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CHAPITRE II AMY LEATHERAN(1)

时间:2023-09-28来源:互联网 进入法语论坛
核心提示:CHAPITRE IIAMY LEATHERANJe nai nulle prtentionla littrature et je nentreprends ce rcit que sur lesinstances du Dr Reilly
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CHAPITRE II

AMY LEATHERAN

Je n’ai nulle prétention à la littérature et je n’entreprends ce récit que sur les

instances du Dr Reilly. Quand le Dr Reilly vous demande quoi que ce soit,

impossible de lui refuser.

— Oh ! non, docteur ! Je ne suis pas une femme de lettres, mais, là, pas du

tout !

— Vous dites des sottises. Écrivez cela du même style que vous rédigeriez

vos bulletins de santé.

Évidemment, c’est là, si l’on veut, un moyen de trancher la difficulté.

Le Dr Reilly me fit observer qu’un compte rendu de l’affaire du Tell

Yaminjah, simple et véridique, s’imposait absolument.

— Si l’un des héros de cette histoire entreprenait de l’écrire, personne n’y

ajouterait foi. On l’accuserait de partialité.

C’était la vérité même. Quoique témoin, j’étais tout de même en dehors du

drame.

— Pourquoi ne pas vous en charger vous-même, docteur ? lui demandai-je.

— Je n’étais pas sur place et vous y étiez. En outre, soupira-t-il, ma fille s’y

oppose.

Sa façon de se plier aux caprices de cette gamine m’exaspère. J’allais le lui

dire, lorsque je remarquai un éclair dans ses yeux. Avec lui, on ne sait jamais sur

quel pied danser. Il parle toujours d’une voix lente et mélancolique, mais la

moitié du temps son regard pétille de malice.

— Bah !… Si vous y tenez, peut-être pourrai-je m’y risquer.

— Je vous le recommande vivement.

— Le hic est de savoir par où commencer.

— Tout ce qu’il y a de plus aisé ; commencez par le commencement,

continuez jusqu’à la fin et le tour sera joué.

— Je ne sais pas du tout quand et comment cela a débuté.

— Croyez-moi, mademoiselle, la difficulté de commencer n’est rien en

comparaison de celle où l’on doit s’arrêter. C’est du moins ce que j’éprouve

lorsque je fais un discours. Quelqu’un doit me tirer par mes basques pour

m’obliger à m’asseoir.

— Oh ! vous plaisantez, docteur !

— Je parle tout à fait sérieusement. Alors, que décidez-vous ?

Un autre scrupule me tourmentait. Après une courte hésitation, je lui

répondis :

— Voici… docteur… je crains d’être parfois trop personnelle dans mon

récit.

— Tant mieux ! Tant mieux ! Mettez-y du vôtre le plus possible. Conservez

toute votre personnalité. Soyez mordante, téméraire dans vos jugements, mais

relatez les faits à votre manière. Par la suite, il sera toujours temps de supprimer

les passages un peu outrés. À la besogne, donc ! Avec votre esprit pondéré, vous

nous donnerez, j’en suis sûr, un compte rendu intelligent de l’affaire.

Le sort en était jeté et je promis de faire pour le mieux.

Tout d’abord, il me semble que je dois me présenter. J’ai trente-deux ans et

me nomme Amy Leatheran. J’ai accompli mon stage d’infirmière à l’hôpital

Saint-Christophe, à Londres. Ensuite, j’ai passé deux ans dans une maternité.

Après avoir travaillé pendant quatre ans dans la maison de santé de miss Bendix,

dans le comté de Devon, je suis partie pour l’Irak avec une certaine Mrs Kelsey.

Je l’avais soignée à la naissance de son bébé. Elle accompagnait son mari à

Bagdad et avait déjà retenu là-bas une nurse pour son enfant. De tempérament

délicat, Mrs Kelsey se faisait une montagne de ce voyage avec son bébé. Aussi le

major Kelsey décida-t-il que je partirais avec eux pour prendre soin du nourrisson

pendant le trajet. Ils me paieraient mes frais de retour, à moins que nous ne

trouvions des Anglais désirant les services d’une nurse pour rentrer à Londres.

Inutile de vous dépeindre le ménage Kelsey : le bébé était un amour d’enfant

et la maman, bien que très nerveuse, me témoigna toujours une exquise

bienveillance. Le voyage me plut énormément : c’était ma première longue

traversée.

Le Dr Reilly voyageait sur le même paquebot. Cet homme, aux cheveux

noirs et à la longue figure, débitait toutes sortes de plaisanteries d’une voix basse

et mélancolique. Il prenait plaisir à me taquiner et proférait devant moi les

blagues les plus extravagantes pour voir si je les avalerais. Il était chirurgien à

l’hôpital civil d’Hassanieh, à une journée et demie de Bagdad.

Je séjournais à Bagdad depuis une semaine lorsque je le croisai en ville. Il

s’inquiéta de savoir quand je prenais congé des Kelsey. Cette demande m’étonna

fort, car Mrs Kelsey employait déjà la nurse attachée précédemment à Mr et

Mrs Wright, qui, eux, regagnaient l’Angleterre.

Il m’apprit qu’il était au courant du départ des Wright et que, pour cette

raison, il désirait connaître mes projets.

— Le fait est, mademoiselle Amy, que j’ai une situation à vous offrir.

— Chez un malade ?

Ses traits prirent une expression grave.

— Ce n’est pas ce qu’on pourrait appeler un malade. Il s’agit d’une dame

qui souffre parfois de… certaines crises.

— Oh !

(On sait ce que cela veut dire : la boisson ou la drogue.)

Le Dr Reilly s’en tint là.

— Oui, continua-t-il, une Mrs Leidner. Son mari est américain… un

Américain suédois, pour plus de précision. Il dirige une vaste entreprise de

fouilles archéologiques.

Il m’expliqua que cette expédition effectuait des recherches sur

l’emplacement d’une grande ville assyrienne comparable à Ninive. Le quartier

général était situé non loin d’Hassanieh, dans un endroit plutôt désert, et le

Pr Leidner se tourmentait depuis quelque temps au sujet de la santé de sa femme.

— Il ne m’a guère fourni de détails, mais il semblerait que Mrs Leidner soit

sujette à de fréquentes terreurs nerveuses.

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