【Emile Zola】Le Ventre de Paris III (40)
– Madame Taboureau n’en veut pas. Elle dit qu’elle ne peut pas la servir.
Et elle m’a dit encore que j’étais une imbécile, que je me laissais voler par
tout le monde… Vous voyez bien qu’elle est abîmée. Moi, je ne l’ai pas
retournée, j’ai eu confiance… Rendez-moi mes dix francs.
– On regarde la marchandise, répondit tranquillement la belle Normande.
Et, comme l’autre haussait la voix, la mère Méhudin se leva.
– Vous allez nous ficher la paix, n’est-ce pas ? On ne reprend pas un
poisson qui a traîné chez les gens. Est-ce qu’on sait où vous l’avez laissé
tomber, pour le mettre dans cet état ?
Moi ! moi !
– Moi ! moi !
Elle suffoquait. Puis, éclatant en sanglots :
– Vous êtes deux voleuses, oui, deux voleuses ! Madame Taboureau me
l’a bien dit.
Alors, ce fut formidable. La mère et la fille, furibondes, les poings en
avant, se soulagèrent. La petite bonne, ahurie, prise entre cette voix rauque et
cette voix flûtée, qui se la renvoyaient comme une balle, sanglotait plus fort.
– Madame Taboureau n’en veut pas. Elle dit qu’elle ne peut pas la servir.
Et elle m’a dit encore que j’étais une imbécile, que je me laissais voler par
tout le monde… Vous voyez bien qu’elle est abîmée. Moi, je ne l’ai pas
retournée, j’ai eu confiance… Rendez-moi mes dix francs.
– On regarde la marchandise, répondit tranquillement la belle Normande.
Et, comme l’autre haussait la voix, la mère Méhudin se leva.
– Vous allez nous ficher la paix, n’est-ce pas ? On ne reprend pas un
poisson qui a traîné chez les gens. Est-ce qu’on sait où vous l’avez laissé
tomber, pour le mettre dans cet état ?
Moi ! moi !
– Moi ! moi !
Elle suffoquait. Puis, éclatant en sanglots :
– Vous êtes deux voleuses, oui, deux voleuses ! Madame Taboureau me
l’a bien dit.
Alors, ce fut formidable. La mère et la fille, furibondes, les poings en
avant, se soulagèrent. La petite bonne, ahurie, prise entre cette voix rauque et
cette voix flûtée, qui se la renvoyaient comme une balle, sanglotait plus fort.