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CHAPITRE XVIII LE THÉ CHEZ LE Dr REILLY(4)

时间:2023-10-07来源:互联网 进入法语论坛
核心提示:Un prjug stupide exige quon se taise devant la mort. La vrit restetoujours la vrit. Et, tout bien pes, mieux vaudrait n
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Un préjugé stupide exige quon se taise devant la mort. La vérité reste

toujours la vérité. Et, tout bien pesé, mieux vaudrait ne pas médire des vivants,

car on risque de leur nuire. Les morts sont au-dessus de ces contingences.

Nempêche que les conséquences du mal commis par eux de leur vivant

subsistent parfois après leur disparition. Miss Leatheran vous a-t-elle fait part du

malaise qui planait sur Tell Yaminjah ? Vous a-t-elle dit à quel point tout le

monde paraissait agité et soupçonneux ? Tout cela, par la faute de Louise Leidner.

Il y a trois ans, lorsque je nétais encore quune fillette, il me plaisait de voir tous

les membres de lexpédition si gais et si heureux. Même lannée dernière, tout

marchait assez bien. Mais cette saison, un nuage pesait sur le groupe à cause

delle. Elle appartenait à ce genre de femmes qui ne souffrent pas le bonheur

autour delles. Elle éprouvait le besoin de semer la brouille, soit par plaisir ou par

désir de dominerou peut-être simplement parce quelle était ainsi faite. De

plus, elle accaparait tous les hommes autour delle.

Miss Reilly, mécriai-je, vous vous trompez. Je proteste contre vos

propos !

Elle reprit, sans tenir compte de ma remarque :

Non contente davoir un mari qui ladorait, il fallait quelle tournât la tête

à cet imbécile de Mercado. Ensuite, elle jeta son dévolu sur Bill. Un type

raisonnable, Bill, mais elle est tout de même parvenue à léblouir. Quant à Carl

Reiter, elle prenait un malin plaisir à le tourmenter. Elle avait beau jeu, ce garçon

est timide et rougit comme une fille !

« Elle obtint moins de succès auprès de David. Celui-ci reconnaissait le

charme de la femme, mais savait y résister. Il se rendait pleinement compte

quelle était dépourvue de toute sentimentalité. Nullement en quête dintrigues

amoureuses, elle samusait avec le cœur des hommes et dressait les gens les uns

contre les autres. Elle sy entendait à merveille ! De sa vie, elle neut de dispute

avec personne, mais que de querelles naissaient à cause delle ! Il lui fallait des

drames, à condition de ne pas y être mêlée. Tapie dans lombre, elle tirait les

ficelles et riait des souffrances dautrui. Vous saisissez, nest-ce pas, monsieur

Poirot ?

Peut-être plus que vous ne pensez, mademoiselle.

Le petit vieux ne sindignait pas, mais sa voix recelaitquoi ? Je ne puis

vous lexpliquer.

Cependant, Sheila Reilly le comprit mieux que moi, car son visage

sempourpra aussitôt.

Pensez-en ce que vous voudrez, dit-elle, mais je vous lai dépeinte telle

quelle était en réalité. Cette femme intelligente sennuyait, alors, pour passer le

temps, elle expérimentait sur des êtres humains, tout comme dautres le font sur

des produits chimiques. Elle se plaisait à exaspérer les sentiments de la pauvre

miss Johnson qui, chaque fois, mordait à lhameçon, mais savait se dominer. Elle

excitait la petite Mercado et la mettait dans de terribles colères. Elle me blessait

au vifet javoue que jy donnais prise à tout instant ! Elle semployait à

connaître les torts de chacun et les servait au moment opportun. Elle nexerçait

pas de chantage proprement dit : elle se contentait de faire savoir aux gens ce

quelle savait sur leur compte et de les laisser dans le doute sur ses intentions.

Ah ! cette femme était vraiment artiste et sy prenait avec une rare délicatesse !

Et son mari ? demanda Poirot.

Elle le traitait avec beaucoup dégards et de gentillesse, prononça

lentement miss Reilly. Elle paraissait beaucoup laimer. Cest un homme

charmant, continuellement accaparé par ses travaux darchéologie. Il adorait

Louise et la mettait sur un piédestal. Certaines femmes en eussent été ennuyées

pas elle ! Quant à lui il vivait dans une complète béatitude, et il sestimait heureux

parce que sa femme remplissait son idéal. Dautre part, il est bien difficile de

concilier cette confiance avec

Continuez, je vous en prie, mademoiselle, insista Poirot.

Elle se tourna soudain vers moi.

Quavez-vous dit à M. Poirot au sujet de Richard Carey ?

Au sujet de Mr Carey ? demandai-je, étonnée.

Oui, à propos de Mrs Leidner et Mr Carey ?

Ma foi, jai dit quils ne sentendaient guère

À ma surprise, elle éclata de rire.

Ils ne sentendaient guère ! Quelle naïveté ! Il était follement épris delle

et en souffrait beaucoup, étant donné sa vieille amitié pour Leidner. Cette seule

raison suffisait pour quelle sinterposât entre ces deux hommes. Toutefois,

jimagine que

Eh bien ?

Absorbée dans ses pensées, elle fronça le sourcil :

Jimagine que, pour une fois, poussant les choses trop loin, elle sest

laissé prendre à son propre piège ! Carey est un homme séduisant au possible

Elle agissait dordinaire à froid, mais avec lui elle senflamma comme une torche.

Ces accusations, mademoiselle, sont simplement scandaleuses, protestai-

je. Que dites-vous là ? Ils se parlaient à peine !

Ah ! vraiment ? On voit que vous ny connaissez rien. Dans la maison,

cétaient des « Mr Carey » par-ci, « Mrs Leidner » par-là, mais ils se donnaient

rendez-vous dehors. Elle descendait le sentier jusquau Tigre. Au même moment,

il quittait le chantier et ne revenait quau bout dune heure. Dhabitude, la

rencontre avait lieu parmi les arbres fruitiers.

« Un jour, je le vis prendre congé delle et revenir à grandes enjambées vers

les fouilles, tandis quelle le regardait séloigner. Accusez-moi dinfamie si vous

voulez, mais javais des jumelles dans mon sac et men suis servie pour observer

lexpression de son visage. Croyez-men : elle était entichée de Richard Carey

Elle sinterrompit et sadressa à Poirot :

Excusez-moi dempiéter sur vos fonctions, monsieur Poirot, proféra-t-elle

avec un rire forcé, mais vous me saurez peut-être gré de vous avoir donné

lexacte couleur locale.

Dun pas ferme, elle quitta la salle à manger.

Monsieur Poirot ! mécriai-je, je ne crois pas un mot de tous ces

racontars.

Il me considéra avec un sourire et dit dune voix bizarre :

Vous ne nierez tout de même pas, ma sœur, que la version de miss Reilly

a jeté quelque lumière sur cette affaire ?

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