中法对照:羊脂球 BOULE DE SUIF (6)
Maupassant 莫泊桑
Par un hasard étrange, toutes les femmes se trouvaient sur le même banc; et la comtesse avait encore pour voisines deux bonnes soeurs qui égrenaient de longs chapelets en marmottant des Pater et des Ave. L'une était vieille avec une face défoncée par la petite vérole comme si elle eût reçu à bout portant une bordée de mitraille en pleine figure. L'autre, très chétive, avait une tête jolie et maladive sur une poitrine de phtisique rongée par cette foi dévorante qui fait les martyrs et les illuminés.
En face des deux religieuses, un homme et une femme attiraient les regards de tous.
L'homme, bien connu, était Cornudet le démoc, la terreur des gens respectables. Depuis vingt ans, il trempait sa barbe rousse dans les bocks de tous les cafés démocratiques. Il avait mangé avec les frères et amis une assez belle fortune qu'il tenait de son père, ancien confiseur, et il attendait impatiemment la République pour obtenir enfin la place méritée par tant de consommations révolutionnaires. Au quatre septembre, par suite d'une farce peut-être, il s'était cru nommé préfet; mais quand il voulut entrer en fonctions, les garçons de bureau, demeurés seuls maîtres de la place, refusèrent de le reconnaître, ce qui le contraignit à la retraite. Fort bon garçon du reste, inoffensif et serviable, il s'était occupé avec une ardeur incomparable d'organiser la défense. Il avait fait creuser des trous dans les plaines, coucher tous les jeunes arbres des forêts voisines, semé des pièges sur toutes les routes, et, à l'approche de l'ennemi, satisfait de ses préparatifs, il s'était vivement replié vers la ville. Il pensait maintenant se rendre plus utile au Havre, où de nouveaux retranchements allaient être nécessaires.
La femme, une de celles appelées galantes, était célèbre par son embonpoint précoce qui lui avait valu le surnom de Boule de suif. Petite, ronde de partout, grasse à lard, avec des doigts bouffis, étranglés aux phalanges, pareils à des chapelets de courtes saucisses, avec une peau luisante et tendue, une gorge énorme qui saillait sous sa robe, elle restait cependant appétissante et courue, tant sa fraîcheur faisait plaisir à voir. Sa figure était une pomme rouge, un bouton de pivoine prêt à fleurir; et là-dedans s'ouvraient, en haut, deux yeux noirs magnifiques, ombragés de grands cils épais qui mettaient une ombre dedans; en bas, une bouche charmante, étroite, humide pour le baiser, meublée de quenottes luisantes et microscopiques.
Elle était de plus, disait-on, pleine de qualités inappréciables.
Aussitôt qu'elle fut reconnue, des chuchotements coururent parmi les femmes honnêtes, et les mots de "prostituée", de "honte publique" furent chuchotés si haut qu'elle leva la tête. Alors elle promena sur ses voisins un regard tellement provocant et hardi qu'un grand silence aussitôt régna, et tout le monde baissa les yeux à l'exception de Loiseau, qui la guettait d'un air émoustillé.
Mais bientôt la conversation reprit entre les trois dames, que la présence de cette fille avait rendues subitement amies, presque intimes. Elles devaient faire, leur semblait-il, comme un faisceau de leurs dignités d'épouses en face de cette vendue sans vergogne; car l'amour légal le prend toujours de haut avec son libre confrère.
Les trois hommes aussi, rapprochés par un instinct de conservateurs à l'aspect de Cornudet, parlaient argent d'un certain ton dédaigneux pour les pauvres. Le comte Hubert disait les dégâts que lui avaient fait subir les Prussiens, les pertes qui résulteraient du bétail volé et des récoltes perdues, avec une assurance de grand seigneur dix fois millionnaire que ces ravages gêneraient à peine une année. M. Carré-Lamadon, fort éprouvé dans l'industrie cotonnière, avait eu soin d'envoyer six cent mille francs en Angleterre, une poire pour la soif qu'il se ménageait à toute occasion. Quant à Loiseau, il s'était arrangé pour vendre à l'Intendance française tous les vins communs qui lui restaient en cave, de sorte que l'Etat lui devait une somme formidable qu'il comptait bien toucher au Havre.
Et tous les trois se jetaient des coups d'oeil rapides et amicaux. Bien que de conditions différentes, ils se sentaient frères par l'argent, de la grande franc-maçonnerie de ceux qui possèdent, qui font sonner de l'or en mettant la main dans la poche de leur culotte.
由于偶然遇合,车里某一边的长凳上坐的全是女客;靠近伯爵夫人的位子上有两个嬷嬷,她们正捏着长串的念珠一面念着天父和祷告。其中一个是年老的,脸上满是麻子,仿佛她的脸上曾经很近地中了排炮的许多散子似的。另一个,很虚弱,有一个漂亮而带病态的脑袋瓜和一个显出肺病的胸脯,那正是使她们毁坏肉体而成圣徒的吃人的信仰心侵蚀了它。两个嬷嬷的对面,有一个男子和一个女人吸引着全体的视线。
男子很出名,是被人称为“民主朋友”的戈尔弩兑;好些被人敬重的人士却当他是祸根。二十年以来,他在各处民主派的咖啡馆里把大杯啤酒浸着他那一大嘴的火红色长胡子,他父亲本是一个糖果店商人,遗给他的那份财产是颇为丰厚的,他却带着他的弟兄们和朋友们挥霍干净,末后焦躁地等候共和政体使自己获得适当的地位来显示无数量的革命饮料的成绩。在9月4日,他也许由于上了一个恶作剧的当,自以为受到任命做了州长,不过到了他上任办公的时候,那些始终身居主人翁地位的机关公务员却拒绝承认他,终于逼得他只好退位。此外,他是个好好先生,毫无恶意而且肯替人效劳,这一次,他用一种谁也比他不上的热心尽力布置了防御工事。他教人在平原上掘了好些窟窿,在近处的森林里斩倒了所有的嫩树,在所有的大道上布置了好些陷阱,到了敌人快要到的时候,他满意于自己的种种措施就赶忙缩回市区里来。现在他想起自己倘若到哈佛尔可以做些比较有益的事情,因为在那地方,新的防御工事立刻会变成不可少的。女人呢,所谓尤物之一,她是以妙年发胖著名的,得了个和实际相符的诨名叫做羊脂球,矮矮的身材,满身各部分全是滚圆的,胖得像是肥膘,手指头儿全是丰满之至的,丰满得在每一节小骨和另一节接合的地方都箍出了一个圈,简直像是一串短短儿的香肠似的:皮肤是光润而且绷紧了的,胸脯丰满得在裙袍里突出来,然而她始终被人垂涎又被人追逐,她的鲜润气色教人看了多么顺眼。她的脸蛋儿像一个发红的苹果,一朵将要开花的芍药;脸蛋儿上半段,睁着一双活溜溜的黑眼睛,四周深而密的睫毛向内部映出一圈阴影;下半段,一张妩媚的嘴,窄窄儿的和润泽得使人想去亲吻,内部露出一排闪光而且非常纤细的牙齿。
此外,人们还说她是具备种种无从评价的品质的。
她一下被人认出来以后,好些切切的密谈就在那些顾爱名誉的妇人道伴里流动起来,后来“卖淫妇”和“社会的羞辱”这一类字眼被她们很响亮地说个不休,因此使她抬起了脑袋。这时候,她向同车的人用很有挑战意味和胆大的眼光望了一周,于是一阵深远的沉寂立刻又恢复了,大家全低着头了,只有鸟老板是例外,他用一种开心的神气窥伺她。但是不久,三个贵妇人的谈话又开始了,有了这个“姑娘”在场,她们突然变成了几乎是非常亲密的朋友。觉得面对着这个毫无羞耻地卖身的女人,她们应当把有夫之妇的尊严身分结成一个团体;因为法定爱情素来高出自由爱情的头上。
三个男人看见戈尔弩兑,也由于保守派的一种本能彼此接近起来,用一种蔑视穷人的姿态谈着钱财,禹贝尔伯爵说起普鲁士人使他遭到的损害,牲畜被虏和收获无望造成的损失,用一种家资千万的大领主的沉着态度说这些灾祸不过使他困苦一年。迦来一辣马东先生在棉业当中很有痛苦的经验,已经小心地汇了60万金法郎到英国作为随时的应急之用。至于鸟老板呢,他早和法国的军需当局有过商量,向政府卖出了他酒窖里的所有的普通葡萄酒,这样就使得政府欠了他一笔非常之大的现金,他现在就打算到哈佛尔去取。
末后这三个男人都使出一个友谊的和迅速的眼色互相望了一下。各人的具体情况虽然不同,不过他们都是有钱的,他们都是那个大行会的成员,都是富豪得把手插到裤子口袋就会教金币清脆地响的,所以他们感到彼此都是弟兄。