Prends le premier conseil d'une femme, et non le second.
Les femmes jugent mieux d'instinct que de réflexion: elles ont l'esprit prime-sautier, suivant l'expression de Montaigne; elles savent pénétrer le secret des cœurs et saisir le nœud des intrigues et des affaires avec une merveilleuse sagacité, et les soudains conseils qu'elles donnent sont presque toujours préférables aux résultats d'une lente méditation. C'est pour cela sans doute que les peuples celtiques leur attribuaient le don des oracles, et leur accordaient une grande influence dans les délibérations politiques. Ils disaient que si la raison de l'homme vient de la vie et de la science, celle de la femme vient de Dieu.
Les Hébreux, les Grecs et les Romains pensaient aussi que les femmes avaient des lumières instinctives qui leur venaient d'en haut. La Sulamite de Salomon, la Diotime de Platon et l'Égérie de Numa attestent, chez eux, l'existence de ce préjugé auquel l'Inde ne fut peut-être pas étrangère, comme le prouve le drame de Sacontala.