
Malgré ces marques de son attachement pour moi, je fis semblant de
persévérer dans mon dessein de le renvoyer. Il en fut désespéré au point
d’aller chercher une hache et de me dire en l’apportant : « Vous prendre,
vous tuer Vendredi, non envoyer Vendredi chez sa nation. » Il prononça ces
mots d’une façon si touchante que je fus convaincu de sa tendresse pour moi
et lui fis la promesse que nous partirions ensemble.
Sans tarder davantage, nous allâmes à la recherche d’un grand arbre pour
en faire un grand canot. Vendredi en trouva bientôt un d’un bois qui m’était
inconnu, mais qu’il savait convenir à ce que nous voulions. Il était d’avis de
le creuser en brûlant le dedans, mais je lui enseignai la manière de se servir
des coins de fer et, après un mois de rude travail, la barque fut achevée. Nous
fûmes encore occupés une quinzaine de jours à la mettre à l’eau, ce que nous
fîmes pouce après pouce, au moyen de quelques rouleaux.
J’étais surpris de voir avec quelle adresse Vendredi savait la manier et la
tourner. Je lui demandai si elle était assez bonne pour hasarder le passage,
il m’assura qu’elle nous porterait, même par un grand vent. J’avais pourtant
encore un dessein, celui d’y ajouter un mât, une voile, une ancre et un câble.

Aventures de Robinson Crusoé    
Daniel Defoe

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