La ville de Blois était désolée par une grande disette. Un homme riche, voulant soulager ceux qui avaient le plus besoin de secours, réunit chez lui vingt enfants des plus pauvres familles. Il fit apporter une grande corbeille et leur dit:—Il y a là-dedans vingt pains, vous en aurez chacun un, partagez-vous-les dès à présent. Chaque jour vous en trouverez autant ici à la même heure.
A ces mots, les enfants se précipitèrent vers la corbeille et se disputèrent à qui aurait le pain le plus gros et le mieux cuit. Quand chacun eut le sien, ils se retirèrent sans remercier leur bienfaiteur; il ne resta dans la salle que la petite Fanny, qui s'était tenue à l'écart; elle s'approcha alors de la corbeille, prit le pain qui avait été dédaigné par tous les autres, puis elle alla baiser la main de l'homme généreux qui le lui donnait, se retira tranquillement, et porta ce pain à sa mère qui était malade, pour le partager avec elle.
Le lendemain, les choses se passèrent de même, mais le pain qui resta à Fanny était de moitié plus petit que les autres. Elle le prit sans murmurer, remercia le bienfaiteur comme la veille, et remit le pain à sa mère. Lorsque celle-ci l'entama, elle en vit sortir une grande quantité de pièces d'argent.—Va les rapporter, dit-elle à Fanny, c'est sans doute par accident que cet argent se trouve dans le pain.