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【法语阅读——驴皮记】La peau de chagrin(1.18)
日期:2012-08-25 17:47  点击:415


【法语阅读——驴皮记】La peau de chagrin(1.18)  

La partie I. Le Talisman
第一部分 灵符

      Les merveilles dont l'aspect venait de présenter au jeune homme toute la création connue mirent dans son âme l'abattement que produit chez le philosophe la vue scientifique des créations inconnues, il souhaita plus vivement que jamais de mourir, et tomba sur une chaise curule en laissant errer ses regards à travers les fantasmagories de ce panorama du passé. Les tableaux s'illuminèrent, les têtes de vierge lui sourirent, et les statues se colorèrent d'une vie trompeuse. A la faveur de l'ombre, et mises en danse par la fiévreuse tourmente qui fermentait dans son cerveau brisé, ces oeuvres s'agitèrent et tourbillonnèrent devant lui ; chaque magot lui jeta sa grimace, les paupières des personnages représentés dans les tableaux s'abaissèrent sur leurs yeux pour les rafraîchir. Chacune de ces formes frémit, sautilla, se détacha de sa place gravement, légèrement, avec grâce ou brusquerie, selon ses moeurs, son caractère et sa contexture. Ce fut un mystérieux sabbat digne des fantaisies entrevues par le docteur Faust sur le Brocken. Mais ces phénomènes d'optique enfantés par la fatigue, par la tension des forces oculaires ou par les caprices du crépuscule, ne pouvaient effrayer l'inconnu. Les terreurs de la vie étaient impuissantes sur une âme familiarisée avec les terreurs de la mort. Il favorisa même par une sorte de complicité railleuse les bizarreries de ce galvanisme moral dont les prodiges s'accouplaient aux dernières pensées qui lui donnaient encore le sentiment de l'existence. Le silence régnait si profondément autour de lui, que bientôt il s'aventura dans une douce rêverie dont les impressions graduellement noires suivirent, de nuance en nuance et comme par magie, les lentes dégradations de la lumière. Une lueur en quittant le ciel fit reluire un dernier reflet rouge en luttant contre la nuit, il leva la tête, vit un squelette à peine éclairé qui pencha dubitativement son crâne de droite à gauche, comme pour lui dire : Les morts ne veulent pas encore de toi ! En passant la main sur son front pour en chasser le sommeil, le jeune homme sentit distinctement un vent frais produit par je ne sais quoi de velu qui lui effleura les joues, et il frissonna. Les vitres ayant retenti d'un claquement sourd, il pensa que cette froide caresse digne des mystères de la tombe venait de quelque chauve-souris. Pendant un moment encore, les vagues reflets du couchant lui permirent d'apercevoir indistinctement les fantômes par lesquels il était entouré ; puis toute cette nature morte s'abolit dans une même teinte noire. La nuit, l'heure de mourir était subitement venue. Il s'écoula, dès ce moment, un certain laps de temps pendant lequel il n'eut aucune perception claire des choses terrestres, soit qu'il se fût enseveli dans une rêverie profonde, soit qu'il eût cédé à la somnolence provoquée par ses fatigues et par la multitude des pensées qui lui déchiraient le coeur. Tout à coup il crut avoir été appelé par une voix terrible, et il tressaillit comme lorsqu'au milieu d'un brûlant cauchemar nous sommes précipités d'un seul bond dans les profondeurs d'un abîme. Il ferma les yeux, les rayons d'une vive lumière l'éblouissaient ; il voyait briller au sein des ténèbres une sphère rougeâtre dont le centre était occupé par un petit vieillard qui se tenait debout et dirigeait sur lui la clarté d'une lampe. Il ne l'avait entendu ni venir, ni parler, ni se mouvoir. Cette apparition eut quelque chose de magique. L'homme le plus intrépide, surpris ainsi dans son sommeil, aurait sans doute tremblé devant ce personnage qui semblait être sorti d'un sarcophage voisin. La singulière jeunesse qui animait les yeux immobiles de cette espèce de fantôme empêchait l'inconnu de croire à des effets surnaturels ; néanmoins, pendant le rapide intervalle qui sépara sa vie somnambulique de sa vie réelle, il demeura dans le doute philosophique recommandé par Descartes, et fut alors, malgré lui, sous la puissance de ces inexplicables hallucinations dont les mystères sont condamnés par notre fierté ou que notre science impuissante tâche en vain d'analyser.

    青年人刚才所看到的一切已知的人类创造的奇迹,在心灵里所引起的情绪波动,正象哲学家用科学眼光去看一切未知的创造时所产生的颓丧心情;现在他比任何时候都更爇烈希望死去,他颓然坐在一张古罗马大官坐的象牙椅上,一任自己的眼睛象看幻灯那样浏览过去的全景。各种图画发出光辉,各个圣母的头像向他微笑,各个雕像呈现出虚假的生命色彩。由于极度的苦恼把他的头脑搅得疲惫不堪,加上陰影的作用,使他所见到的一切都在跳舞,这些艺术品都活动了,都在他面前旋转;每个大肚子瓷人都在向他做鬼脸,图画上人物的眼睛都合上了,象在闭目养神。所有这些形象都在战栗,都在雀跃,都依照它们的习惯、性格和构造,严肃地或轻佻地,温雅地或粗暴地离开了它们原来的位置。这是一个神秘的群巫晚会,那荒唐怪诞的场面,堪与浮士德博士当年在布罗肯①所见到的情景媲美。但是,这些由于疲倦、目力的紧张或黄昏时分光线的变幻而产生的视觉怪现象,并未使这陌生人骇怕。各种人生的恐怖,对一个已习惯于死亡恐怖的人,是不起作用的。他反而以开玩笑的同谋态度鼓励这种因津神受刺激产生的奇怪现象,这些奇事与他新近的思想正好吻合,也正是这种思想使他感到自己还活着。无边的沉寂笼罩在他周围,使他不久便沉入温柔的梦境,梦中印象随着光线色调的缓缓演变,一个接一个地逐渐变黑了,象受着魔法的驱使似的。一线从天空掉落的亮光,在大地上和黑夜作挣扎,映照出最后一缕红霞;他抬头看见一具骷髅,在微光中疑惑地把头从右面向左边一歪,似乎在说:“死者目前还不想要你哩!”当这青年人用手往额上一抹,想把睡魔驱走时,他清楚地感觉到不知从什么毛茸茸的东西那里掀起一阵凉风拂在他的面上,不禁打了一个寒噤。玻璃窗上卜的发出一声钝重的音响,他想这阵拂面的凉风,倒真象墓地里蝙蝠飞翔扇起的神秘的陰风。当落日的余晖还没有完全消失前,还有点时间让他模糊地看见围绕着他的鬼怪;后来,所有这些静物便都一起沉没在一团漆黑之中。黑夜降临,该赴死的时间骤然到来了。从此刻起,有一段时间,他对人间的一切事物,都没有任何感觉,这也许由于他正沉浸在一个深沉的梦里,或者是由于疲倦和无数痛心的思想,使他陷入迷糊状态。突然间,他觉得有一个可怕的声音在叫唤他,他不禁战栗起来,就象我们在一场恶梦中慌慌忙忙纵身跳进了无底深渊似的。一道强烈的光线把他两眼照得发眩:他看见在黑暗中有一个红色的光团,光团中站着一个老头,而且把灯光朝他照射过来,他把眼睛闭上了,他既没有听到他走近,也没有听见他的说话和动作。这种出现真象是有魔法似的。就算最大胆的人,这样在睡眠中被惊醒,看见这个象是从附近古墓里钻出来的人物,无疑也要发抖的。从这个鬼怪般的人物那双不动的眼睛里射出的奇异的青春的光芒,使这陌生人不可能设想在他面前出现的是什么超自然的奇迹。尽管这样,在把他的梦游生活和他的真实生活分隔开的那一瞬间,他陷在象笛卡儿②所倡导的那种哲学的怀疑里,无可奈何地屈服在这些无法解释的幻觉的势力之下,其中的神秘是我们的骄傲所不能承认或者我们的科学徒然想要加以分析,却又无能为力的。
   
  ①布罗肯,德国阿尔茨群山的最高峰,民间传说中群巫夜聚狂欢的地方,歌德曾在他的诗剧《浮士德》中有所叙述。
  ②笛卡儿(1596—1650),法国哲学家、数学家,他推翻了中世纪的经院派哲学,创建了唯心论的笛卡尔主义。


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