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【法语阅读——驴皮记】La peau de chagrin (2.07)
日期:2012-09-19 15:04  点击:575

La partie II. La Femme sans coeur

第二章 冷酷的女人

【法语阅读——驴皮记】La peau de chagrin  (2.07)


La partie II. La Femme sans coeur  

   J'avoue que je fus près de me jeter à ses pieds, à lui déclarer que j'étais un brigand, un infâme, et... pis que cela, un menteur ! la honte me retint, j'allais l'embrasser, il me repoussa faiblement.
    - " Maintenant, tu es un homme, mon enfant, me dit-il. Ce que je fais est une chose simple et juste dont tu ne dois pas me remercier. Si j'ai droit à votre reconnaissance, Raphaël, reprit-il d'un ton doux mais plein de dignité, c'est pour avoir préservé votre jeunesse des malheurs qui dévorent tous les jeunes gens, à Paris. Désormais, nous serons deux amis. Vous deviendrez, dans un an, docteur en droit. Vous avez, non sans quelques déplaisirs et certaines privations, acquis les connaissances solides et l'amour du travail si nécessaires aux hommes appelés à manier les affaires. Apprenez, Raphaël, à me connaître. je ne veux faire de vous ni un avocat, ni un notaire, mais un homme d'Etat qui puisse devenir la gloire de notre pauvre maison. A demain ! " ajouta-t-il en me renvoyant par un geste mystérieux.
    Dès ce jour, mon père m'initia franchement à ses projets. J'étais fils unique et j'avais perdu ma mère depuis dix ans. Autrefois, peu flatté d'avoir le droit de labourer la terre l'épée au côté, mon père, chef d'une maison historique à peu près oubliée en Auvergne, vint à Paris pour y lutter avec le diable. Doué de cette finesse qui rend les hommes du midi de la France si supérieurs quand elle se trouve accompagnée d'énergie, il était parvenu sans grand appui à prendre position au coeur même du pouvoir. La Révolution renversa bientôt sa fortune ; mais il avait su épouser l'héritière d'une grande maison, et s'était vu sous l'Empire au moment de restituer à notre famille son ancienne splendeur. La Restauration, qui rendit à ma mère des biens considérables, ruina mon père. Ayant jadis acheté plusieurs terres données par l'empereur à ses généraux et situées en pays étranger, il se battait depuis dix ans avec des liquidateurs et des diplomates, avec les tribunaux prussiens et bavarois pour se maintenir dans la possession contestée de ces malheureuses dotations. Mon père me jeta dans le labyrinthe inextricable de ce vaste procès d'où dépendait notre avenir. Nous pouvions être condamnés à restituer les revenus ainsi que le prix de certaines coupes de bois faites de 1814 à 1816 ; dans ce cas, le bien de ma mère suffisait à peine pour sauver l'honneur de notre nom. Ainsi, le jour où mon père parut en quelque sorte m'avoir émancipé, je tombai sous le joug le plus odieux. Je dus combattre comme sur un champ de bataille, travailler nuit et jour, aller voir des hommes d'Etat, tâcher de surprendre leur religion, tenter de les intéresser à notre affaire, les séduire, eux, leurs femmes, leurs valets, leurs chiens, et déguiser cet horrible métier sous des formes élégantes, sous d'agréables plaisanteries. Je compris tous les chagrins dont l'empreinte flétrissait la figure de mon père. Pendant une année environ, je menai donc en apparence la vie d'un homme du monde ; mais cette dissipation et mon empressement à me lier avec des parents en faveur ou avec des gens qui pouvaient nous êtres utiles, cachaient d'immenses travaux. Mes divertissements étaient encore des plaidoiries, et mes conversations des mémoires. Jusque-là, j'avais été vertueux par l'impossibilité de me livrer à mes passions de jeune homme ; mais craignant alors de causer la ruine de mon père ou la mienne par une négligence, je devins mon propre despote, et n'osai me permettre ni un plaisir ni une dépense. Lorsque nous sommes jeunes, quand, à force de froissements, les hommes et les choses ne nous ont point encore enlevé cette délicate fleur de sentiment, cette verdeur de pensée, cette noble pureté de conscience qui ne nous laisse jamais transiger avec le mal, nous sentons vivement nos devoirs ; notre honneur parle haut et se fait écouter ; nous sommes francs et sans détour ainsi étais-je alors. Je voulus justifier la confiance de mon père ; naguère, je lui aurais dérobé délicieusement une chétive somme ; mais portant avec lui le fardeau de ses affaires, de son nom, de sa maison, je lui eusse donné secrètement mes biens, mes espérances, comme je lui sacrifiais mes plaisirs, heureux même de mon sacrifice ! Aussi, quand monsieur de Villèle exhuma, tout exprès pour nous, un décret impérial sur les déchéances, et nous eut ruinés, signai-je la vente de mes propriétés, n'en gardant qu'une île sans valeur, située au milieu de la Loire, et où se trouvait le tombeau de ma mère. Aujourd'hui, peut-être, les arguments, les détours, les discussions philosophiques, philanthropiques et politiques ne me manqueraient pas pour me dispenser de faire ce que mon avoué nommait une bêtise. Mais à vingt et un ans, nous sommes, je le répète, tout générosité, tout chaleur, tout amour. Les larmes que je vis dans les yeux de mon père furent alors pour moi la plus belle des fortunes, et le souvenir de ces larmes a souvent consolé ma misère. Dix mois après avoir payé ses créanciers, mon père mourut de chagrin, il m'adorait et m'avait ruiné ; cette idée le tua. En 1826, à l'âge de vingt-deux ans, vers la fin de l'automne, je suivis tout seul le convoi de mon premier ami, de mon père. Peu de jeunes gens se sont trouvés, seuls avec leurs pensées, derrière un corbillard, perdus dans Paris, sans avenir, sans fortune. Les orphelins recueillis par la charité publique ont au moins pour avenir le champ de bataille, pour père le Gouvernement ou le Procureur du roi, pour refuge un hospice. Moi, je n'avais rien ! Trois mois après, un commissaire-priseur me remit onze cent douze francs, produit net et liquide de la succession paternelle. Des créanciers m'avaient obligé à vendre notre mobilier. Accoutumé dès ma jeunesse à donner une grande valeur aux objets de luxe dont j'étais entouré, je ne pus m'empêcher de marquer une sorte d'étonnement à l'aspect de ce reliquat exigu.

  “我告诉你,我差点儿没跪倒在他的脚下,向他声明我是强盗,是坏蛋,或者比这更坏,是个铜子!只是羞耻心才把我阻止了。我上前拥抱他,他轻轻地把我推开了。
  “'现在,你已经长大成人了,我的孩子,’他说,‘我此刻所做的只是一桩简单而正当的事,你用不着感谢我。拉法埃尔,如果我有权利接受你的谢意,’他用温柔中充满尊严的语调接着说,‘那是因为我曾保护了你的青年时代,使你免于遭受吞噬所有巴黎青年的种种不幸。从今以后,我们将是朋友了,一年以后,你会成为法学博士,你已经获得可靠的知识,养成了热爱工作的习惯,虽然并非没有付出牺牲娱乐和忍受困苦的代价,但这都是立志要干大事业的人所必不可少的锻炼。拉法埃尔,你好好学着来了解我吧。我既不想让你成为律师,也不希望你当公证人,而是要你做一个政治家,以便有朝一日能够光耀我们衰落了的门第……明天见!’他又补了一句,并做了个奥妙的手势打发我走开。
  “从这天起,我父亲便把他的种种计划坦率地告诉我。我是独生子,我母亲去世已十年了。从前,我父亲作为一个有光荣历史的旧家族的家长,在奥弗涅几乎被人忘记了,因为不甘心卸下宝剑去种田,他便到巴黎来碰运气。他赋有法国南方人那种非凡的锐敏,再加上毅力,居然没有靠山就在政府里取得了重要的位置。革命不久就毁了他的家产;但是,他却懂得娶一位有大宗财产的名门女子为妻,在帝政时代,眼见就要恢复我们家旧日的荣华富贵了。复辟王朝归还了我母亲相当大的一笔财产,却使我父亲陷于破产。因为他从前买了许多皇帝①赏赐给将军们的地产,这些地产现在都在国外,为了维护他对这些不幸的赏赐地的所有权,十年来他不得不和那些清算委员、外交官以及普鲁士和巴伐利亚的法庭进行斗争。我父亲把我投进这个纷乱不堪、无法清理的大讼案里,因为这个案件的胜负将决定我们的前途。要是官司败诉的话,可能会判决我们归还这些地产的收益,包括一八一四年至一八一六年间采伐的木材的价款;如果事情坏到这个地步,我母亲的财产就仅够用来挽救我们家的荣誉了。因此我父亲似乎把我解放了的那天,我却无异于又落在一个最可憎的枷锁之中。我不能不象在战场上一样进行战斗,日夜不停地工作,奔走在政客门下,骗取他们的信任,努力使他们对我们的事发生兴趣,巴结他们和他们的妻子,他们的仆人,甚至他们的狗,并把这种骇人的行当隐藏在风雅的外表下,有趣的谈笑里。我明白了使我父亲形容憔悴的种种焦心的事情。约莫有一年的时间,我表面上过着上流社会的闲散生活,实际上,在我热中于同显贵的亲戚和关系,或者同可能对我们有用处的人结交的活动中,却隐藏着大量的工作。我的消遣中含有法庭的辩护词,我的谈话离不了备忘录。在这之前,我一直是很规矩的,原因是我没有可能去满足我的年轻人的欲望;何况,因为害怕一时的疏忽会招致我父亲或我自己的破产,我对自己非常克制,既不敢让自己有任何享乐,也不敢有一点浪费。当我们还年轻的时候,人事的磨擦还没有把这感情的鲜花,这思想的绿茵,这永远不让我们和罪恶妥?的高洁的良心除掉之前,我们就有强烈的责任感,我们的荣誉就会向我们大声疾呼,要我们听它的话;我们就会诚实而坦率:我当年便是这样一个人。我要用行动来报答我父亲对我的信任;假如说,过去我曾巧妙地偷过他的一笔小款;可是,自从我和他一道挑起他的事业、他的名声、他的家庭的重担之后,我就暗暗地把我的财产,我的希望一起交给了他,我是怎样地为他牺牲了我的快乐,而且为我所作出的牺牲感到愉快啊!因此当德·维莱勒②先生特地为我们从档案中找出一条有关丧失产权的帝国法令,把我们毁了之后,我便签字出卖我的产业,只留下卢瓦尔河中间的一个无价值的小岛,那是埋葬我母亲的地方。今天如要避免作出我的诉讼代理人所说的这种蠢事,也许我并不缺少什么论据、遁词,以至哲学、轮理、政治辩论之类的才能。可是,在二十一岁的年龄,我跟你再说一遍,我们全都是很慷慨,充满热情和爱的。当时在我看来,我父亲眼中噙着的眼泪,便是我最可贵的财产,而每当回想起这些眼泪,我的穷困也就得到安慰。在还清他的债务后十个月,我父亲便忧伤而死;他非常爱我,却使我破了产!一想到这一点他就再活不下去。一八二六年秋末,当时我才二十二岁,便孤零零一个人护送我的第一个朋友,也就是我父亲的灵柩出殡,很少有象我这种处境的年轻人,独自跟在灵车后,只有自己的思想做伴,流落在巴黎,既没有前途,也没有财产。慈善机关收容的孤儿,至少还有当兵的出路,有政府或检察官做父母,有救济院做栖身之所。我呢,一无所有!三个月后,拍卖行的经纪人给我送来一千一百一十二法郎,这是清算我父亲的遗产后剩下的现款。债权人迫使我出售了我们的动产。我从小就习惯于珍视我家的奢侈品,现在看到送来这样一笔微不足道的余款,不禁使我感到诧异。
   
  ①指拿破仑一世。
  ②即维莱勒伯爵(1773—1854),法国复辟王朝时期的政治家。 
 


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