【Emile Zola】Le Ventre de Paris I (58)
L’autre leva la tête, examina d’un air surpris cette longue figure noire
qu’il ne reconnaissait pas. Puis, tout d’un coup :
– Vous ! vous ! s’écria-t-il au comble de la stupéfaction. Comment, c’est
vous !
Il manqua laisser tomber ses oies grasses. Il ne se calmait pas. Mais, ayant
aperçu sa belle-sœur et mademoiselle Saget, qui assistaient curieusement de
loin à leur rencontre, il se remit à marcher, en disant :
– Ne restons pas là, venez... Il y a des yeux et des langues de trop.
Et, sous la rue couverte, ils causèrent. Florent raconta qu’il était allé rue
Pirouette. Gavard trouva cela très drôle ; il rit beaucoup, il lui apprit que
son frère Quenu avait déménagé et rouvert sa charcuterie à deux pas, rue
Rambuteau, en face des Halles. Ce qui l’amusa encore prodigieusement, ce
fut d’entendre que Florent s’était promené tout le matin avec Claude Lantier,
un drôle de corps, qui était justement le neveu de madame Quenu. Il allait le
conduire à la charcuterie. Puis, quand il sut qu’il était rentré en France avec
de faux papiers, il prit toutes sortes d’airs mystérieux et graves. Il voulut
marcher devant lui, à cinq pas de distance, pour ne pas éveiller l’attention.
Après avoir passé par le pavillon de la volaille, où il accrocha ses deux oies
à son étalage, il traversa la rue Rambuteau, toujours suivi par Florent. Là,
au milieu de la chaussée, du coin de l’œil, il lui désigna une grande et belle
boutique de charcuterie.
L’autre leva la tête, examina d’un air surpris cette longue figure noire
qu’il ne reconnaissait pas. Puis, tout d’un coup :
– Vous ! vous ! s’écria-t-il au comble de la stupéfaction. Comment, c’est
vous !
Il manqua laisser tomber ses oies grasses. Il ne se calmait pas. Mais, ayant
aperçu sa belle-sœur et mademoiselle Saget, qui assistaient curieusement de
loin à leur rencontre, il se remit à marcher, en disant :
– Ne restons pas là, venez... Il y a des yeux et des langues de trop.
Et, sous la rue couverte, ils causèrent. Florent raconta qu’il était allé rue
Pirouette. Gavard trouva cela très drôle ; il rit beaucoup, il lui apprit que
son frère Quenu avait déménagé et rouvert sa charcuterie à deux pas, rue
Rambuteau, en face des Halles. Ce qui l’amusa encore prodigieusement, ce
fut d’entendre que Florent s’était promené tout le matin avec Claude Lantier,
un drôle de corps, qui était justement le neveu de madame Quenu. Il allait le
conduire à la charcuterie. Puis, quand il sut qu’il était rentré en France avec
de faux papiers, il prit toutes sortes d’airs mystérieux et graves. Il voulut
marcher devant lui, à cinq pas de distance, pour ne pas éveiller l’attention.
Après avoir passé par le pavillon de la volaille, où il accrocha ses deux oies
à son étalage, il traversa la rue Rambuteau, toujours suivi par Florent. Là,
au milieu de la chaussée, du coin de l’œil, il lui désigna une grande et belle
boutique de charcuterie.