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CHAPITRE XV POIROT SUGGÈRE UNE IDÉE(2)

时间:2023-10-07来源:互联网 进入法语论坛
核心提示:Mon ami, prenons notre temps. Dans un crime comme celui-ci, tout doittre envisag avec ordre et mthode. Quelle que soit
(单词翻译:双击或拖选)

Mon ami, prenons notre temps. Dans un crime comme celui-ci, tout doit

être envisagé avec ordre et méthode. Quelle que soit laffaire qui moccupe, je ne

méloigne jamais de cette règle. Ayant écarté plusieurs éventualités, nous arrivons

à un point très important. Il est essentiel de jouer cartes sur table. Rien ne doit

demeurer caché.

Cest entendu, dit le Dr Reilly.

Voilà pourquoi jexige toute la vérité, poursuivit Poirot.

Le Dr Leidner le regarda avec étonnement.

Je vous assure que jai tout révélé, absolument tout ce que je savais. Je ne

vous cache rien.

Docteur Leidnerréfléchissez bienvous ne mavez pas dit tout.

Mais si ! Aucun détail ne ma échappé.

Il paraissait angoissé.

Poirot hocha la tête.

Vous ne mavez pas expliqué, par exemple, pourquoi vous avez installé

miss Leatheran dans la maison.

Le Dr Leidner parut décontenancé.

Je vous lai déjà déclaréLa nervosité de ma femmeses peurs

Poirot se pencha en avant. Dun geste lent, il leva et abaissa son index.

Non, non et non ! Il existe une autre raison. Votre femme court un danger,

on la menace de mort. Vous faites venirnon pas la police, ni même un

détective privémais une nurse ! Cela nest pas clair !

JeJeJe pensais

Le rouge lui montant aux joues, le docteur sinterrompit brusquement.

Poirot lencouragea :

Ah ! nous arrivons au fait. Que pensiez-vous ?

Le docteur demeurait silencieux.

Vos déclarations me semblent jusquici très plausibles, sauf cette question

de la nurse. Pourquoi une nurse ? Il ne saurait y avoir quune seule réponse.

Personnellement, vous ne croyiez pas votre femme en danger.

Poussant un cri, le Dr Leidner seffondra :

Dieu me pardonne ! murmura-t-il. Cest vrai, je ne la croyais pas en

danger !

Poirot lobservait avec la même attention quun chat surveillant un trou de

sourisprêt à bondir dès que la bestiole se montrera.

Alors, que croyiez-vous ? demanda-t-il.

Je nen sais rienJe nen sais rien

Mais si, vous le savez. Vous le savez même parfaitement, je puis peut-être

vous aiderDites-moi si je me trompe, docteur Leidner, ne soupçonniez-vous

pas votre femme davoir écrit elle-même ces lettres ?

À quoi bon répondre ? Poirot navait deviné que trop juste. Levant la main

comme pour implorer pitié, le Dr Leidner avouait sa détresse.

Je poussai un soupir. Ainsi, ma supposition était la bonne. Je me souvins du

ton bizarre dont le Dr Leidner mavait demandé ce que je pensais de toute cette

histoire. Je hochai pensivement la tête et soudain je me rendis à lévidence : lœil

de M. Poirot se braquait sur moi.

Vous aussi, nurse, vous lavez cru également ?

Oui, répondis-je en toute franchise, cette idée métait venue.

Pour quelle raison ?

Je lui fis ressortir la similitude entre lécriture des lettres anonymes et celle

de lenveloppe que mavait montrée Mr Coleman.

Poirot se tourna vers le Dr Leidner.

Ainsi, vous aviez remarqué une ressemblance entre les écritures ?

Le docteur baissa la tête.

Oui, je lavoue. Lécriture paraissait plus petite et plus serrée que celle de

Louise, dordinaire grande et espacée, mais plusieurs signes étaient formés de la

même manière. Je vais vous le montrer.

Dune poche intérieure de son veston, il tira quelques lettres et en choisit une

quil tendit à Poirot. Cétait une lettre que lui avait écrite sa femme. Poirot la

compara soigneusement avec les lettres anonymes.

En effet, murmura-t-il. Dans les deux cas, les s et les e se ressemblent. Je

ne suis pas un expert en graphologie et noserais me prononcer à coup sûr (du

reste, je nai jamais vu deux graphologues saccorder sur un point quelconque),

mais, en attendant, je puis affirmer que lanalogie entre les deux écritures reste

frappante. Il est probable que toutes ont été écrites par la même personne.

Cependant, rien nest certain et ne nous hâtons pas de conclure sans preuves.

Se renversant sur le dossier de sa chaise, il ajouta dun air pensif :

Trois hypothèses soffrent à nous : premièrement, la similitude des

écritures nest que pure coïncidence ; deuxièmement, ces lettres de menaces ont

été écrites par Mrs Leidner pour quelque raison inconnue de nous ; ou bien,

troisièmement, par une autre personne qui, intentionnellement, a imité lécriture

de Mrs Leidner. Dans quel dessein ? Je ne le discerne pas. En tout cas, lune de

ces trois suppositions doit être la bonne.

Il réfléchit un instant, puis, se tournant vers le Dr Leidner, il lui demanda, de

son air toujours préoccupé :

Lorsque vous avez suspecté Mrs Leidner dêtre lauteur de ces lettres,

quavez-vous pensé ?

Le docteur hocha la tête :

Jai chassé de mon esprit cette monstrueuse idée.

Y avez-vous cherché une explication ?

Je me suis demandé si le souvenir lancinant du passé avait affaibli le

cerveau de ma femme. Jai supposé quelle pouvait avoir écrit ces lettres sans en

avoir conscience. Hypothèse encore possible, nest-ce pas ? demanda-t-il en

sadressant au Dr Reilly.

Celui-ci fit une moue et répondit vaguement :

On peut sattendre à tout du cerveau humain.

Puis il lança un coup dœil entendu à Poirot qui, comme pour obéir à son

injonction, poursuivit :

Les lettres ne manquent pas dintérêt, déclara-t-il, mais nous ne devons

pas nous arrêter là. Selon moi, trois solutions se présentent.

Trois ?

Oui. Première solution, la plus simple. Le premier mari de votre femme

est encore vivant. Il lui adresse des menaces, puis les met à exécution. Si nous

acceptons cette version, notre tâche consiste à découvrir comment il a pu entrer et

sortir sans être vu.

« Deuxième solution : Mrs Leidner, pour des raisons personnelles (raisons

sans doute plus faciles à comprendre pour un praticien que pour un profane)

sécrit à elle-même des lettres de menaces. Cette asphyxie par le gaz serait

échafaudée par elle (si vous vous souvenez, cest elle qui vous a réveillé en

attirant votre attention sur lodeur du gaz). Cependant, si Mrs Leidner sécrivait

ces lettres, elle ne courait aucun danger de la part de lauteur présumé de cette

correspondance. Il convient donc de chercher ailleurs lassassin, à savoir parmi

les membres de votre expédition. Oui, telle est la seule conclusion logique,

proféra-t-il, devant les protestations du Dr Leidner.

« Un deux la tuée par vengeance personnelle. Cette personne devait être au

courant des lettresou du moins savait que Mrs Leidner craignait ou prétendait

craindre quelquun. Ce fait, dans lesprit du meurtrier, lui permettait dagir

impunément. Davance il était sûr quon accuserait le mystérieux auteur des

lettres de menaces.

« Une variante de cette dernière solution consisterait à admettre que le

meurtrier, connaissant le passé de Mrs Leidner, aurait lui-même écrit les lettres.

Mais en ce dernier cas, pourquoi le criminel aurait-il imité lécriture de

Mrs Leidner, puisquil égarait les soupçons en laissant supposer que ces lettres

venaient du dehors ?

« La troisième hypothèse est, à mon avis, la plus intéressante. Jinclinerais à

croire que ces lettres de menaces proviennent du premier mari de Mrs Leidner

ou de son jeune frère qui doit, effectivement, faire partie de lexpédition.

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