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【Emile Zola】Le Ventre de Paris I (18)
日期:2021-10-30 14:58  点击:297


【Emile Zola】Le Ventre de Paris   I (18)


Elle  paya,  elle  emporta  les  deux  paniers  dans  le  pavillon  aux  fruits
qu’on  venait  d’ouvrir.  Les  Halles  gardaient  leur  légèreté  noire,  avec  les
mille  raies  de  flamme  des  persiennes  ;  sous  les  grandes  rues  couvertes,
du  monde  passait,  tandis  que  les  pavillons,  au  loin,  restaient  déserts,  au
milieu  du  grouillement  grandissant  de  leurs  trottoirs.  À  la  pointe  Saint-
Eustache, les boulangers et les marchands de vins ôtaient leurs volets ; les
boutiques rouges, avec leurs becs de gaz allumés, trouaient les ténèbres, le
long des maisons grises. Florent regardait une boulangerie, rue Montorgueil,
à gauche, toute pleine et toute dorée de la dernière cuisson, et il croyait sentir
la bonne odeur du pain chaud. Il était quatre heures et demie.
Cependant,  madame  François  s’était  débarrassée  de  sa  marchandise.  Il
lui restait quelques bottes de carottes, quand Lacaille reparut, avec son sac.
– Eh bien, ça va-t-il à un sou ? dit-il.
–  J’étais  bien  sûre  de  vous  revoir,  vous,  répondit  tranquillement  la
maraîchère. Voyons, prenez mon reste. Il y a dix-sept bottes.
– Ça fait dix-sept sous.
– Non, trente-quatre.
Ils tombèrent d’accord à vingt-cinq. Madame François était pressée de
s’en aller. Lorsque Lacaille se fut éloigné, avec ses carottes dans son sac :
– Voyez-vous, il me guettait, dit-elle à Florent. Ce vieux-là râle sur tout le
marché ; il attend quelquefois le dernier coup de cloche, pour acheter quatre
sous de marchandise... Ah ! ces Parisiens ! ça se chamaille pour deux liards,
et ça va boire le fond de sa bourse chez le marchand de vin.

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