【法语版】L'île au trésor 金银岛 II (3)
II Chien-noir se montre et disparaît (3)
L’inconnu restait là, flânant dans la salle, et de temps à autre allant vers
la porte, mais sans la franchir, et guettant comme un chat qui attend une
souris. À un moment, je sortis, et je fis quelques pas sur la route. Aussitôt,
je m’entendis appeler, et comme je n’obéissais pas assez vite à cet appel,
je vis un horrible changement se produire sur la face couleur de chandelle
du nouveau venu. Il m’ordonna de rentrer immédiatement, en jurant de telle
sorte que je ne fis qu’un bond. Je ne fus pas plus tôt revenu auprès de lui,
qu’il reprit ses manières à la fois doucereuses et ironiques ; il eut même
l’obligeance de mettre sa main sur mon épaule en déclarant que j’étais un
bon petit garçon et qu’il se sentait pris pour moi d’une véritable tendresse.
« J’ai moi-même un fils de ton âge, ajouta-t-il, et je suis fier de lui. Vous
vous ressemblez, ma foi, comme deux frères. Mais la grande affaire pour
les garçons, vois-tu, fillot, c’est l’obéissance !… Ah ! l’obéissance !… Si
tu avais seulement navigué avec l’ami Bill, je n’aurais pas eu besoin de te
répéter un ordre !… Non, sur ma foi !… il n’y avait pas à rire avec lui… Eh !
ma parole, je ne me trompe pas !… le voici justement, l’ami Bill !… avec
son télescope sous le bras, que Dieu bénisse !… Mon petit, nous allons entrer
là et nous cacher derrière la porte, pour faire une surprise à l’ami Bill !…
Tout en parlant, l’étranger m’avait poussé dans le parloir et s’était mis
avec moi derrière la porte d’entrée. Je me sentais assez mal à l’aise et même
quelque peu effrayé ; ce qui augmenta mon inquiétude fut de constater que
l’étranger avait peur, lui aussi. Il maniait son coutelas, le faisait jouer dans
sa gaine, et je l’entendais soupirer en avalant sa salive, comme s’il avait eu
une boule dans le gosier.
II Chien-noir se montre et disparaît (3)
L’inconnu restait là, flânant dans la salle, et de temps à autre allant vers
la porte, mais sans la franchir, et guettant comme un chat qui attend une
souris. À un moment, je sortis, et je fis quelques pas sur la route. Aussitôt,
je m’entendis appeler, et comme je n’obéissais pas assez vite à cet appel,
je vis un horrible changement se produire sur la face couleur de chandelle
du nouveau venu. Il m’ordonna de rentrer immédiatement, en jurant de telle
sorte que je ne fis qu’un bond. Je ne fus pas plus tôt revenu auprès de lui,
qu’il reprit ses manières à la fois doucereuses et ironiques ; il eut même
l’obligeance de mettre sa main sur mon épaule en déclarant que j’étais un
bon petit garçon et qu’il se sentait pris pour moi d’une véritable tendresse.
« J’ai moi-même un fils de ton âge, ajouta-t-il, et je suis fier de lui. Vous
vous ressemblez, ma foi, comme deux frères. Mais la grande affaire pour
les garçons, vois-tu, fillot, c’est l’obéissance !… Ah ! l’obéissance !… Si
tu avais seulement navigué avec l’ami Bill, je n’aurais pas eu besoin de te
répéter un ordre !… Non, sur ma foi !… il n’y avait pas à rire avec lui… Eh !
ma parole, je ne me trompe pas !… le voici justement, l’ami Bill !… avec
son télescope sous le bras, que Dieu bénisse !… Mon petit, nous allons entrer
là et nous cacher derrière la porte, pour faire une surprise à l’ami Bill !…
Tout en parlant, l’étranger m’avait poussé dans le parloir et s’était mis
avec moi derrière la porte d’entrée. Je me sentais assez mal à l’aise et même
quelque peu effrayé ; ce qui augmenta mon inquiétude fut de constater que
l’étranger avait peur, lui aussi. Il maniait son coutelas, le faisait jouer dans
sa gaine, et je l’entendais soupirer en avalant sa salive, comme s’il avait eu
une boule dans le gosier.