【法国文学】卡门Carmen --Prosper Mérimée IV (6)
La plupart des orientalistes qui ont étudié la langue des Bohémiens,
croient qu’ils sont originaires de l’Inde. En effet, il paraît qu’un grand
nombre de racines et beaucoup de formes grammaticales du rommani se
retrouvent dans des idiomes dérivés du sanscrit. On conçoit que dans
leurs longues pérégrinations, les Bohémiens ont adopté beaucoup de mots
étrangers. Dans tous les dialectes du rommani, on retrouve quantité de
mots grecs. Par exemple : cocal os de χόχχαλον ; petalli, fer de cheval,
de πέταλον ; cafi, clou, de χαρφί, etc. Aujourd’hui, les Bohémiens ont
presque autant de dialectes différents qu’il existe de hordes de leur race
séparées les unes des autres. Partout ils parlent la langue du pays qu’ils
habitent plus facilement que leur propre idiome, dont ils ne font guère
usage que pour pouvoir s’entretenir librement devant des étrangers. Si
l’on compare le dialecte des Bohémiens de l’Allemagne avec celui des
Espagnols, sans communication avec les premiers depuis des siècles, on
reconnaît une très grande quantité de mots communs ; mais la langue
originale, partout, quoiqu’à différents degrés, s’est notablement altérée par
le contact des langues plus cultivées, dont ces nomades ont été contraints
de faire usage. L’allemand, d’un côté, l’espagnol, de l’autre, ont tellement
modifié le fond du rommani, qu’il serait impossible à un Bohémien de la
Forêt-Noire de converser avec un de ses frères andalous, bien qu’il leur suffît
d’échanger quelques phrases pour reconnaître qu’ils parlent tous les deux
un dialecte dérivé du même idiome. Quelques mots d’un usage très fréquent
sont communs, je crois, à tous les dialectes ; ainsi, dans tous les vocabulaires
que j’ai pu voir : pani veut dire de l’eau, manro, du pain, mâs, de la viande,
lon, du sel.
La plupart des orientalistes qui ont étudié la langue des Bohémiens,
croient qu’ils sont originaires de l’Inde. En effet, il paraît qu’un grand
nombre de racines et beaucoup de formes grammaticales du rommani se
retrouvent dans des idiomes dérivés du sanscrit. On conçoit que dans
leurs longues pérégrinations, les Bohémiens ont adopté beaucoup de mots
étrangers. Dans tous les dialectes du rommani, on retrouve quantité de
mots grecs. Par exemple : cocal os de χόχχαλον ; petalli, fer de cheval,
de πέταλον ; cafi, clou, de χαρφί, etc. Aujourd’hui, les Bohémiens ont
presque autant de dialectes différents qu’il existe de hordes de leur race
séparées les unes des autres. Partout ils parlent la langue du pays qu’ils
habitent plus facilement que leur propre idiome, dont ils ne font guère
usage que pour pouvoir s’entretenir librement devant des étrangers. Si
l’on compare le dialecte des Bohémiens de l’Allemagne avec celui des
Espagnols, sans communication avec les premiers depuis des siècles, on
reconnaît une très grande quantité de mots communs ; mais la langue
originale, partout, quoiqu’à différents degrés, s’est notablement altérée par
le contact des langues plus cultivées, dont ces nomades ont été contraints
de faire usage. L’allemand, d’un côté, l’espagnol, de l’autre, ont tellement
modifié le fond du rommani, qu’il serait impossible à un Bohémien de la
Forêt-Noire de converser avec un de ses frères andalous, bien qu’il leur suffît
d’échanger quelques phrases pour reconnaître qu’ils parlent tous les deux
un dialecte dérivé du même idiome. Quelques mots d’un usage très fréquent
sont communs, je crois, à tous les dialectes ; ainsi, dans tous les vocabulaires
que j’ai pu voir : pani veut dire de l’eau, manro, du pain, mâs, de la viande,
lon, du sel.