【Emile Zola】Le Ventre de Paris III (42)
Et, comme on huait derrière lui, il se retourna d’un air si menaçant,
que les poissonnières domptées firent les innocentes. Quand les Méhudin
eurent rendu les dix francs, il les obligea à cesser la vente immédiatement.
La vieille étouffait de rage. La fille restait muette, toute blanche. Elle, la
belle Normande, chassée de son banc ! Claire dit de sa voix tranquille
que c’était bien fait, ce qui faillit, le soir, faire prendre les deux sœurs
aux cheveux, chez elles, rue Pirouette. Au bout des huit jours, quand les
Méhudin revinrent, elles restèrent sages, très pincées, très brèves, avec une
colère froide. D’ailleurs, elles retrouvèrent le pavillon calmé, rentré dans
l’ordre. La belle Normande, à partir de ce jour, dut nourrir une pensée de
vengeance terrible. Elle sentait que le coup venait de la belle Lisa ; elle
l’avait rencontrée, le lendemain de la bataille, la tête si haute, qu’elle jurait
de lui faire payer cher son regard de triomphe. Il y eut, dans les coins des
Halles, d’interminables conciliabules avec mademoiselle Saget, madame
Lecœur et la Sarriette ; mais, quand elles étaient lasses d’histoires à dormir
debout sur les dévergondages de Lisa avec le cousin et sur les cheveux qu’on
trouvait dans les andouilles de Quenu, cela ne pouvait aller plus loin, ni ne la
soulageait guère. Elle cherchait quelque chose de très méchant, qui frappât
sa rivale au cœur.
Et, comme on huait derrière lui, il se retourna d’un air si menaçant,
que les poissonnières domptées firent les innocentes. Quand les Méhudin
eurent rendu les dix francs, il les obligea à cesser la vente immédiatement.
La vieille étouffait de rage. La fille restait muette, toute blanche. Elle, la
belle Normande, chassée de son banc ! Claire dit de sa voix tranquille
que c’était bien fait, ce qui faillit, le soir, faire prendre les deux sœurs
aux cheveux, chez elles, rue Pirouette. Au bout des huit jours, quand les
Méhudin revinrent, elles restèrent sages, très pincées, très brèves, avec une
colère froide. D’ailleurs, elles retrouvèrent le pavillon calmé, rentré dans
l’ordre. La belle Normande, à partir de ce jour, dut nourrir une pensée de
vengeance terrible. Elle sentait que le coup venait de la belle Lisa ; elle
l’avait rencontrée, le lendemain de la bataille, la tête si haute, qu’elle jurait
de lui faire payer cher son regard de triomphe. Il y eut, dans les coins des
Halles, d’interminables conciliabules avec mademoiselle Saget, madame
Lecœur et la Sarriette ; mais, quand elles étaient lasses d’histoires à dormir
debout sur les dévergondages de Lisa avec le cousin et sur les cheveux qu’on
trouvait dans les andouilles de Quenu, cela ne pouvait aller plus loin, ni ne la
soulageait guère. Elle cherchait quelque chose de très méchant, qui frappât
sa rivale au cœur.