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【法语阅读——驴皮记】La peau de chagrin (2.45)
日期:2012-10-01 17:12  点击:384

【法语阅读——驴皮记】La peau de chagrin  (2.45)


La partie II. La Femme sans coeur
      Un soir, elle m'humilia devant le duc par un de ces gestes et par un de ces regards qu'aucune parole ne saurait peindre. Je sortis pleurant, formant mille projets de vengeance, combinant d'épouvantables viols. Souvent je l'accompagnais aux Bouffons ; là, près d'elle, tout entier à mon amour, je la contemplais en me livrant au charme d'écouter la musique, épuisant mon âme dans la double jouissance d'aimer et de retrouver les mouvements de mon coeur bien rendus par les phrases du musicien. Ma passion était dans l'air, sur la scène ; elle triomphait partout, excepté chez ma maîtresse. Je prenais alors la main de Foedora, j'étudiais ses traits et ses yeux en sollicitant une fusion de nos sentiments, une de ces soudaines harmonies qui, réveillées par les notes, font vibrer les âmes à l'unisson ; mais sa main était muette et ses yeux ne disaient rien. Quand le feu de mon coeur émané de tous mes traits la frappait trop fortement au visage, elle me jetait ce sourire cherché, phrase convenue qui se reproduit au salon sur les lèvres de tous les portraits. Elle n'écoutait pas la musique. Les divines pages de Rossini, de Cimarosa, de Zingarelli ne lui rappelaient aucun sentiment, ne lui traduisaient aucune poésie de sa vie ; son âme était aride. Foedora se produisait là comme un spectacle dans le spectacle. Sa lorgnette voyageait incessamment de loge en loge ; inquiète, quoique tranquille, elle était victime de la mode ; sa loge, son bonnet, sa voiture, sa personne étaient tout pour elle. Vous rencontrez souvent des gens de colossale apparence de qui le coeur est tendre et délicat sous un corps de bronze ; mais elle cachait un coeur de bronze sous sa frêle et gracieuse enveloppe. Ma fatale science me déchirait bien des voiles. Si le bon ton consiste à s'oublier pour autrui, à mettre dans sa voix et dans ses gestes une constante douceur, à plaire aux autres en les rendant contents d'eux-mêmes, malgré sa finesse, Foedora n'avait pas effacé tout vestige de sa plébéienne origine : son oubli d'elle-même était fausseté ; ses manières, au lieu d'être innées, avaient été laborieusement conquises ; enfin sa politesse sentait la servitude. Eh ! bien, ses paroles emmiellées étaient pour ses favoris l'expression de la bonté, sa prétentieuse exagération était un noble enthousiasme.

  “有一天晚上,当着公爵的面,她用手势和眼色所加给我的侮辱,恐怕是没有什么语言可以形容的。我哭着出来,心里盘算着千百种复仇的计划,考虑了许多强奸的办法……我常常陪她到滑稽剧院看戏;在那儿,我坐在她旁边,完全沉醉在爱情里,我一面欣赏她的美貌,一面倾听着美妙的音乐,竭尽我的心力来享受爱情和乐曲在我心中所掀起的双重乐趣。我的热情挥发在空气里,在舞台上,无往而不胜利,就是进入不了我情妇的心。于是,我握住馥多拉的手,细察她脸上的表情,她的眼神,寻求一种为音乐所引起的突然到来的和谐,心灵的共鸣和我们之间感情的融洽;可是,她的手并无反应,她的眼睛毫无情意。当我心中的热情烧得我满脸通红,给她的印象太过强烈时,她便给我一个做作出来的微笑,就象客厅中所有画像嘴唇上露出的那种端庄的微笑。她并不听音乐。即使是罗西尼、西马罗沙①和辛格勒利②的神圣乐章,都不能唤起她的任何感情,表达出她生活中的任何诗意,她的心灵是干枯的。馥多拉在戏院里的自我表现,就象一出戏中的戏。她的小望远镜不住地从这个包厢转向另一个包厢,她内心不安,尽管表面平静。她是时尚的牺牲品:对她说来,她的包厢,她的帽子,她的马车,她本身,就是她的一切。你可以常常遇到一些外表魁梧的人,在青铜般的身躯里,有着一颗娇嫩纤细的心;可是,馥多拉,在她那脆弱娇柔的躯壳里,却隐藏着一颗青铜的心;我的不祥的学识,给我撕破了不少面纱。如果说,良好的行为,在于为别人而忘记自己,在于言谈举止之间,始终保持温柔,在于取悦别人,使他们自己也感到满意。而馥多拉,尽管她聪明机智,却没有消除她平民出身的一切痕迹:她的忘掉自己是伪装的;她的仪表与其说是出自天然,不如说是苦练得来的;一句话,就连她的礼貌,也使人觉得有奴才气。可是,对她那些受宠者来说,她的甜言蜜语却是亲切的表示,她那傲慢的装腔作势却是高贵的热忱。

  ①西马罗沙(1749—1801),意大利作曲家。
  ②辛格勒利(1752—1837),意大利音乐家。


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