【法语版】L'île au trésor XXXII (8)
XXXII La voix dans les arbres(8)
Sous le poids de ces alarmes, il m’était malaisé de me maintenir au pas
de ces avides chercheurs d’or ; à tout instant je trébuchais, et c’est alors
que Silver tirait si rudement sur la corde et m’adressait ces regards terribles.
Dick venait le dernier, accablé par la fièvre et se traînant à peine. Sa vue
même ajoutait à mon malaise, et, pour comble, j’étais hanté par la pensée
de la tragédie qui s’était jadis passée sur ce plateau, quand ce hideux pirate
à la face bleue, celui qui était mort à Savannah en hurlant pour demander
à boire, avait de sa propre main immolé ses six complices. Ce bosquet, si
paisible aujourd’hui, avait donc retenti des cris de détresse !… Rien qu’en
y pensant, je croyais les entendre encore.
Mais nous arrivions à la marge du taillis.
« Allons, camarades, au pas de course !… » cria George Merry.
Et ceux qui nous précédaient de s’élancer ensemble.
Ils n’avaient pas fait dix pas, que soudain nous les vîmes s’arrêter. Un cri
contenu s’échappa de leurs lèvres. Silver bondissait derrière eux en frappant
le sol, comme un forcené, de sa béquille. Et nous aussi nous fîmes halte.
À nos pieds s’ouvrait une large excavation, déjà un peu ancienne, car
l’herbe repoussait dans le fond et sur les côtés. On y voyait le manche d’une
bêche et les débris de plusieurs caisses. Une des planches portait en grosses
lettres creusées au fer rouge le nom du Walrus, le vaisseau de Flint.
C’est clair comme le jour : nous arrivions trop tard ! La cachette avait été
découverte et vidée. Les sept cent mille livres n’y étaient plus.
XXXII La voix dans les arbres(8)
Sous le poids de ces alarmes, il m’était malaisé de me maintenir au pas
de ces avides chercheurs d’or ; à tout instant je trébuchais, et c’est alors
que Silver tirait si rudement sur la corde et m’adressait ces regards terribles.
Dick venait le dernier, accablé par la fièvre et se traînant à peine. Sa vue
même ajoutait à mon malaise, et, pour comble, j’étais hanté par la pensée
de la tragédie qui s’était jadis passée sur ce plateau, quand ce hideux pirate
à la face bleue, celui qui était mort à Savannah en hurlant pour demander
à boire, avait de sa propre main immolé ses six complices. Ce bosquet, si
paisible aujourd’hui, avait donc retenti des cris de détresse !… Rien qu’en
y pensant, je croyais les entendre encore.
Mais nous arrivions à la marge du taillis.
« Allons, camarades, au pas de course !… » cria George Merry.
Et ceux qui nous précédaient de s’élancer ensemble.
Ils n’avaient pas fait dix pas, que soudain nous les vîmes s’arrêter. Un cri
contenu s’échappa de leurs lèvres. Silver bondissait derrière eux en frappant
le sol, comme un forcené, de sa béquille. Et nous aussi nous fîmes halte.
À nos pieds s’ouvrait une large excavation, déjà un peu ancienne, car
l’herbe repoussait dans le fond et sur les côtés. On y voyait le manche d’une
bêche et les débris de plusieurs caisses. Une des planches portait en grosses
lettres creusées au fer rouge le nom du Walrus, le vaisseau de Flint.
C’est clair comme le jour : nous arrivions trop tard ! La cachette avait été
découverte et vidée. Les sept cent mille livres n’y étaient plus.