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【法语阅读——驴皮记】La peau de chagrin (2.22)
日期:2012-09-28 16:01  点击:751

【法语阅读——驴皮记】La peau de chagrin  (2.22)


La partie II. La Femme sans coeur
        Quel plaisir d'arriver couvert de neige dans une chambre éclairée par des parfums, tapissée de soies peintes et d'y trouver une femme qui, elle aussi, secoue de la neige, car quel autre nom donner à ces voiles de voluptueuses mousselines à travers lesquels elle se dessine vaguement comme un ange dans son nuage, et d'où elle va sortir ? Puis il me faut encore un craintif bonheur, une audacieuse sécurité. Enfin je veux revoir cette mystérieuse femme, mais éclatante, mais au milieu du monde, mais vertueuse, environnée d'hommages, vêtue de dentelles, de diamants, donnant ses ordres à la ville, et si haut placée et si imposante que nul n'ose lui adresser des voeux. Au milieu de sa cour, elle me jette un regard à la dérobée, un regard qui dément ces artifices, un regard qui me sacrifie le monde et les hommes !
     Certes, je me suis cent fois trouvé ridicule d'aimer quelques aunes de blonde, du velours, de fines batistes, les tours de force d'un coiffeur, des bougies, un carrosse, un titre, d'héraldiques couronnes peintes par des vitriers ou fabriquées par un orfèvre, enfin tout ce qu'il y a de factice et de moins femme dans la femme ; je me suis moqué de moi, je me suis raisonné, tout a été vain. Une femme aristocratique et son sourire fin, la distinction de ses manières et son respect d'elle-même m'enchantent ; quand elle met une barrière entre elle et le monde, elle flatte en moi toutes les vanités, qui sont la moitié de l'amour. Enviée par tous, ma félicité me paraît avoir plus de saveur. En ne faisant rien de ce que font les autres femmes, en ne marchant pas, ne vivant pas comme elles, en s'enveloppant dans un manteau qu'elles ne peuvent avoir, en respirant des parfums à elle, ma maîtresse me semble être bien mieux à moi ; plus elle s'éloigne de la terre, même dans ce que l'amour a de terrestre, plus elle s'embellit à mes yeux. En France, heureusement pour moi, nous sommes depuis vingt ans sans reine, j'eusse aimé la reine ! Pour avoir les façons d'une princesse, une femme doit être riche. En présence de mes romanesques fantaisies, qu'était Pauline ? Pouvait-elle me vendre des nuits qui coûtent la vie, un amour qui tue et met en jeu toutes les facultés humaines ? Nous ne mourons guère pour de pauvres filles qui se donnent ! Je n'ai jamais pu détruire ces sentiments ni ces rêveries de poète. J'étais né pour l'amour impossible, et le hasard a voulu que je fusse servi par-delà mes souhaits. Combien de fois n'ai-je pas vêtu de satin les pieds mignons de Pauline, emprisonné sa taille svelte comme un jeune peuplier dans une robe de gaze, jeté sur son sein une légère écharpe en lui faisant fouler les tapis de son hôtel et la conduisant à une voiture élégante ; je l'eusse adorée ainsi ; je lui donnais une fierté qu'elle n'avait pas, je la dépouillais de toutes ses vertus, de ses grâces naïves, de son délicieux naturel, de son sourire ingénu, pour la plonger dans le Styx de nos vices et lui rendre le coeur invulnérable, pour la farder de nos crimes, pour en faire la poupée fantasque de nos salons, une femme fluette qui se couche au matin pour renaître le soir, à l'aurore des bougies. Pauline était tout sentiment, tout fraîcheur, je la voulais sèche et froide. Dans les derniers jours de ma folie, le souvenir m'a montré Pauline, comme il nous peint les scènes de notre enfance. Plus d'une fois, je suis resté attendri, songeant à de délicieux moments : soit que je revisse cette délicieuse fille assise près de ma table, occupée à coudre, paisible, silencieuse, recueillie et faiblement éclairée par le jour qui, descendant de ma lucarne, dessinait de légers reflets argentés sur sa belle chevelure noire ; soit que j'entendisse son rire jeune, ou sa voix au timbre riche chanter les gracieuses cantilènes qu'elle composait sans efforts. Souvent ma Pauline s'exaltait en faisant de la musique, sa figure ressemblait alors d'une manière frappante à la noble tête par laquelle Carlo Dolci a voulu représenter l'Italie. Ma cruelle mémoire me jetait cette jeune fille à travers les excès de mon existence comme un remords, comme une image de la vertu ! Mais laissons la pauvre enfant à sa destinée ! quelque malheureuse qu'elle puisse être, au moins l'aurai-je mis à l'abri d'un effroyable orage, en évitant de la traîner dans mon enfer.

  “满身盖着白雪,走进一间既芬芳又明亮,壁上裱糊着锦缎的房间,找到一位正在抖掉身上的白雪的美人,我说她抖掉身上的白雪,因为她身上裹着的轻纱,除了白雪之外,试问还能找到更恰当的比喻吗?透过那肉感的轻纱,隐约可见她身上的轮廓,而她正要从轻纱中脱身而出,有如绰约的仙子从云端出现,亲临其境的人该是多么快乐啊。再说,我还需要一种担惊受怕的幸福,一种胆大冒险的安全。总之,我愿意再见到这位神秘的美人,但她应是容光焕发的,有德行的,在大庭广众之中,人人崇敬,她穿戴华丽,满身珠宝,向全城发号施令,她的地位高贵,神态庄严,使任何人都不敢对她表示爱慕。在她的宫廷之中,她向我暗送秋波,这传情的眼神呀,揭穿了种种虚伪做作,这种媚眼呀,使我愿意牺牲世界和人类!
  “当然,如果我爱的是几尺丝绸花边,丝绒和细麻纱,理发师巧手梳成的发式,银烛、马车、头衔,或者玻璃匠、金银匠绘制的徽冠,一句话,是一切人造的女性装饰品,而不是女性本身,那才是天大的笑话;我曾嘲笑过自己,也曾规劝过自己,一切都是枉然。一个贵妇人和她迷人的微笑,她那娴雅的举止,她那端庄的仪态,都使我为之神往;当她在自己和世人之间设置障碍,她就会满足我的一切虚荣,这些虚荣可以说就是爱情的一半。越是别人都羡慕我的幸福,我就觉得这幸福更有滋味。她不做任何别的女人所做的事,出门不必走路,不必象别的女人那样生活,她穿着别的女人可望不可得的豪华服装,呼吸着只属于她的香气,这样我才觉得我的情妇更适合于我;她越是远离尘世,她在我眼里就越显得美丽,即使这爱情仍有世俗的味道。幸而在法国我们已经二十多年没有皇后了,要不然,我准会爱上一位皇后!一个女人要有王妃的仪态,她就必须有钱。在我的种种怪诞的幻想面前,波利娜能算个什么角色呢?她能卖给我值得用性命做代价的欢乐之夜吗?她能卖给我那种能够使人丧失理智或把理智孤注一掷的爱情吗?很少有人会为了委身给我们的贫穷女子去牺牲性命!我从来摆脱不了这种感情也舍弃不了这些诗人的幻想。我生来就是追求这种可望不可即的爱情的,但偶然的机缘却让我有意外的收获。不知有多少次,我幻想给波利娜娇小的双脚穿上缎子的绣鞋,给她嫩柳般轻柔的玉体裹上纱质的长袍,给她的胸脯盖上轻飘的披纱,陪她踩着地毯从她家出来登上华丽的马车!我曾经是这样来爱她的。我赋予她原来并没有的骄傲,我剥夺了她的一切德行,她天真的娇态,她自然的魅力,她纯洁的微笑,以便把她浸进我们堕落的斯提克斯①河里,使她的心灵成为刀枪不入的东西,以便用我们的罪行把她打扮起来,使她变成我们沙龙中的奇妙玩偶,一个在清晨睡觉,到晚上华灯初上时又重新出现的纤弱女子。波利娜本是充满感情,清新鲜妍的少女,我却要她变成干瘦冰冷的人。在我最后的一些疯狂的日子里,波利娜在我的记忆中出现,就象我们回忆起童年的往事那样。不止一次,我一往情深地回忆起一些过去的甜蜜时刻;或是又看到这可爱的姑娘坐在我的书桌边,正在安详地、静静地、凝神地缝补东西,从天窗射进来的微弱的阳光落在她秀美的黑发上,反映出……的银光;或是听到了她清脆的青春的笑声,或是听到她音色圆润的歌喉,正在唱她自己随意编成的优美小曲。常常,我的波利娜在弹琴的时候情绪激昂,这时候,她的面孔就和卡洛·多尔西②想用来代表意大利的那个高贵的头像有惊人的相似。我的残忍的记忆,总要把这位姑娘作为一种内疚,一种道德的象征,让我透过我的放纵生活来回忆!话说回来,我们还是让这可怜的女孩子自己去听从命运的支配吧!不管她会遭到什么不幸,至少我可以让她躲过一场可怕的暴风雨,就是说,避免把她拖到我的地狱里来。
   
  ①斯提克斯河,古希腊传说中的冥何。传说人的身体如在此河水中浸过一次,就可刀枪不入。
  ②卡洛·多尔西(1616—1686),意大利画家。 
 


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