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【Emile Zola】Le Ventre de Paris II (31)
日期:2021-11-07 22:54  点击:265

À  l’heure  du  coucher,  il  montait,  un  peu  las  de  sa  journée  vide,  avec
les deux garçons de la charcuterie, qui occupaient des mansardes voisines
de la sienne. L’apprenti, Léon n’avait guère plus de quinze ans ; c’était un
enfant, mince, l’air très doux, qui volait les entames de jambon et les bouts de
saucissons oubliés ; il les cachait sous son oreiller, les mangeait, la nuit, sans
pain.  Plusieurs  fois,  Florent  crut  comprendre  que  Léon  donnait  à  souper,
vers  une  heure  du  matin  ;  des  voix  contenues  chuchotaient,  puis  venaient
des  bruits  de  mâchoires,  des  froissements  de  papier,  et  il  y  avait  un  rire
perlé, un rire de gamine qui ressemblait à un trille adouci de flageolet, dans
le grand silence de la maison endormie. L’autre garçon, Auguste Landois,
était de Troyes ; gras d’une mauvaise graisse, la tête trop grosse, et chauve
déjà,  il  n’avait  que  vingt-huit  ans.  Le  premier  soir,  en  montant,  il  conta
son  histoire  à  Florent,  d’une  façon  longue  et  confuse.  Il  n’était  d’abord
venu à Paris que pour se perfectionner et retourner ouvrir une charcuterie à
Troyes, où sa cousine germaine, Augustine Landois, l’attendait. Ils avaient
eu le même parrain, ils portaient le même prénom. Puis l’ambition le prit, il
rêva de s’établir à Paris avec l’héritage de sa mère qu’il avait déposé chez
un  notaire,  avant  de  quitter  la  Champagne.  Là,  comme  ils  étaient  arrivés
au  cinquième,  Auguste  retint  Florent,  en  lui  disant  beaucoup  de  bien  de
madame Quenu.


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