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CHAPITRE XXIII JE DONNE DANS LES SCIENCES OCCULTES(2)

时间:2023-10-07来源:互联网 进入法语论坛
核心提示:Oh ! non ! rptai-je. Je noserais accepter un prsent dune telle valeur. Elle ne laisse aucune parente, vous le savez bie
(单词翻译:双击或拖选)

Oh ! non ! répétai-je. Je noserais accepter un présent dune telle valeur.

Elle ne laisse aucune parente, vous le savez bien. Personne, après elle, ne

se servira de ces objets.

Je comprenais fort bien sa répugnance à les voir tomber dans les petites

mains avides de Mme Mercado, ou à les offrir à miss Johnson.

Vous réfléchirez, continua-t-il sur le même ton amène. À propos, voici la

clef de lécrin à bijoux de Louise. Vous y trouverez peut-être quelque chose à

votre goût. Et je vous saurais gré demballer sa garde-robe. Le Dr Reilly en fera

don à quelques pauvres familles chrétiennes dHassanieh.

Heureuse de lui rendre ce service, jacquiesçai avec empressement à ce désir.

Aussitôt, je me mis à louvrage.

Mrs Leidner navait emporté à Tell Yaminjah que lindispensable et jeus

vite fait de trier et dempaqueter ses effets dans deux valises. Tous ses papiers

étaient enfermés dans la serviette de cuir. Lécrin contenait seulement quelques

bijoux très ordinaires : une bague ornée dune perle, une broche de diamant, un

petit collier de perles, deux broches en or et un collier dénormes grains dambre.

Bien entendu, je navais nulle intention de memparer des perles ni des

diamants, mais mon choix balança entre le collier dambre et le nécessaire de

toilette. En fin de compte, nulle raison ne sopposait à ce que jemportasse ce

dernier. Il mavait été offert très gentiment par le docteur, sans aucune arrière-

pensée, et je laccepterais dans cet esprit, repoussant davance tout faux sentiment

de fierté. Après tout, javais tout de même une certaine sympathie pour

Mrs Leidner.

Ce scrupule écarté, jemballai les valises, refermai lécrin à clef et le rangeai

de côté pour le remettre au docteur avec la photographie du père de Mrs Leidner

et un ou deux autres objets personnels de la défunte.

La chambre me parut vide et désolée lorsque jeus terminé ce travail. Il ne

restait plus rien à faire, et cependant une volonté indépendante de la mienne me

retenait dans la pièce. Il me semblait que je devais y voir ou y apprendre quelque

chose.

Je ne suis pas superstitieuse, mais jeus comme lintuition que lesprit de

Mrs Leidner flottait dans la chambre et essayait dentrer en communication avec

moi.

Je me souvins quà lhôpital quelques-unes de mes compagnes sétaient

procuré une planchette sur laquelle sinscrivaient des phrases étonnantes.

Étais-je moi-même, à mon insu, un médium ?

Parfois, limagination vous conduit à ce genre de puérilités. Je fis le tour de

la pièce, remuant les meubles, mais je ne découvris rien de caché ni de glissé

derrière les tiroirs. Inutile de chercher davantage.

Finalement (on me prendra peut-être pour une détraquée, mais en certaines

occasions on nest plus maître de ses actes), je me prêtai à une étrange

expérience : je mallongeai sur le lit, fermai les yeux, mefforçant doublier ma

personnalité et de me reporter, par la pensée, à ce fatal après-midi. Je me figurais

être Mrs Leidner se reposant dans une douce quiétude.

Il est inouï comme lon peut, parfois, se livrer à des extravagances.

Je suis une femme normale et pondérée, nullement adonnée aux sciences

occultes. Je vous affirme cependant quau bout de cinq minutes je commençai à

me sentir un peu médium. Je nopposai aucune résistance, mais au contraire

encourageai chez moi ce sentiment.

Je suis Mrs Leidner, me dis-je. Je suis Mrs Leidnerje suis étendue sur

ce lità demi endormie. Tout à lheuredans un instantla porte va souvrir.

Je ne cessai de me répéter ces phrasescomme pour mautosuggestionner.

Il est à peu près une heure et demiele moment approchela porte va

souvrirla porte va souvrirje verrai qui entrera.

Je ne détachais pas mes yeux de cette porte qui allait souvrir. Je la venais

souvriret je verrais la personne qui louvrirait.

Cet après-midi-là javais certes lesprit légèrement fatigué pour mimaginer

que je résoudrais le mystère de cette façon.

Mais je me pris à mon propre jeu. Un frisson me traversa lépine dorsale et

continua dans mes jambes. Je les sentis insensiblesparalysées.

Tu vas tomber en transe, me dis-je, et tu vas voir

De nouveau, je répétai, dune voix monotone :

La porte va souvrirla porte va souvrirLimpression

dengourdissement et de froid sintensifia dans mes membres.

Et alors, lentement, je vis la porte sentrebâiller.

Spectacle horrible !

De ma vie je navais ressenti pareille torture. Jétais paralysée, glacée

jusquau cœur, incapable de bouger, même le petit doigt.

Et jétais terrifiée. Malade et immobilisée par la peur.

Cette porte qui nen finissait pas de souvrir !

Sans aucun bruit.

Dans un instant, je verrais

Lentementlentementelle souvrait.

Bill Coleman entra dun pas tranquille.

Il faillit crier de frayeur.

Je bondis du lit en hurlant et me précipitai au milieu de la chambre.

Il demeura figé sur place, son visage rose prit une teinte plus vive encore et,

abasourdi, il ouvrit la bouche toute grande.

Eh bien ! Eh bien ! mademoiselle. Que se passe-t-il ?

Du coup, je revins à la réalité.

Mon Dieu ! monsieur Coleman ! Est-ce possible de faire peur ainsi aux

gens !

Je vous demande pardon, dit-il en esquissant un sourire.

Je remarquai alors quil portait à la main un petit bouquet de renoncules

rouges, de jolies fleurs qui croissent à létat sauvage sur le coteau du Tell.

Mrs Leidner les affectionnait particulièrement.

Il sempourpra davantage.

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