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《茶花女》第5章
日期:2011-07-24 16:06  点击:566

La dame aux Camélias

    《茶花女》第5章


Chapitre v :

Un assez long temps s' écoula sans que j' entendisseparler d' Armand, mais en revanche il avait souventété question de Marguerite.

  Je ne sais pas si vous l' avez remarqué, il suffitque le nom d' une personne qui paraissait devoirvous rester inconnue ou tout au moins indifférentesoit prononcé une fois devant vous, pour que desdétails viennent peu à peu se grouper autour dece nom, et pour que vous entendiez alors tous vosamis vous parler d' une chose dont ils ne vousavaient jamais entretenu auparavant. Vousdécouvrez alors que cette personne vous touchaitpresque, vous vous apercevez qu' elle a passé biendes fois dans votre vie sans être remarquée ; voustrouvez dans les événements que l' on vous raconteune co?ncidence, une affinité réelles avec certains événements de votrepropre existence. Je n' en étais pas positivement làavec Marguerite, puisque je l' avais vue, rencontrée,et que je la connaissais de visage et d' habitudes ;cependant, depuis cette vente, son nom étaitrevenu si fréquemment à mes oreilles, et dans lacirconstance que j' ai dite au dernier chapitre,ce nom s' était trouvé mêlé à un chagrin si profond,que mon étonnement en avait grandi, en augmentantma curiosité.

  Il en était résulté que je n' abordais plus mesamis auxquels je n' avais jamais parlé de Marguerite,qu' en disant :

  -avez-vous connu une nommée Marguerite Gautier ?

  -la dame aux camélias ?

  -justement.

  -beaucoup !

  Ces : beaucoup ! étaient quelquefois accompagnésde sourires incapables de laisser aucun doute surleur signification.

  -eh bien, qu' est-ce que c' était que cettefille-là ? Continuais-je.

  -une bonne fille.

  -voilà tout ?

  -mon dieu ! Oui, plus d' esprit et peut-être unpeu plus de coeur que les autres.

  -et vous ne savez rien de particulier sur elle ?-elle a ruiné le baron de G...

  -seulement ?

  -elle a été la maîtresse du vieux duc de...

  -était-elle bien sa maîtresse ?

  -on le dit : en tous cas, il lui donnait beaucoupd' argent.

  Toujours les mêmes détails généraux.

  Cependant j' aurais été curieux d' apprendre quelquechose sur la liaison de Marguerite et d' Armand.

  Je rencontrai un jour un de ceux qui viventcontinuellement dans l' intimité des femmes connues.Je le questionnai.

  -avez-vous connu Marguerite Gautier ?

  Le même beaucoup me fut répondu.

  -quelle fille était-ce ?

  -belle et bonne fille. Sa mort m' a fait une grandepeine.

  -n' a-t-elle pas eu un amant nommé Armand Duval ?

  -un grand blond ?

  -oui.

  -c' est vrai.

  -qu' est-ce que c' était que cet Armand ?

  -un garçon qui a mangé avec elle le peu qu' ilavait, je crois, et qui a été forcé de la quitter.On dit qu' il en a été fou.

  -et elle ?

  -elle l' aimait beaucoup aussi, dit-on toujours,mais comme ces filles-là aiment. Il ne faut pas leurdemander plus qu' elles ne peuvent donner.

  -qu' est devenu Armand ?

  -je l' ignore. Nous l' avons très peu connu. Ilest resté cinq ou six mois avec Marguerite, maisà la campagne. Quand elle est revenue, il est parti.

  -et vous ne l' avez pas revu depuis ?

  -jamais.

  Moi non plus je n' avais pas revu Armand. J' enétais arrivé à me demander si, lorsqu' il s' étaitprésenté chez moi, la nouvelle récente de la mortde Marguerite n' avait pas exagéré son amourd' autrefois et par conséquent sa douleur, et je medisais que peut-être il avait déjà oublié avec lamorte la promesse faite de revenir me voir.

  Cette supposition eût été assez vraisemblable àl' égard d' un autre, mais il y avait eu dans ledésespoir d' Armand des accents sincères, et passantd' un extrême à l' autre, je me figurai que lechagrin s' était changé en maladie, et que si jen' avais pas de ses nouvelles, c' est qu' il étaitmalade et peut-être bien mort.

  Je m' intéressais malgré moi à ce jeune homme.Peut-être dans cet intérêt y avait-il de l' égoïsme ;peut-être avais-je entrevu sous cette douleur unetouchante histoire de coeur, peut-être enfin mondésir de la connaître était-il pour beaucoup dansle souci que je prenais du silence d' Armand.Puisque M Duval ne revenait pas chez moi, jerésolus d' aller chez lui. Le prétexte n' était pasdifficile à trouver ; malheureusement je ne savaispas son adresse, et parmi tous ceux que j'avaisquestionnés, personne n' avait pu me la dire.Je me rendis rue d' Antin. Le portier de Margueritesavait peut-être où demeurait Armand. C' étaitun nouveau portier. Il l' ignorait comme moi. Jem' informai alors du cimetière où avait été enterréeMademoiselle Gautier. C' était le cimetièreMontmartre.


 


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