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《茶花女》第13章
日期:2011-08-13 06:47  点击:435

《茶花女》第13章


  -vous êtes venu presque aussi vite que nous,me dit Prudence.
  -oui, répondis-je machinalement. Où est Marguerite ?
  -chez elle.
  -toute seule ?
  -avec M De G...
  je me promenai à grands pas dans le salon.
  -eh bien, qu’avez-vous ?
  -croyez-vous que je trouve drôle d’attendre ici que M De G... sorte de chez Marguerite ?
  -vous n’êtes pas raisonnable non plus. Comprenezdonc que Marguerite ne peut pas mettre le comte à la porte. M De G... a été longtemps avec elle,il lui a toujours donné beaucoup d’argent ; il lui en donneencore. Marguerite dépense plus de cent millefrancs par an ; elle a beaucoup de dettes. Le duc lui envoie ce qu’elle lui demande, mais elle n’osepas toujours lui demander tout ce dont elle abesoin. Il ne faut pas qu’elle se brouille avec le comte qui lui fait une dizaine de mille francs par an au moins. Marguerite vous aime bien, mon cher ami, mais votre liaison avec elle, dans son intérêt et dans le v?tre, ne doit pas être sérieuse.Ce n’est pas avec vos sept ou huit mille francs de pension que vous soutiendrez le luxe de cette fille-là ; ils ne suffiraient pas à l’entretien de sa voiture. Prenez Marguerite pour ce qu’elle est,pour une bonne fille spirituelle et jolie ; soyezson amant pendant un mois, deux mois ; donnez-luides bouquets, des bonbons et des loges ; mais nevous mettez rien de plus en tête, et ne lui faites pas des scènes de jalousie ridicule. Vous savez bien à qui vous avez affaire ; Marguerite n’est pas une vertu. Vous lui plaisez, vous l’aimez bien, ne vous inquiétez pas du reste. Je vous trouve charmant de faire le susceptible ! Vous avez la plus agréable maîtresse de Paris ! Elle vous reçoit dans un appartement magnifique, elle est couverte de diamants, elle ne vous coïtera pas un sou,si vous le voulez, et vous n’êtes pas content. Que diable ! Vous en demandez trop.
  -vous avez raison, mais c’est plus fort que moi,l’idée que cet homme est son amant me fait un mal affreux.
  -d’abord, reprit Prudence, est-il encore sonamant ? C’est un homme dont elle a besoin, voilà tout.
  Depuis deux jours, elle lui fait fermer sa porte ;il est venu ce matin, elle n’a pas pu faire autre ment que d’accepter sa loge et de le laisser       l’accompagner. Il l’a reconduite, il monte un instant chez elle, il n’y reste pas, puisque vous attendez ici. Tout cela est bien naturel, il mesemble.    D’ailleurs vous acceptez bien le duc ?
  -oui, mais celui-là est un vieil lard, et je suis sûr que Marguerite n’est pas sa maîtresse. Puis,on peut souvent accepter une liaison et n’en pas accepter deux. Cette facilité ressemble trop à un calcul et rapproche l’homme qui y consent, même par amour, de ceux qui, un étage plus bas, font un métier de ce consentement et un profit de ce métier.
  -ah ! Mon cher, que vous êtes arriéré ! Combien en ai-je vus, et des plus nobles, des plus élégants,des plus riches, faire ce que je vous conseille et cela, sans efforts, sans honte, sans remords !Mais cela se voit tous les jours. Mais comment voudriez-vous que les femmes entretenues de Parisfissent pour soutenir le train qu’elles mènent, si elles n’avaient pas trois ou quatre amants à la fois ?Il n’y a pas de fortune, si considérable qu’elle soit, qui puisse subvenir seule aux dépenses d’une femme comme Marguerite. Une fortune de cinq cent mille francs de rente est une fortune énorme enFrance ; eh bien, mon cher ami, cinq cent mille francs de rente n’en viendraient pas à bout, et voici pourquoi : un homme qui a un pareil revenua une maison montée, des chevaux, des domestiques,des voitures, des chasses, des amis ; souvent il est marié, il a des enfants, il fait courir, il joue, il voyage, que sais-je,moi ! Toutes ces habitudes sont prises de telle façon qu’il ne peut s’en défaire sans passer pour être ruiné et sans faire scandale. Tout compte fait,avec cinq cent mille francs par an, il ne peut pas donner à une femme plus de quarante ou cinquantelle francs dans l’année, et encore c’est beaucoup. Eh bien, d’autres amours complètent la dépense annuelle de la femme. Avec Marguerite,c’est encore plus commode ; elle est tombée par un miracle du ciel sur un vieil lard riche à dix millions, dont la femme et la fille sont mortes,qui n’a plus que des neveux riches eux-mêmes,qui lui donne tout ce qu’elle veut sans rien lui demander en échange ; mais elle ne peut pas lui demander plus de soixante-dix mille francs par an,et je suis sûre que si elle lui en demandait davantage, malgré sa fortune et l’affection qu’ila pour elle, il le lui refuserait.
 


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