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CHAPITRE VIII ALERTE NOCTURNE(2)

时间:2023-09-28来源:互联网 进入法语论坛
核心提示:Cet aprs-midi-l, Mr Coleman me dit : Le fait est que tout dabord Mrs Leidner ne me plaisait gure. Elle mesautaitla gorge
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Cet après-midi-là, Mr Coleman me dit :

— Le fait est que tout d’abord Mrs Leidner ne me plaisait guère. Elle me

sautait à la gorge chaque fois que j’ouvrais la bouche pour parler. À présent, je

comprends mieux son caractère et je dois reconnaître qu’il n’existe pas de

meilleure femme au monde. On lui parle à cœur ouvert et on finit par lui raconter

toutes ses fredaines sans même s’en apercevoir. Elle en veut à mort à Sheila

Reilly. Rien d’étonnant si Sheila a fait montre envers elle, plusieurs fois, d’une

grossièreté inouïe. Cette jeune personne manque tout à fait de savoir-vivre et elle

a un caractère de chien !

Je le crus sans peine. Le Dr Reilly la gâtait de façon exagérée.

— Évidemment, elle se gobe un peu trop, parce qu’elle se sent la seule jeune

fille parmi nous ; cette particularité ne l’autorise pourtant point à traiter

Mrs Leidner comme sa grand-tante. Mrs Leidner n’est plus de la première

jeunesse, soit, mais elle est bigrement séduisante ! On dirait de ces gracieuses

nymphes qui, sortant des marécages au milieu de feux follets, vous font perdre la

tête et vous détournent de votre chemin.

Il ajouta :

— Ce n’est pas Sheila qui aurait ce pouvoir ! Elle est tout juste bonne à faire

remarquer un soupirant !

Je me souviens seulement de deux autres incidents offrant quelque intérêt.

Un jour, je me rendis au laboratoire pour y prendre de l’acétone afin

d’enlever de mes mains la matière gluante provenant du recollage des poteries.

Assis dans un coin, M. Mercado, la tête sur les bras, semblait dormir. Je pris le

flacon et l’emportai.

Ce même soir, à ma grande surprise, Mme Mercado m’entreprit.

— Est-ce vous qui avez pris le flacon d’acétone du labo ?

— Oui, c’est moi, répondis-je.

— Vous n’êtes pas sans savoir qu’on en garde toujours un flacon dans la

salle des antiquités ?

Elle me parlait d’un ton furieux.

— Tiens ! Première nouvelle !

— Je doute fort que vous ignoriez ce détail. Vous veniez simplement pour

espionner. On connaît la réputation des infirmières d’hôpital.

Je la dévisageai.

— Madame Mercado, je ne sais à quoi vous faites allusion ! répliquai-je,

avec dignité. Je vous jure que je ne suis pas venue ici pour espionner qui que ce

soit.

— Oh ! non, certes ! Alors, vous vous imaginez que je ne connais pas les

motifs de votre présence dans cette maison ?

Pendant un instant, je ne pus m’empêcher de croire que cette femme avait

bu. Je m’éloignai sans mot dire, mais cette scène me parut pour le moins étrange.

L’autre incident semblerait encore plus insignifiant. J’essayais d’attirer un

petit chien en lui tendant un morceau de pain. Timide comme tous les chiens

arabes, il s’imaginait que je lui voulais du mal. Il s’éloigna et je le suivis au-

dehors. Je venais de franchir la porte voûtée et je tournais au coin de la maison

lorsque je butai dans le père Lavigny et un autre homme avec qui il conversait. En

un clin d’œil je reconnus le personnage que Mrs Leidner et moi avions surpris en

train d’essayer de regarder par la fenêtre.

Je m’excusai et le père Lavigny sourit. Prenant congé de son compagnon, il

rentra avec moi à la maison.

— Si vous saviez à quel point je suis ennuyé ! Très versé dans l’étude des

langues orientales, je constate avec humiliation qu’aucun des ouvriers ne me

comprend ! Aussi, je tentais de parler arabe avec l’homme que vous venez de

voir. C’est un citadin et j’espérais qu’il m’entendrait mieux. Malheureusement, le

résultat n’est pas plus encourageant. Leidner prétend que j’emploie un arabe trop

classique.

Ce fut tout. Mais, après réflexion, je trouvai bizarre que ce même individu

rôdât encore autour de la maison.

Et cette nuit-là nous faillîmes mourir de peur.

Il était environ deux heures du matin. Comme toute infirmière digne de ce

nom, j’ai le sommeil très léger. J’étais éveillée et assise dans mon lit, quand ma

porte s’ouvrit.

— Nurse ! Nurse !

C’était la voix de Mrs Leidner, basse et pressante.

Je craquai une allumette et allumai la bougie.

Vêtue d’une longue robe de chambre bleue, elle se tenait debout dans

l’encadrement de la porte, pétrifiée de terreur.

— Il y a quelqu’un… quelqu’un dans la chambre voisine de la mienne. Je

l’ai entendu gratter sur le mur.

Je sautai à bas de mon lit et vins près d’elle.

— N’ayez pas peur, madame, je suis ici. Calmez-vous !

— Allez chercher Éric ! murmura-t-elle.

Je courus frapper à la porte de la chambre de son mari. Au bout d’une

minute, il nous rejoignait. Mrs Leidner était assise sur mon lit, haletante

d’émotion.

— Je l’ai entendu, répéta-t-elle. Je l’ai entendu… gratter sur le mur.

— Quelqu’un dans la salle des antiquités ? s’écria le Dr Leidner.

Il se précipita hors de la pièce. J’entrevis en un éclair la façon tout à fait

différente dont ces deux êtres avaient réagi : les craintes de Mrs Leidner étaient

tout à fait personnelles, tandis que le docteur songeait avant tout à ses précieux

trésors.

— La salle des antiquités ! soupira Mrs Leidner. Bien sûr !… Que je suis

sotte !

Se levant et se drapant dans sa robe de chambre, elle me pria de la suivre.

Toute trace de sa panique avait disparu.

En arrivant dans la salle des antiquités, nous vîmes le Dr Leidner et le père

Lavigny. Celui-ci, ayant également entendu un bruit, s’était levé pour se rendre

compte et avait cru apercevoir une lumière dans la salle des antiquités. Il s’était

attardé à enfiler ses pantoufles, puis à se munir d’une lampe de poche, et ne vit

personne ; de plus, ainsi que chaque nuit, la porte de cette salle était fermée à clef.

Tandis qu’il s’assurait que rien ne manquait, le docteur l’avait rejoint.

Impossible d’en apprendre davantage. La porte extérieure était également

fermée à clef. Le gardien jura que personne n’avait pu entrer du dehors ; mais

comme on ne pouvait être assuré qu’il ne s’endormait pas au cours de la nuit, sa

déposition ne prouvait rien. On ne releva cependant aucune trace de pas, ni

aucune empreinte et rien n’avait été enlevé, ni déplacé.

Peut-être Mrs Leidner s’était-elle alarmée en entendant le bruit causé par le

père Lavigny lorsqu’il déplaça les boîtes des étagères, afin de vérifier si rien n’y

manquait, car il déclara avoir d’abord entendu des pas sous sa fenêtre et ensuite

vu de la lumière dans la salle des antiquités.

Personne d’autre n’avait rien vu, ni rien entendu.

Cet incident eut pour moi une conséquence importante, car il décida

Mrs Leidner à me faire, le lendemain, des confidences.

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