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伪君子 第二幕 场景四

时间:2011-03-12来源:互联网 进入法语论坛
核心提示:Tartuffe, ou l'imposteur Molire 伪君子 莫里哀 ACTE II. SCNE IV. - Valre, Mariane, Dorine. VALRE. On vient de dbiter, Madame, une nouvelle Que je ne savois pas, et qui sans doute est belle. MARIANE. Quoi ? VALRE. Que vous pousez Tartuf
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Tartuffe, ou l'imposteur
Molière
伪君子
莫里哀

ACTE II.
SCÈNE IV. - Valère, Mariane, Dorine.


VALÈRE.
On vient de débiter, Madame, une nouvelle
Que je ne savois pas, et qui sans doute est belle.

MARIANE.
Quoi ?

VALÈRE.
Que vous épousez Tartuffe.

MARIANE.
Il est certain
Que mon père s'est mis en tête ce dessein.

VALÈRE.
Votre père, Madame...

MARIANE.
A changé de visée :
La chose vient par lui de m'être proposée.

VALÈRE.
Quoi ? sérieusement ?

MARIANE.
Oui, sérieusement.
Il s'est pour cet hymen déclaré hautement.

VALÈRE.
Et quel est le dessein où votre âme s'arrête,
Madame ?

MARIANE.
Je ne sais.

VALÈRE.
La réponse est honnête.
Vous ne savez ?

MARIANE.
Non.

VALÈRE.
Non ?

MARIANE.
Que me conseillez-vous ?

VALÈRE.
Je vous conseille, moi, de prendre cet époux.

MARIANE.
Vous me le conseillez ?

VALÈRE.
Oui.
MARIANE.
Tout de bon ?

VALÈRE.
Sans doute.
Le choix est glorieux, et vaut bien qu'on l'écoute.

MARIANE.
Hé bien ! c'est un conseil, Monsieur, que je reçois.

VALÈRE.
Vous n'aurez pas grand'peine à le suivre, je crois.

MARIANE.
Pas plus qu'à le donner en a souffert votre âme.

VALÈRE.
Moi, je vous l'ai donné pour vous plaire, Madame.

MARIANE.
Et moi, je le suivrai pour vous faire plaisir.

DORINE.
Voyons ce qui pourra de ceci réussir.

VALÈRE.
C'est donc ainsi qu'on aime ? Et c'étoit tromperie
Quand vous...

MARIANE.
Ne parlons point de cela, je vous prie.
Vous m'avez dit tout franc que je dois accepter
Celui que pour époux on me veut présenter :
Et je déclare, moi, que je prétends le faire,
Puisque vous m'en donnez le conseil salutaire.

VALÈRE.
Ne vous excusez point sur mes intentions.
Vous aviez pris déjà vos résolutions ;
Et vous vous saisissez d'un prétexte frivole
Pour vous autoriser à manquer de parole.

MARIANE.
Il est vrai, c'est bien dit.

VALÈRE.
Sans doute, et votre coeur
N'a jamais eu pour moi de véritable ardeur.

MARIANE.
Hélas ! permis à vous d'avoir cette pensée.

VALÈRE.
Oui, oui, permis à moi ; mais mon âme offensée
Vous préviendra peut-être en un pareil dessein ;
Et je sais où porter et mes voeux et ma main.

MARIANE.
Ah ! je n'en doute point ; et les ardeurs qu'excite
Le mérite...

VALÈRE.
Mon Dieu, laissons là le mérite :
J'en ai fort peu sans doute, et vous en faites foi.
Mais j'espère aux bontés qu'une autre aura pour moi,
Et j'en sais de qui l'âme, à ma retraite ouverte,
Consentira sans honte à réparer ma perte.

MARIANE.
La perte n'est pas grande ; et de ce changement
Vous vous consolerez assez facilement.

VALÈRE.
J'y ferai mon possible, et vous le pouvez croire.
Un coeur qui nous oublie engage notre gloire ;
Il faut à l'oublier mettre aussi tous nos soins :
Si l'on n'en vient à bout, on le doit feindre au moins ;
Et cette lâcheté jamais ne se pardonne,
De montrer de l'amour pour qui nous abandonne.

MARIANE.
Ce sentiment, sans doute, est noble et relevé.

VALÈRE.
Fort bien ; et d'un chacun il doit être approuvé.
Hé quoi ? vous voudriez qu'à jamais dans mon âme
Je gardasse pour vous les ardeurs de ma flamme,
Et vous visse, à mes yeux, passer en d'autres bras,
Sans mettre ailleurs un coeur dont vous ne voulez pas ?

MARIANE.
Au contraire : pour moi, c'est ce que je souhaite ;
Et je voudrois déjà que la chose fût faite.

VALÈRE.
Vous le voudriez ?

MARIANE.
Oui.

VALÈRE.
C'est assez m'insulter,
Madame, et de ce pas je vais vous contenter.
(Il fait un pas pour s'en aller et revient toujours.)

MARIANE.
Fort bien.

VALÈRE.
Souvenez-vous au moins que c'est vous-même
Qui contraignez mon coeur à cet effort extrême.

MARIANE.
Oui.

VALÈRE.
Et que le dessein que mon âme conçoit
N'est rien qu'à votre exemple.

MARIANE.
A mon exemple, soit.

VALÈRE.
Suffit : vous allez être à point nommé servie.

MARIANE.
Tant mieux.

VALÈRE.
Vous me voyez, c'est pour toute ma vie.

MARIANE.
A la bonne heure.

VALÈRE.
Euh ?
(Il s'en va ; et lorsqu'il est vers la porte, il se
retourne.)

MARIANE.
Quoi ?

VALÈRE.
Ne m'appelez-vous pas ?

MARIANE.
Moi ? Vous rêvez.

VALÈRE.
Hé bien ! je poursuis donc mes pas.
Adieu, Madame.

MARIANE.
Adieu, Monsieur.

DORINE.
Pour moi, je pense
Que vous perdez l'esprit par cette extravagance ;
Et je vous ai laissé tout du long quereller,
Pour voir où tout cela pourroit enfin aller.
Holà ! seigneur Valère.
(Elle va l'arrêter par le bras, et lui, fait mine
de grande résistance.)

VALÈRE.
Hé ! que veux-tu, Dorine ?

DORINE.
Venez ici.

VALÈRE.
Non, non, le dépit me domine.
Ne me détourne point de ce qu'elle a voulu.

DORINE.
Arrêtez.

VALÈRE.
Non, vois-tu ? c'est un point résolu.

DORINE.
Ah !

MARIANE.
Il souffre à me voir, ma présence le chasse,
Et je ferai bien mieux de lui quitter la place.

DORINE. Elle quitte Valère et court à Mariane.
A l'autre. Où courez-vous ?

MARIANE.
Laisse.

DORINE.
Il faut revenir.

MARIANE.
Non, non, Dorine ; en vain tu veux me retenir.

VALÈRE.
Je vois bien que ma vue est pour elle un supplice,
Et sans doute il vaut mieux que je l'en affranchisse.

DORINE. Elle quitte Mariane et court à Valère.
Encor ! Diantre soit fait de vous si je le veux !
Cessez ce badinage, et venez çà tous deux.
(Elle les tire l'un et l'autre.)

VALÈRE.
Mais quel est ton dessein ?

MARIANE.
Qu'est-ce que tu veux faire ?

DORINE.
Vous bien remettre ensemble, et vous tirer d'affaire.
Êtes-vous fou d'avoir un pareil démêlé ?

VALÈRE.
N'as-tu pas entendu comme elle m'a parlé ?

DORINE.
Êtes-vous folle, vous, de vous être emportée ?

MARIANE.
N'as-tu pas vu la chose, et comme il m'a traitée ?

DORINE.
Sottise des deux parts. Elle n'a d'autre soin
Que de se conserver à vous, j'en suis témoin.
Il n'aime que vous seule, et n'a point d'autre envie
Que d'être votre époux ; j'en réponds sur ma vie.

MARIANE.
Pourquoi donc me donner un semblable conseil ?

VALÈRE.
Pourquoi m'en demander sur un sujet pareil ?

DORINE.
Vous êtes fous tous deux. Çà, la main l'un et l'autre.
Allons, vous.

VALÈRE, en donnant sa main à Dorine.
A quoi bon ma main ?

DORINE.
Ah ! Çà la vôtre.

MARIANE, en donnant aussi sa main.
De quoi sert tout cela ?

DORINE.
Mon Dieu ! vite, avancez.
Vous vous aimez tous deux plus que vous ne pensez.

VALÈRE.
Mais ne faites donc point les choses avec gêne,
Et regardez un peu les gens sans nulle haine.
(Mariane tourne l'oeil vers Valère et fait un petit souris.)

DORINE.
A vous dire le vrai, les amants sont bien fous !

VALÈRE.
Ho çà n'ai-je pas lieu de me plaindre de vous ?
Et pour n'en point mentir, n'êtes-vous pas méchante
De vous plaire à me dire une chose affligeante ?

MARIANE.
Mais vous, n'êtes-vous pas l'homme le plus ingrat...?

DORINE.
Pour une autre saison laissons tout ce débat,
Et songeons à parer ce fâcheux mariage.

MARIANE.
Dis-nous donc quels ressorts il faut mettre en usage.

DORINE.
Nous en ferons agir de toutes les façons.
Votre père se moque, et ce sont des chansons ;
Mais pour vous, il vaut mieux qu'à son extravagance
D'un doux consentement vous prêtiez l'apparence,
Afin qu'en cas d'alarme il vous soit plus aisé
De tirer en longueur cet hymen proposé.
En attrapant du temps, à tout on remédie.
Tantôt vous payerez de quelque maladie,
Qui viendra tout à coup et voudra des délais ;
Tantôt vous payerez de présages mauvais :
Vous aurez fait d'un mort la rencontre fâcheuse,
Cassé quelque miroir, ou songé d'eau bourbeuse.
Enfin le bon de tout, c'est qu'à d'autres qu'à lui
On ne vous peut lier, que vous ne disiez «oui.»
Mais pour mieux réussir, il est bon, ce me semble,
Qu'on ne vous trouve point tous deux parlant ensemble.
(A Valère.)
Sortez, et sans tarder employez vos amis,
Pour vous faire tenir ce qu'on vous a promis.
Nous allons réveiller les efforts de son frère,
Et dans votre parti jeter la belle-mère.
Adieu.
VALÈRE, à Mariane.
Quelques efforts que nous préparions tous,
Ma plus grande espérance, à vrai dire, est en vous.

MARIANE, à Valère.
Je ne vous répons pas des volontés d'un père ;
Mais je ne serai point à d'autre qu'à Valère.

VALÈRE.
Que vous me comblez d'aise ! Et quoi que puisse oser...

DORINE.
Ah ! jamais les amants ne sont las de jaser.
Sortez, vous dis-je.

VALÈRE. Il fait un pas et revient.
Enfin...

DORINE.
Quel caquet est le vôtre !
Tirez de cette part ; et vous, tirez de l'autre.
(Les poussant chacun par l'épaule.)

 

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