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【Emile Zola】Le Ventre de Paris II (35)
日期:2021-11-07 22:56  点击:254

【Emile Zola】Le Ventre de Paris II (35)


L’attitude  de  Gavard  devant  Florent  était  pleine  d’une  joie  défendue.
Il le couvait avec des clignements d’yeux, lui parlait bas pour lui dire les
choses les plus simples du monde, mettait dans ses poignées de main des
confidences  maçonniques.  Enfin,  il  avait  donc  rencontré  une  aventure  ;  il
tenait  un  camarade  réellement  compromis  ;  il  pouvait,  sans  trop  mentir,
parler des dangers qu’il courait. Il éprouvait certainement une peur inavouée,
en  face  de  ce  garçon  qui  revenait  du  bagne,  et  dont  la  maigreur  disait  les
longues  souffrances  ;  mais  cette  peur  délicieuse  le  grandissait  lui-même,
lui  persuadait  qu’il  faisait  un  acte  très  étonnant,  en  accueillant  en  ami  un
homme des plus dangereux. Florent devint sacré ; il ne jura que par Florent ;
il  nommait  Florent,  quand  les  arguments  lui  manquaient,  et  qu’il  voulait
écraser le gouvernement une fois pour toutes.
Gavard  avait  perdu  sa  femme,  rue  Saint-Jacques,  quelques  mois  après
le  coup  d’État.  Il  garda  la  rôtisserie  jusqu’en  1856.  À  cette  époque,  le
bruit  courut  qu’il  avait  gagné  des  sommes  considérables  en  s’associant
avec  un  épicier  son  voisin,  chargé  d’une  fourniture  de  légumes  secs  pour
l’armée d’Orient. La vérité fut qu’après avoir vendu la rôtisserie, il vécut
de  ses  rentes  pendant  un  an.  Mais  il  n’aimait  pas  parler  de  l’origine
de  sa  fortune  ;  cela  le  gênait,  l’empêchait  de  dire  tout  net  son  opinion
sur  la  guerre  de  Crimée,  qu’il  traitait  d’expédition  aventureuse,  «  faite
uniquement pour consolider le trône et emplir certaines poches. » Au bout
d’un  an,  il  s’ennuya  mortellement  dans  son  logement  de  garçon.


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