中法对照:羊脂球 BOULE DE SUIF (4)
Maupassant 莫泊桑
On employa l'influence des officiers allemands dont on avait fait la connaissance, et une autorisation de départ fut obtenue du général en chef.
Donc, une grande diligence à quatre chevaux ayant été retenue pour ce voyage, et dix personnes s'étant fait inscrire chez le voiturier, on résolut de partir un mardi matin, avant le jour, pour éviter tout rassemblement.
Depuis quelque temps déjà la gelée avait durci la terre, et le lundi, vers trois heures, de gros nuages noirs venant du nord apportèrent la neige qui tomba sans interruption pendant toute la soirée et toute la nuit.
A quatre heures et demie du matin, les voyageurs se réunirent dans la cour de l'hôtel de Normandie, où l'on devait monter en voiture.
Ils étaient encore pleins de sommeil, et grelottaient de froid sous leurs couvertures. On se voyait mal dans l'obscurité; et l'entassement des lourds vêtements d'hiver faisait ressembler tous ces corps à des curés obèses avec leurs longues soutanes. Mais deux hommes se reconnurent, un troisième les aborda, ils causèrent: "J'emmène ma femme, dit l'un. - J'en fais autant. - Et moi aussi." Le premier ajouta: "Nous ne reviendrons pas à Rouen, et si les Prussiens approchent du Havre nous gagnerons l'Angleterre." Tous avaient les mêmes projets, étant de complexion semblable.
Cependant on n'attelait pas la voiture. Une petite lanterne, que portait un valet d'écurie, sortait de temps à autre d'une porte obscure pour disparaître immédiatement dans une autre. Des pieds de chevaux frappaient la terre, amortis par le fumier des litières, et une voix d'homme parlant aux bêtes et jurant s'entendait au fond du bâtiment. Un léger murmure de grelots annonça qu'on maniait les harnais; ce murmure devint bientôt un frémissement clair et continu rythmé par le mouvement de l'animal, s'arrêtant parfois, puis reprenant dans une brusque secousse qu'accompagnait le bruit mat d'un sabot ferré battant le sol.
La porte subitement se ferma. Tout bruit cessa. Les bourgeois, gelés, s'étaient tus: ils demeuraient immobiles et roidis.
Un rideau de flocons blancs ininterrompu miroitait sans cesse en descendant vers la terre; il effaçait les formes, poudrait les choses d'une mousse de glace; et l'on n'entendait plus, dans le grand silence de la ville calme et ensevelie sous l'hiver, que ce froissement vague, innommable et flottant de la neige qui tombe, plutôt sensation que bruit , entremêlement d'atomes légers qui semblaient emplir l'espace, couvrir le monde.
L'homme reparut, avec sa lanterne, tirant au bout d'une corde un cheval triste qui ne venait pas volontiers. Il le plaça contre le timon, attacha les traits, tourna longtemps autour pour assurer les harnais, car il ne pouvait se servir que d'une main, l'autre portant sa lumière. Comme il allait chercher la seconde bête, il remarqua tous ces voyageurs immobiles, déjà blancs de neige, et leur dit: "Pourquoi ne montez-vous pas dans la voiture? vous serez à l'abri, au moins."
Ils n'y avaient pas songé, sans doute, et ils se précipitèrent. Les trois hommes installèrent leurs femmes dans le fond, montèrent ensuite; puis les autres formes indécises et voilées prirent à leur tour les dernières places sans échanger une parole.
Le plancher était couvert de paille où les pieds s'enfoncèrent. Les dames du fond, ayant apporté des petites chaufferettes en cuivre avec un charbon chimique, allumèrent ces appareils, et, pendant quelque temps, à voix basse, elles en énumérèrent les avantages, se répétant des choses qu'elles savaient déjà depuis longtemps.
Enfin, la diligence étant attelée, avec six chevaux au lieu de quatre à cause du tirage plus pénible, une voix du dehors demanda: "Tout le monde est-il monté?" Une voix du dedans répondit: "Oui." - On partit.
La voiture avançait lentement, lentement, à tout petits pas. Les roues s'enfonçaient dans la neige; le coffre entier geignait avec des craquements sourds; les bêtes glissaient, soufflaient, fumaient et le fouet gigantesque du cocher claquait sans repos, voltigeait de tous les côtés, se nouant et se déroulant comme un serpent mince, et cinglant brusquement quelque croupe rebondie qui se tendait alors sous un effort plus violent.
Mais le jour imperceptiblement grandissait. Ces flocons légers qu'un voyageur, Rouennais pur sang, avait comparés à une pluie de coton, ne tombaient plus. Une lueur sale filtrait à travers de gros nuages obscurs et lourds qui rendaient plus éclatante la blancheur de la campagne où apparaissaient tantôt une ligne de grands arbres vêtus de givre, tantôt une chaumière avec un capuchon de neige.
有人利用了自己熟识的日耳曼军官们的势力,终于获得一张由他们的总司令签发的出境证。
所以,一辆用四匹牲口拉的长途马车被人定了去走这一趟路程,到车行里定座位的有10个旅客,并且决定在某个星期二还没有天亮的时候起程,免得惹人跑过来当热闹看。
几天以来,地面都冻硬了,在星期一午后3点钟光景,成堆的黑云带着雪片儿从北方飞过来,一直下到天黑又下到深夜没有停住。
在午前4点半光景,旅客们都到了诺曼底旅馆的天井里,那就是他们上车的地方。
他们都还睡意沉沉,身子在衣服里面发抖。在黑暗当中谁也看不清楚谁;而且冬季的厚衣服把他们的身子堆得像是一些穿上长道袍的肥胖教士。不过有两个旅客互相认出来了,第三个就向他们身边走过去,他们开始谈天了。“我带了我的妻子。”某一个说。“我也是这么做的。”“我也一样。”那一个接着又说:“我们将来不回卢昂了,并且设若普鲁士人向哈佛尔走,我们将来到英国去。”由于品质相类,他们都有了相同的计划。
这时候,却还没有人套车。一间乌黑的房子里的门开了,一个手提小风灯的马夫时而走出来,时而又立刻走进另一间屋子里。许多马蹄蹄着地面,不过地面上的厩草减轻了马蹄的声音,一阵向牲口说话和叱骂的人声从屋子的尽头传出来了。接着一阵轻微的铃子声音丁零地响着,那就是报告有人正触动到马的鞧辔;那种丁零的响声不久变成了一阵清脆而连续的颤抖,随着牲口的动作而变化,有时候却也停止一下,随即又在一种突然而起的动摇当中再响起来,同着一只蹄铁扑着地面的沉闷声音一齐传到了外面。
门突然关上了。一切响声都停止了。那些冻僵了的市民都不说话了;他们都像僵了一般待着没有动。
连绵不断的雪片像一面帏幕似的往地面上直落,同时耀出回光;它隐没着种种物体的外表,在那上面撒着一层冰苔;在这个宁静而且被严寒埋没的市区的深邃沉寂当中,人都只听见那种雪片儿落下来的飘忽模糊无从称呼的摩擦声息,说声息吗,不如说是感觉,不如说是微尘的交错活动仿佛充塞了空中,又遮盖了大地。
那个马夫又带着风灯出来了,手里紧紧地牵着一匹不很愿意出来的可怜的马。他把牲口靠近了车辕,系好了挽革,前前后后长久地瞧了一番去拴紧牲口身上的各种马具,因为他一只手已经拿着风灯,所以他只有另一只手可以做事,他去牵第二匹马了,这时候他才注意到那些毫不动弹的旅客,发现他们已经浑身全是雪白的,于是说道:“各位为什么不上车,至少那是有遮盖的。”
他们以前无疑地没有想到这一层,现在他们都赶忙向车子走。三个男旅客把他们的妻子都安排在顶前头的位子,自己都跟着上来;随后,另外那些遮头盖面的轮廓模糊的旅客彼此没有交谈一句话,就都坐在剩下来的位子上了。
车里的地下铺着些麦秸,旅客们的脚都藏在那里边了。那些坐在顶前头的女客都带着那种装好化学炭饼的铜质手炉,烧燃了这种东西,便低声慢气地举出它的种种好处,互相重复地叙述那她们早已知道的事物。
末了,车子套好了,因为拉起来比较困难,所以在向例的四匹牲口以外又加了两匹,有人在车子外面问:“旅客们可是都上了车?”车里有一道声音回答:“对的。”大家起程了。车子走得慢而又慢,简直全是小步儿。轮子隐到了雪里;整个车厢轧轧地呻吟着,牲口滑着,喘着,都是汗气蒸腾的。赶车的手里那根长鞭子不住地噼噼啪啪响着,向各方面飞扬,如同一条细蛇样地扭成一个结子又散开,陡然鞭着一匹牲口蹶起的臀部,马受到狠狠的一击,紧张地奔跑起来。
但是天色不知不觉一步比一步亮起来了。那阵曾经被一个纯粹卢昂土著的旅客比成棉雨的雪片儿已经不下了。一阵昏浊的微光从雪堆儿里漏出来,云是在而密的,它使得那片平原,那片忽而有一行披着雪衣的大树忽而有一个顶着雪盔的茅屋的平原,显得更其耀眼。