老舍《她的失败》( L’échec d’une femme)
北风吹着阵阵的寒云,把晴明的天日都遮住。这洁净的小屋中,才四点多钟,已觉得有些黑暗。
她坐在椅子上,拿着解放杂志翻来覆去的看,但是始终没有看清那一段什么话。时时掩了书,对着镜子,呆呆的坐着。
她的一举一动,都像受了“无聊”的支配,时时仿佛听见皮鞋橐槖的声音,她却懒得向院中去看,以为这个声音,决不是假的,也决不是旁人。
Le vent du nord chassait devant lui des vagues de nuages qui obscurcissaient le ciel en ce jour ensoleillé. Il était à peine plus de quatre heures, mais il faisait déjà sombre dans la petite maison.
Assise sur une chaise, elle avait lu en entier la revue de la libération, mais, finalement, n’avait pas compris ce dont il était question. L’ouvrage refermé, elle restait assise là, face au miroir, le regard dans le vague.
Tout son être semblait mu par l’ennui ; à un moment, cependant, il lui sembla entendre des chaussures de cuir résonner dans la cour, mais c’est sans hâte qu’elle alla jeter un coup d’œil dans la cour, pensant que ce bruit était sans doute réel, mais que ce n’étaient pas les gens d’à côté.
拍拍的打门,小狗儿汪汪的乱叫,这冷淡的院子,才稍微有些活气。
“兰香,看看谁打门呢?”
“或者是送信的吧!”兰香答应这句话很诚恳。
兰香进来,一边走,一边念:“普安寺十五号 秦心鸢女士秋缄。”
她赶紧站起来,接过信,不知怎样就拆开了,这是兰香看惯的,但是极注意她脸上的颜色。
她脸上忽然红了,又渐渐的灰白,很不愿意拿自己的感情,去激动别人,就面向着里说:“兰香你快泡茶去吧。”
Quelqu’un frappa à la porte, le petit chien se mit à aboyer frénétiquement, et la cour sortit enfin un peu de sa torpeur.
« Lanxiang, tu vas voir qui a frappé ?
« C’est peut-être le facteur qui apporte une lettre ! » répondit Lanxiang d’un ton très direct.
Ellerentra en lisant à haute voix : « Monastère de Pu’an numéro quinze, mademoiselle Qin Xinyuan, courrier d’automne. »
Elle se leva très vite pour prendre la lettre, sans trop savoir comment l’ouvrir ; Lanxiang était habituée à la voir ainsi, mais remarqua tout particulièrement l’expression de son visage.
Elle avait soudain rougi, puis peu à peu retrouvé son teint blême ; n’ayant aucun désir, en montrant ses sentiments, de semer le trouble autour d’elle, elle détourna la tête pour dire : « Lanxiang, va vite préparer du thé. »
她扶着椅子,不知想些什么,只看见镜里的灰白面孔,一阵阵的冷笑,她忽然像发狂的样子说:“我为什么要受他的驱使?我为什么要热心协助他,甚且要嫁他?”她软软的坐下。
好大半天,院中家雀,正在啁啁啾啾叫的高兴,忽然全飞了。兰香拿着茶碗进来。
“兰香!你知道宇宙间,也有热心作事的过错吗?这良心,是要寄在条规上吗?”这时候,兰香仿佛是天上降下来的神女。
“姑娘!那天我上街,见着了他,他说‘你们姑娘,实在诚实,只是少了些修饰,而且有点粗心,’姑娘!你的信,许我看看吗?”
“兰香!你替我看完了吧!”
“啊哟!姑娘!不但少些句子修饰,这天真烂漫,也是败事的根呢!”
Appuyée sur le dossier de la chaise, et ne sachant que penser, elle restait là, à regarder son visage blême dans le miroir, lorsque soudain elle eut un rire sarcastique et s’écria comme prise de folie : « Et pourquoi donc devrais-je me soumettre à ses pressions ? pourquoi accepter avec enthousiasme de lui rendre service, voire aller jusqu’à l’épouser ? » Et elle se rassit doucement.
Dans la cour, la journée, il y avait des bandes de moineaux qui piaillaient joyeusement à tue-tête ; ils s’envolèrent tous d’un coup et Lanxiang entra en apportant le thé.
« Lanxiang, tu sais, je crois que, dans l’univers, on commet des fautes en se laissant aller à l’enthousiasme. Faut-il laisser ma conscience être prisonnière des règles ? »
Lanxiang était comme une immortelle tombée des cieux.
« Mademoiselle, l’autre jour, je l’ai rencontré dans la rue : " Vous, mesdemoiselles, m’a-t-il dit, il est vrai que vous êtes irréprochables, mais il vous manque quelques ornements, vous êtes vraiment trop négligentes." Mademoiselle, me permettez-vous de lire votre lettre ? »
« Tiens, Lanxiang, lis-là pour moi ! »
« Ah lala, mademoiselle, mais elle ne manque pas seulement de quelques ornements de phrases, c’est d’un style candide et ingénu, voilà la source même de votre échec ! »