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【Emile Zola】Le Ventre de Paris IV (105)
日期:2021-12-31 22:53  点击:321

【Emile Zola】Le Ventre de Paris IV (105)


Et elle arriva rue au Lard, où elle demeurait, avec un enfant de chaque
main. Marjolin s’oublia chez la mère Chantemesse. Quand ils faisaient
par trop de tapage, elle leur allongeait quelques taloches, heureuse de
pouvoir crier, de se fâcher, de les débarbouiller, de les fourrer sous la même
couverture. Elle leur avait installé un petit lit, dans une vieille voiture de
marchand des quatre saisons, dont les roues et les brancards manquaient.
C’était comme un large berceau, un peu dur, encore tout odorant des légumes
qu’elle y avait longtemps tenus frais sous des linges mouillés. Cadine et
Marjolin dormirent là, à quatre ans, aux bras l’un de l’autre.
Alors, ils grandirent ensemble, on les vit toujours les mains à la taille.
La nuit, la mère Chantemesse les entendait qui bavardaient doucement. La
voix flûtée de Cadine, pendant des heures, racontait des choses sans fin, que
Marjolin écoutait avec des étonnements plus sourds. Elle était très méchante,
elle inventait des histoires pour lui faire peur, lui disait que, l’autre nuit,
elle avait vu un homme tout blanc, au pied de leur lit, qui les regardait,
en tirant une grande langue rouge. Marjolin suait d’angoisse, lui demandait
des détails ; et elle se moquait de lui, elle finissait par l’appeler « grosse
bête. » D’autres fois, ils n’étaient pas sages, ils se donnaient des coups de
pieds, sous les couvertures ; Cadine repliait les jambes, étouffait ses rires,
quand Marjolin, de toutes ses forces, la manquait et allait taper dans le
mur. Il fallait, ces fois-là, que la mère Chantemesse se levât pour border les
couvertures ; elle les endormait tous les deux d’une calotte, sur l’oreiller.

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