【法语版】L'île au trésor XXXIV (2)
XXXIV Conclusion(2)
Ce dur travail dura plusieurs jours. Chaque soir nous avions charrié
une fortune à bord, et une autre fortune nous attendait le lendemain. Et
pendant tout ce temps les trois rebelles survivants n’avaient pas donné signe
d’existence.
Enfin, un soir que le docteur se promenait avec moi sur le versant de la
colline qui domine les basses terres de l’île, le vent nous apporta du basfond plongé
dans les ténèbres au-dessous de nous comme un chant ou un
cri. Puis tout retomba dans le silence.
« Ce sont ces malheureux ! dit le docteur. Que le ciel leur pardonne !…
– Ils sont ivres, » dit Silver derrière nous.
Silver, j’ai oublié de le dire, jouissait de la plus entière liberté ; en
dépit des rebuffades quotidiennes du squire et du capitaine, il semblait se
considérer plus que jamais comme un serviteur fidèle et privilégié. En vérité,
je ne pouvais m’empêcher d’admirer parfois la patience inaltérable avec
laquelle il supportait ces coups de boutoir, et la politesse invariable qu’il
mettait à se rendre utile ou agréable à tout le monde. Il n’arrivait pourtant
qu’à se faire traiter comme un chien, si ce n’est peut-être par Benn Gunn,
qui avait encore une peur bleue de son ancien quartier-maître, et par moi,
qui lui devais assurément quelque chose, quoique, à vrai dire, j’eusse aussi
le droit de penser de lui pis que les autres, l’ayant vu sur le plateau en train
de ruminer une nouvelle trahison. Ce fut donc assez rudement que le docteur
lui répliqua :
« – Ivres ou délirants de fièvre.
– Vous avez raison, Monsieur, dit Silver ; mais, après tout, peu importe
que ce soit l’un ou l’autre.
XXXIV Conclusion(2)
Ce dur travail dura plusieurs jours. Chaque soir nous avions charrié
une fortune à bord, et une autre fortune nous attendait le lendemain. Et
pendant tout ce temps les trois rebelles survivants n’avaient pas donné signe
d’existence.
Enfin, un soir que le docteur se promenait avec moi sur le versant de la
colline qui domine les basses terres de l’île, le vent nous apporta du basfond plongé
dans les ténèbres au-dessous de nous comme un chant ou un
cri. Puis tout retomba dans le silence.
« Ce sont ces malheureux ! dit le docteur. Que le ciel leur pardonne !…
– Ils sont ivres, » dit Silver derrière nous.
Silver, j’ai oublié de le dire, jouissait de la plus entière liberté ; en
dépit des rebuffades quotidiennes du squire et du capitaine, il semblait se
considérer plus que jamais comme un serviteur fidèle et privilégié. En vérité,
je ne pouvais m’empêcher d’admirer parfois la patience inaltérable avec
laquelle il supportait ces coups de boutoir, et la politesse invariable qu’il
mettait à se rendre utile ou agréable à tout le monde. Il n’arrivait pourtant
qu’à se faire traiter comme un chien, si ce n’est peut-être par Benn Gunn,
qui avait encore une peur bleue de son ancien quartier-maître, et par moi,
qui lui devais assurément quelque chose, quoique, à vrai dire, j’eusse aussi
le droit de penser de lui pis que les autres, l’ayant vu sur le plateau en train
de ruminer une nouvelle trahison. Ce fut donc assez rudement que le docteur
lui répliqua :
« – Ivres ou délirants de fièvre.
– Vous avez raison, Monsieur, dit Silver ; mais, après tout, peu importe
que ce soit l’un ou l’autre.