【法语版】L'île au trésor 金银岛 III (2)
III La marque noire (2)
Ici, tout un chapelet de jurons assortis.
Puis, sur un ton dolent :
« Vois, mon petit Jim, comme mes doigts tremblent. Je ne puis même pas
les tenir en place… non, je ne puis pas… Dire que je n’ai pas encore eu une
goutte, de toute la journée !… Ce docteur est un idiot, crois-moi. Si tu ne me
donnes pas un coup de rhum, je deviendrai fou, voilà tout. Je sens déjà que
ça commence. J’ai des hallucinations. J’ai vu le vieux Flint, dans ce coin,
derrière toi… Je l’ai vu comme je te vois… Si cela me prend, dame, je ne
réponds plus de rien. – On fera de moi un vrai Caïn, là… D’ailleurs, votre
satané docteur a dit lui-même qu’un verre ne me ferait pas de mal… Je te
donnerai une guinée d’or pour ce verre, Jim… »
Il se montait de plus en plus, et cela m’effrayait pour mon père, qui était
bien bas ce jour-là et avait besoin de repos. D’autre part, le docteur avait
bien dit qu’un seul verre de rhum ne ferait pas de mal au Capitaine. J’étais
seulement offensé qu’il essayât de me corrompre à prix d’or.
« Je ne vous demande pas votre argent, lui dis-je, hors celui que vous
devez à mon père. Quant à du rhum, je vous en donnerai un verre, mais pas
plus, entendez-le bien… »
Quand je l’apportai, il le saisit avidement et le vida d’un trait.
« Ah !… fit-il, cela va déjà mieux, je t’assure. Et maintenant, camarade,
dis-moi un peu combien de temps le docteur prétend que je reste couché sur
ce vieux cadre ?…
– Une semaine au moins, lui dis-je.
– Tonnerre !… une semaine !… c’est impossible ! cria-t-il. D’ici là ils
m’auront envoyé la marque noire… Les voilà déjà qui rôdent autour de moi,
les marsouins ! Tas d’imbéciles, qui n’ont pas su garder ce qu’ils avaient !
Il leur faudrait la part des autres, maintenant. Est-ce ainsi que se comportent
de vrais lurons ? je le demande. Que ne faisaient-ils comme moi ? Que ne
gardaient-ils leur argent, au lieu de le jeter par les fenêtres ?… Mais je leur
jouerai un tour de ma façon, ils peuvent y compter. Croient-ils me faire peur ?
J’en ai dépisté de plus malins… »
III La marque noire (2)
Ici, tout un chapelet de jurons assortis.
Puis, sur un ton dolent :
« Vois, mon petit Jim, comme mes doigts tremblent. Je ne puis même pas
les tenir en place… non, je ne puis pas… Dire que je n’ai pas encore eu une
goutte, de toute la journée !… Ce docteur est un idiot, crois-moi. Si tu ne me
donnes pas un coup de rhum, je deviendrai fou, voilà tout. Je sens déjà que
ça commence. J’ai des hallucinations. J’ai vu le vieux Flint, dans ce coin,
derrière toi… Je l’ai vu comme je te vois… Si cela me prend, dame, je ne
réponds plus de rien. – On fera de moi un vrai Caïn, là… D’ailleurs, votre
satané docteur a dit lui-même qu’un verre ne me ferait pas de mal… Je te
donnerai une guinée d’or pour ce verre, Jim… »
Il se montait de plus en plus, et cela m’effrayait pour mon père, qui était
bien bas ce jour-là et avait besoin de repos. D’autre part, le docteur avait
bien dit qu’un seul verre de rhum ne ferait pas de mal au Capitaine. J’étais
seulement offensé qu’il essayât de me corrompre à prix d’or.
« Je ne vous demande pas votre argent, lui dis-je, hors celui que vous
devez à mon père. Quant à du rhum, je vous en donnerai un verre, mais pas
plus, entendez-le bien… »
Quand je l’apportai, il le saisit avidement et le vida d’un trait.
« Ah !… fit-il, cela va déjà mieux, je t’assure. Et maintenant, camarade,
dis-moi un peu combien de temps le docteur prétend que je reste couché sur
ce vieux cadre ?…
– Une semaine au moins, lui dis-je.
– Tonnerre !… une semaine !… c’est impossible ! cria-t-il. D’ici là ils
m’auront envoyé la marque noire… Les voilà déjà qui rôdent autour de moi,
les marsouins ! Tas d’imbéciles, qui n’ont pas su garder ce qu’ils avaient !
Il leur faudrait la part des autres, maintenant. Est-ce ainsi que se comportent
de vrais lurons ? je le demande. Que ne faisaient-ils comme moi ? Que ne
gardaient-ils leur argent, au lieu de le jeter par les fenêtres ?… Mais je leur
jouerai un tour de ma façon, ils peuvent y compter. Croient-ils me faire peur ?
J’en ai dépisté de plus malins… »