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CHAPITRE IV MON ARRIVÉE À HASSANIEH(1)

时间:2023-09-28来源:互联网 进入法语论坛
核心提示:CHAPITRE IVMON ARRIVÉE À HASSANIEHTrois jours plus tard, je quittais Bagdad.Je laissai Mrs Kelsey et son b
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CHAPITRE IV

MON ARRIVÉE À HASSANIEH

Trois jours plus tard, je quittais Bagdad.

Je laissai Mrs Kelsey et son bébé avec bien des regrets. L’enfant se portait

admirablement et devenait adorable. Le major Kelsey m’accompagna à la gare

pour me faire ses adieux. Je devais arriver le lendemain matin à Kirkouk, où

quelqu’un viendrait à ma rencontre.

Je passai une mauvaise nuit. Je ne dors jamais bien dans le train. Des

cauchemars troublèrent mon sommeil.

Le lendemain matin, cependant, quand je regardai par la fenêtre du

compartiment, il faisait un temps splendide et je sentis naître en moi une certaine

curiosité au sujet du milieu où j’allais pénétrer.

Debout sur le quai, hésitante, je jetais les yeux autour de moi, lorsque je vis

un homme s’avancer de mon côté. Le visage rond et poupin, il rappelait

étonnamment un personnage sortant d’un roman de P.-G. Wodehouse.

— Ah ! bonjour, mademoiselle ? Est-ce bien à miss Leatheran que j’ai le

plaisir de parler ? Ah ! je devine que oui. Ha ! ha ! je me nomme Coleman. Le

Pr Leidner m’a envoyé à votre rencontre. Avez-vous fait bon voyage ? Quel long

et fastidieux trajet ! Ah ! si je connais ces trains ! Enfin, vous y voici. Avez-vous

déjeuné ? C’est votre sac de voyage ? À la bonne heure, vous ne vous encombrez

pas de bagages. Ce n’est pas comme Mrs Leidner ! Il lui faut quatre valises et une

malle, sans compter la boîte à chapeaux et un oreiller breveté, et ceci, et cela, et

quoi encore ? Vous allez me prendre pour un bavard, n’est-ce pas ? Allons donc

rejoindre la vieille patache.

Dehors, nous attendait un véhicule que j’entendis dénommer un peu plus

tard « la voiture de la gare ». Cela tenait à la fois de l’omnibus, de la camionnette

et un peu de l’automobile. Mr Coleman m’aida à grimper tout en me

recommandant de m’asseoir près du chauffeur pour être moins cahotée.

Moins cahotée ! Je m’étonne encore maintenant que tout cet assemblage

hétéroclite ne se soit pas brisé en mille morceaux. En fait de route, nous suivîmes

une piste remplie d’ornières et de trous. Oh ! l’Orient de mes rêves ! Quand

j’évoquai en mon esprit nos superbes routes anglaises, la nostalgie s’empara de

moi. Mr Coleman, penché en avant, me criait dans l’oreille « Le chemin n’est pas

du tout mauvais, n’est-ce pas ? » au moment où nous venions d’être soulevés de

nos sièges pour aller donner de la tête contre le toit de la voiture. Et il avait l’air

de parler le plus sérieusement du monde !

— Ces secousses sont excellentes pour le foie. Vous devez savoir cela,

mademoiselle ?

— À quoi bon stimuler le foie quand on risque d’avoir le crâne ouvert ?

répliquai-je d’un air de mauvaise humeur.

— Vous devriez voir cela après une bonne averse ! Les freins font merveille.

À tout instant on a l’impression de chavirer.

Je m’abstins de répondre.

Peu après, nous dûmes traverser le fleuve, sur le bac le plus grotesque qu’on

puisse imaginer. Je considérai comme un miracle que nous eussions gagné l’autre

rive sains et saufs, mais chacun trouvait la chose toute naturelle.

Il nous fallut quatre heures pour gagner Hassanieh qui, à ma surprise, se

révéla une grande ville, extrêmement pittoresque. De l’endroit où nous

l’aperçûmes sur l’autre rive du fleuve, elle se dressait devant nous, toute blanche

et féerique, avec ses innombrables minarets. Nous déchantâmes quelque peu,

cependant, lorsque, une fois passé le pont, nous fîmes notre entrée. Partout des

masures menaçant ruine, des odeurs nauséabondes, de la boue et de la saleté.

Mr Coleman m’accompagna chez le Dr Reilly où, m’annonça-t-il, le docteur

m’attendait pour déjeuner.

Toujours aimable, le Dr Reilly me fit les honneurs de sa coquette habitation

où tout resplendissait de propreté. Je pris un bain délicieux, et, après avoir revêtu

mon costume d’infirmière, je descendis tout à fait reposée des fatigues du voyage.

Le déjeuner étant prêt, le docteur nous fit passer dans la salle à manger en

excusant sa fille, en retard selon son habitude.

Nous venions de terminer un plat d’œufs à la sauce lorsqu’elle parut. Le

Dr Reilly me la présenta.

— Mademoiselle Amy Leatheran, voici ma fille Sheila.

Elle me serra la main, s’informa si j’avais fait bon voyage, lança son

chapeau sur une chaise, salua froidement Mr Coleman et prit place à table.

— Eh bien ! Bill ? Comment ça va ?

J’observai la jeune fille tandis que Mr Coleman lui parlait de différents amis

qui devaient les rencontrer au club.

Je ne saurais affirmer qu’elle me plut beaucoup : je la jugeai un peu trop

dédaigneuse, à mon goût. Primesautière et plutôt jolie, elle avait les cheveux noirs

et les yeux bleus, le teint pâle et les lèvres peintes. Son parler froid et sarcastique

m’agaçait. Je me souviens d’avoir eu sous mes ordres une novice qui lui

ressemblait : son travail me donnait satisfaction, mais ses manières

m’horripilaient.

Je crus deviner que Mr Coleman en était entiché. Il bafouillait un peu et sa

conversation devint encore plus stupide qu’auparavant, si toutefois la chose était

possible ! Il me produisit l’effet d’un molosse qui agite la queue et essaie de

plaire.

Après déjeuner, le Dr Reilly nous quitta pour se rendre à l’hôpital.

Mr Coleman s’absenta pour faire quelques emplettes en ville. Miss Reilly me

demanda si je préférerais rester à la maison ou sortir. Mr Coleman ne reviendrait

me chercher que dans une heure.

— Qu’y a-t-il d’intéressant à voir ?

— Il y a certains coins assez pittoresques, répondit-elle, mais je ne sais si

vous prendrez plaisir à les visiter, car la crasse s’y étale partout.

Le ton de cette remarque m’irrita. Je ne puis, en effet, admettre que le

pittoresque excuse la saleté.

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