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伪君子 第四幕 场景三

时间:2011-03-12来源:互联网 进入法语论坛
核心提示:Tartuffe, ou l'imposteur Molire 伪君子 莫里哀 ACTE IV. SCNE III. - Orgon, Elmire, Mariane, Clante, Dorine. ORGON. Ha ! je me rjouis de vous voir assembls : (A Mariane.) Je porte en ce contrat de quoi vous faire rire, Et vous savez dj
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Tartuffe, ou l'imposteur
Molière
伪君子
莫里哀


ACTE IV.
 
SCÈNE III. - Orgon, Elmire, Mariane, Cléante, Dorine.


ORGON.
Ha ! je me réjouis de vous voir assemblés :
(A Mariane.)
Je porte en ce contrat de quoi vous faire rire,
Et vous savez déjà ce que cela veut dire.

MARIANE, à genoux.
Mon père, au nom du Ciel, qui connoît ma douleur,
Et par tout ce qui peut émouvoir votre coeur,
Relâchez-vous un peu des droits de la naissance,
Et dispensez mes voeux de cette obéissance ;
Ne me réduisez point par cette dure loi
Jusqu'à me plaindre au Ciel de ce que je vous doi,
Et cette vie, hélas ! que vous m'avez donnée,
Ne me la rendez pas, mon père, infortunée.
Si, contre un doux espoir que j'avois pu former,
Vous me défendez d'être à ce que j'ose aimer,
Au moins, par vos bontés, qu'à vos genoux j'implore,
Sauvez-moi du tourment d'être à ce que j'abhorre,
Et ne me portez point a quelque désespoir,
En vous servant sur moi de tout votre pouvoir.

ORGON, se sentant attendrir.
Allons, ferme, mon coeur, point de foiblesse humaine.

MARIANE.
Vos tendresses pour lui ne me font point de peine ;
Faites-les éclater, donnez-lui votre bien,
Et, si ce n'est assez, joignez-y tout le mien :
J'y consens de bon coeur, et je vous l'abandonne ;
Mais au moins n'allez pas jusques à ma personne,
Et souffrez qu'un couvent dans les austérités
Use les tristes jours que le Ciel m'a comptés.

ORGON.
Ah ! voilà justement de mes religieuses,
Lorsqu'un père combat leurs flammes amoureuses !
Debout ! Plus votre coeur répugne à l'accepter,
Plus ce sera pour vous matière à mériter :
Mortifiez vos sens avec ce mariage,
Et ne me rompez pas la tête davantage.

DORINE.
Mais quoi...?

ORGON.
Taisez-vous, vous ; parlez à votre écot :
Je vous défends tout net d'oser dire un seul mot.

CLÉANTE.
Si par quelque conseil vous souffrez qu'on réponde...

ORGON.
Mon frère, vos conseils sont les meilleurs du monde,
Ils sont bien raisonnés, et j'en fais un grand cas ;
Mais vous trouverez bon que je n'en use pas.

ELMIRE, à son mari.
A voir ce que je vois, je ne sais plus que dire,
Et votre aveuglement fait que je vous admire :
C'est être bien coiffé, bien prévenu de lui,
Que de nous démentir sur le fait d'aujourd'hui.

ORGON.
Je suis votre valet, et crois les apparences :
Pour mon fripon de fils je sais vos complaisances,
Et vous avez eu peur de le désavouer
Du trait qu'à ce pauvre homme il a voulu jouer ;
Vous étiez trop tranquille enfin pour être crue,
Et vous auriez parue d'autre manière émue.

ELMIRE.
Est-ce qu'au simple aveu d'un amoureux transport
Il faut que notre honneur se gendarme si fort ?
Et ne peut-on répondre à tout ce qui le touche
Que le feu dans les yeux et l'injure à la bouche ?
Pour moi, de tels propos je me ris simplement,
Et l'éclat là-dessus ne me plaît nullement ;
J'aime qu'avec douceur nous nous montrions sages,
Et ne suis point du tout pour ces prudes sauvages
Dont l'honneur est armé de griffes et de dents,
Et veut au moindre mot dévisager les gens :
Me préserve le Ciel d'une telle sagesse !
Je veux une vertu qui ne soit point diablesse,
Et crois que d'un refus la discrète froideur
N'en est pas moins puissante à rebuter un coeur.

ORGON.
Enfin je sais l'affaire et ne prends point le change.

ELMIRE.
J'admire, encore un coup, cette foiblesse étrange.
Mais que me répondroit votre incrédulité
Si l'on vous faisoit voir qu'on vous dit vérité ?

ORGON.
Voir ?

ELMIRE.
Oui.

ORGON.
Chansons.

ELMIRE.
Mais quoi ? si je trouvois manière
De vous le faire voir avec pleine lumière ?

ORGON.
Contes en l'air.

ELMIRE.
Quel homme ! Au moins répondez-moi.
Je ne vous parle pas de nous ajouter foi ;
Mais supposons ici que, d'un lieu qu'on peut prendre,
On vous fît clairement tout voir et tout entendre.
Que diriez-vous alors de votre homme de bien ?

ORGON.
En ce cas, je dirois que... Je ne dirois rien,
Car cela ne se peut.

ELMIRE.
L'erreur trop longtemps dure,
Et c'est trop condamner ma bouche d'imposture.
Il faut que par plaisir, et sans aller plus loin,
De tout ce qu'on vous dit je vous fasse témoin.

ORGON.
Soit : je vous prends au mot. Nous verrons votre adresse,
Et comment vous pourrez remplir cette promesse.

ELMIRE.
Faites-le moi venir.

DORINE.
Son esprit est rusé,
Et peut-être à surprendre il sera malaisé.

ELMIRE.
Non : on est aisément dupé par ce qu'on aime,
Et l'amour-propre engage à se tromper soi-même.
(Parlant à Cléante et à Mariane.)
Faites-le moi descendre. Et vous, retirez-vous.


 

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