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【法国文学】卡门Carmen --Prosper Mérimée III (13)
日期:2021-09-12 11:48  点击:252

【法国文学】卡门Carmen --Prosper Mérimée III (13)


Carmen lui dit quelques mots en rommani. La vieille grogna d’abord. Pour
l’apaiser, Carmen lui donna deux oranges et une poignée de bonbons, et lui
permit de goûter au vin. Puis elle lui mit sa mante sur le dos et la conduisit à
la porte qu’elle ferma avec la barre de bois. Dès que nous fûmes seuls, elle
se mit à danser et à rire comme une folle, en chantant : – Tu es mon rom,
je suis ta romi. – Moi, j’étais au milieu de la chambre, chargé de toutes ses
emplettes, ne sachant où les poser. Elle jeta tout par terre, et me sauta au cou,
en me disant : – Je paie mes dettes, je paie mes dettes ! c’est la loi des Calés !
– Ah ! Monsieur, cette journée-là ! cette journée-là !... quand j’y pense,
j’oublie celle de demain.
Le bandit se tut un instant ; puis, après avoir rallumé son cigare, il reprit :
Nous passâmes ensemble toute la journée, mangeant, buvant, et le reste.
Quand elle eut mangé des bonbons comme un enfant de six ans, elle en fourra
des poignées dans la jarre d’eau de la vieille. – C’est pour lui faire du sorbet,
disait-elle. Elle écrasait des yemas en les lançant contre la muraille. – C’est
pour que les mouches nous laissent tranquilles, disait-elle... Il n’y a pas de
tour ni de bêtise qu’elle ne fît. Je lui dis que je voudrais la voir danser ; mais
où trouver des castagnettes ? Aussitôt elle prend la seule assiette de la vieille,
la casse en morceaux, et la voilà qui danse la romalis en faisant claquer les
morceaux de faïence aussi bien que si elle avait eu des castagnettes d’ébène
ou d’ivoire. On ne s’ennuyait pas auprès de cette fille-là, je vous en réponds.
Le soir vint, et j’entendis les tambours qui battaient la retraite.
– Il faut que j’aille au quartier pour l’appel, lui dis-je.

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