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【Emile Zola】Le Ventre de Paris III (51)
日期:2021-11-29 22:27  点击:322


【Emile Zola】Le Ventre de Paris III (51)

Les premiers mois, il ne souffrit pas trop de cette odeur pénétrante.
L’hiver était rude ; le verglas changeait les allées en miroirs, les glaçons
mettaient des guipures blanches aux tables de marbre et aux fontaines. Le
matin, il fallait allumer de petits réchauds sous les robinets pour obtenir
un filet d’eau. Les poissons, gelés, la queue tordue, ternes et rudes comme
des métaux dépolis, sonnaient avec un bruit cassant de fonte pâle. Jusqu’en
février, le pavillon resta lamentable, hérissé, désolé, dans son linceul de
glace. Mais vinrent les dégels, les temps mous, les brouillards et les pluies
de mars. Alors, les poissons s’amollirent, se noyèrent ; des senteurs de
chairs tournées se mêlèrent aux souffles fades de boue qui venaient des rues
voisines. Puanteur vague encore, douceur écœurante d’humidité, traînant au
ras du sol. Puis dans les après-midi ardentes de juin, la puanteur monta,
alourdit l’air d’une buée pestilentielle. On ouvrait les fenêtres supérieures,
de grands stores de toile grise pendaient sous le ciel brûlant, une pluie de feu
tombait sur les Halles, les chauffait comme un four de tôle ; et pas un vent
ne balayait cette vapeur de marée pourrie. Les bancs de vente fumaient.
Florent souffrit alors de cet entassement de nourriture, au milieu duquel
il vivait. Les dégoûts de la charcuterie lui revinrent, plus intolérables. Il
avait supporté des puanteurs aussi terribles ; mais elles ne venaient pas du
ventre. Son estomac étroit d’homme maigre se révoltait, en passant devant
ces étalages de poissons mouillés à grande eau, qu’un coup de chaleur gâtait.

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