《悲惨世界》法汉对照 第四章 言行合一 5
Il entendit un jour conter dans un salon un procès criminel qu'on instruisait et qu'on allait juger. Un misérable homme, par amour pour une femme et pour l'enfant qu'il avait d'elle, à bout de ressources, avait fait de la fausse monnaie. La fausse monnaie était encore punie de mort à cette époque. La femme avait été arrêtée émettant la première pièce fausse fabriquée par l'homme. On la tenait, mais on n'avait de preuves que contre elle. Elle seule pouvait charger son amant et le perdre en avouant. Elle nia. On insista. Elle s'obstina à nier. Sur ce, le procureur du roi avait eu une idée. Il avait supposé une infidélité de l'amant, et était parvenu, avec des fragments de lettres savamment présentés, à persuader à la malheureuse qu'elle avait une rivale et que cet homme la trompait. Alors, exaspérée de jalousie, elle avait dénoncé son amant, tout avoué, tout prouvé. L'homme était perdu. Il allait être prochainement jugé à Aix avec sa complice. On racontait le fait, et chacun s'extasiait sur l'habileté du magistrat. En mettant la jalousie en jeu, il avait fait jaillir la vérité par la colère, il avait fait sortir la justice de la vengeance. L'évêque écoutait tout cela en silence. Quand ce fut fini, il demanda:
—Où jugera-t-on cet homme et cette femme?
—À la cour d'assises.
Il reprit:
—Et où jugera-t-on monsieur le procureur du roi?
Il arriva à Digne une aventure tragique. Un homme fut condamné à mort pour meurtre. C'était un malheureux pas tout à fait lettré, pas tout à fait ignorant, qui avait été bateleur dans les foires et écrivain public. Le procès occupa beaucoup la ville. La veille du jour fixé pour l'exécution du condamné, l'aumônier de la prison tomba malade. Il fallait un prêtre pour assister le patient à ses derniers moments. On alla chercher le curé. Il paraît qu'il refusa en disant: Cela ne me regarde pas. Je n'ai que faire de cette corvée et de ce saltimbanque; moi aussi, je suis malade; d'ailleurs ce n'est pas là ma place. On rapporta cette réponse à l'évêque qui dit:
—Monsieur le curé a raison. Ce n'est pas sa place, c'est la mienne.
Il alla sur-le-champ à la prison, il descendit au cabanon du «saltimbanque», il l'appela par son nom, lui prit la main et lui parla. Il passa toute la journée et toute la nuit près de lui, oubliant la nourriture et le sommeil, priant Dieu pour l'âme du condamné et priant le condamné pour la sienne propre. Il lui dit les meilleures vérités qui sont les plus simples. Il fut père, frère, ami; évêque pour bénir seulement. Il lui enseigna tout, en le rassurant et en le consolant. Cet homme allait mourir désespéré. La mort était pour lui comme un abîme. Debout et frémissant sur ce seuil lugubre, il reculait avec horreur. Il n'était pas assez ignorant pour être absolument indifférent. Sa condamnation, secousse profonde, avait en quelque sorte rompu çà et là autour de lui cette cloison qui nous sépare du mystère des choses et que nous appelons la vie. Il regardait sans cesse au dehors de ce monde par ces brèches fatales, et ne voyait que des ténèbres. L'évêque lui fit voir une clarté.
Le lendemain, quand on vint chercher le malheureux, l'évêque était là. Il le suivit. Il se montra aux yeux de la foule en camail violet et avec sa croix épiscopale au cou, côte à côte avec ce misérable lié de cordes.
Il monta sur la charrette avec lui, il monta sur l'échafaud avec lui. Le patient, si morne et si accablé la veille, était rayonnant. Il sentait que son âme était réconciliée et il espérait Dieu. L'évêque l'embrassa, et, au moment où le couteau allait tomber, il lui dit:
—Celui que l'homme tue, Dieu le ressuscite; celui que les frères chassent retrouve le Père. Priez, croyez, entrez dans la vie! le Père est là.
Quand il redescendit de l'échafaud, il avait quelque chose dans son regard qui fit ranger le peuple. On ne savait ce qui était le plus admirable de sa pâleur ou de sa sérénité. En rentrant à cet humble logis qu'il appelait en souriant son palais, il dit à sa sœur:
—Je viens d'officier pontificalement.
Comme les choses les plus sublimes sont souvent aussi les choses les moins comprises, il y eut dans la ville des gens qui dirent, en commentant cette conduite de l'évêque: «C'est de l'affectation.» Ceci ne fut du reste qu'un propos de salons. Le peuple, qui n'entend pas malice aux actions saintes, fut attendri et admira.
一天,他在一个客厅里听到大家谈一桩正在研究调查、不久就要交付审判的案子。有个穷苦无告的人,为了他对一个女子和所生孩子的爱,在生路断绝时铸了私钱。铸私钱在那个时代是要受极刑的。那女子拿着他所造的第一个私钱去用,被捕了。他们把她抓了起来,但是只有她本人犯罪的证据。只有她一个人能告发她的情人,送他的命。她不肯招供。他们再三追问。她仍坚决不招供。这样,检察长心生一计。他编造她的情人变了心,极巧妙地伪造许多信札的断片,来说服那个苦恼的女人,使她相信她有一个情敌,那男子有负心的行为。在妒恨悲愤之中,她终于举发她的情人,一切都招供了,一切都证实了。那男子是无法挽救了。不久他就得在艾克斯和他的同谋女犯一同受审。大家谈着那件事,每个人都称赞那官员的才干,说他能利用妒嫉之心,因愤怒而真相大白,法律的威力也因报复的心理而得以伸张。主教静悄悄地听着这一切,等到大家说完了,他问道:
“那一对男女将在什么地方受审?”
“在地方厅。”
他又问:“那么,那位检察长将在什么地方受审呢?”
迪涅发生过一件惨事。有个人因谋害人命而被判处死刑。那个不幸的人并不是什么读书人,但也不是完全无知无识的人,他曾在市集上卖技,也摆过书信摊。城里的人对那案子非常关心。在行刑的前一日,驻狱神甫忽然害了病。必须有个神甫在那受刑的人临终时帮助他。有人去找本堂神甫。他好象有意拒绝,他说:“这不关我事。这种苦差事和那耍把戏的人和我都不相干,我也正害着病,况且那地方下属我的范围。”他这答复传到主教那儿去了。主教说:“本堂神甫说得对。那不属于他的范围,而是属于我的。”
他立刻跑到监狱去,下到那“耍把戏的人”的牢房里,他叫他的名字,搀着他的手,和他谈话。他在他的身旁整整过了一天一夜,饮食睡眠全忘了,他为那囚犯的灵魂向上帝祈祷,也祈求那囚犯拯救他自己的灵魂。他和他谈着最善的、亦即最简单的真理。他直象他的父亲、兄长、朋友;如果不是在祝福祈祷,他就一点也不象个主教。他在稳定他和安慰他的同时,把一切都教给他了。那个人原是要悲痛绝望而死的。在先,死对他好象是个万丈深渊,他站在那阴惨的边缘上,一面战栗,一面又心胆俱裂地向后退却。他并没有冥顽到对死活也绝不关心的地步。他受到的判决是一种剧烈的震撼,仿佛在他四周的某些地方,把隔在万物的神秘和我们所谓生命中间的那堵墙震倒了。他从那无法补救的缺口不停地望着这世界的外面,而所见的只是一片黑暗。主教却使他见到了一线光明。
第二天,他们来提这不幸的人了,主教仍在他身旁。他跟着他走。他披上紫披肩,颈上悬着主教的十字架,和那被缚在绳索中的临难人并肩站在大众的面前。
他和他一同上囚车,一同上断头台。那个受刑的人,昨天是那样愁惨,那样垂头丧气,现在却舒展兴奋起来了。他觉得他的灵魂得了救,他期待着上帝。主教拥抱了他,当刀子将要落下时,他说:“人所杀的人,上帝使他复活;弟兄们所驱逐的人得重见天父。祈祷,信仰,到生命里去。天父就在前面。”他从断头台上下来时,他的目光里有种东西使众人肃然退立。我们不知道究竟哪一样最使人肃然起敬,是他面色的惨白呢,还是他神宇的宁静。在回到他一惯戏称为“他的宫殿”的那所破屋子里时,他对他的妹子说:“我刚刚进行了一场隆重的大典。”
最卓越的东西也常是最难被人了解的东西,因此,城里有许多人在议论主教那一举动,说那是矫揉造作。不过那是上层阶级客厅里的一种说法。对圣事活动不怀恶意的人民却感动了,并且十分钦佩主教。