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CHAPITRE XX Miss JOHNSON, Mme MERCADO, Mr REITER(4)

时间:2023-10-07来源:互联网 进入法语论坛
核心提示:Ces paroles, madame, renferment une bonne part de vrit. En ralit, tout ce quon vous a racont est faux. Nous vivions tou
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Ces paroles, madame, renferment une bonne part de vérité.

En réalité, tout ce quon vous a raconté est faux. Nous vivions tous ici en

famille, très heureux.

Cette femme ment avec une audace inouïe ! mexclamai-je, indignée,

lorsque M. Poirot et moi, ayant quitté la maison, suivions le sentier qui conduisait

à lexcavation. Je suis persuadée quelle haïssait Mrs Leidner de toute son âme !

Ce nest pas à elle quil faut sadresser pour connaître la vérité, acquiesça

Poirot.

On perd son temps à linterroger, appuyai-je.

Pas tout à faitPas tout à faitSi les lèvres dune personne mentent,

souvent ses yeux proclament la vérité. De quoi a-t-elle peur, cette petite

Mme Mercado ? Jai discerné de la frayeur dans ses prunelles. Décidément, elle

redoute quelque chose. Elle mintéresse beaucoup.

Jai une confidence à vous faire, monsieur Poirot.

Je lui racontai les incidents de mon retour la veille au soir et lui dis que je

soupçonnais fort miss Johnson dêtre lauteur des lettres anonymes.

Encore une fieffée menteuse, celle-là ! mexclamai-je. Avec quel sang-

froid elle vous a répondu ce matin au sujet de ces lettres.

Oui, dit Poirot. Sa déclaration est également fort intéressante. À son insu,

elle ma laissé entendre quelle était parfaitement au courant de ces lettres

anonymes. Or, jusquici, personne nen a parlé devant le personnel. Il est possible

évidemment que le Dr Leidner lui en ait touché un mot hier, lui et elle sont de

vieux amis. Sinon, le fait est plutôt curieux, nest-ce pas ?

Poirot monta de cent coudées dans mon estime. Avec quelle ruse il avait

amené cette femme à lui parler des lettres !

Allez-vous la questionner là-dessus ? demandai-je.

M. Poirot fut scandalisé de ma suggestion.

Non ! Non ! Il est toujours imprudent détaler son savoir. Jusquà la

dernière minute, je garde tout ici. (Il se frappa le front.) Au moment propice, je

bondis comme la panthèreet, mon Dieu ! je sème la consternation autour de

moi !

Je ne pus réprimer un sourire en imaginant M. Poirot dans le rôle de la

panthère.

À cet instant, nous arrivions au chantier. La première personne que nous

vîmes fut Mr Reiter, occupé à photographier des murailles en ruines.

Selon moi, les hommes qui creusaient, taillaient des murs à lendroit où ils

désiraient en voir. En tout cas, cela en avait bien lair. Mr Carey mexpliqua que

sous la pioche on sentait tout de suite la différence. Il essaya de me le prouver,

mais en pure perte. Lorsque le terrassier annonçait Libn (mur de terre), moi, je ne

voyais que de la poussière et de la terre ordinaire.

Mr Reiter, clichés pris, remit son appareil et les châssis à son boy en lui

recommandant de les apporter à la maison.

Poirot lui posa quelques questions techniques sur la photographie,

auxquelles il répondit avec empressement, heureux quon sintéressât à son

travail.

Au moment où il sexcusait de devoir nous quitter, Poirot aborda le sujet qui

lui tenait à cœur. En réalité, ces questions nétaient point étudiées à lavance ;

elles variaient suivant le caractère de lindividu à qui elles étaient posées. Je ne

mastreindrai point à les transcrire entièrement chaque fois. Avec des personnes

sensées et raisonnables comme miss Johnson, il allait droit au but ; avec certaines

autres, il jugeait préférable de tourner autour du pot, mais, en définitive, il arrivait

toujours à ses fins.

Oui, oui, je vois ce que vous me demandez, dit Mr Reiter, mais, en

réalité, je ne sais en quoi je puis vous être utile. Cest ma première saison ici et

jai à peine adressé la parole à Mrs Leidner. Excusez-moi, mais je ne puis vous

fournir dautre renseignement.

Je discernai une certaine raideur dans son élocution ; pourtant on ne lui

trouvait pas daccent étrangersauf laccent américain, cela va de soi.

Vous pourriez du moins me dire si vous laimiez ou la détestiez ? dit

M. Poirot avec un sourire.

Mr Reiter rougit et balbutia :

Cétait une personne charmante et très intelligente. Elle avait beaucoup

desprit.

Bien. Vous laimiez. Vous aimait-elle ?

Les joues de Mr Reiter sempourprèrent davantage.

Oh ! je ne crois pas quelle sinquiétait beaucoup de ma personne. Une ou

deux fois, je voulus lui rendre service et ne réussis pas. Ma maladresse semblait

lexaspérerJétais pourtant animé des meilleures intentionsJaurais fait

nimporte quoi

Poirot prit en pitié lembarras de cet homme.

ParfaitementParfaitementPassons à un autre sujet. Lambiance de la

maison était-elle agréable ?

Plaît-il ?

VoyonsÉtiez-vous tous heureux ? Aimiez-vous à rire et à bavarder ?

Nonnonce nest pas tout à fait cela. Il régnait une certaine

tension

Il fit une pause, sembla lutter avec soi-même et continua :

De nature timide et gauche, je ne brille guère en société. Le Dr Leidner

ma toujours témoigné une grande bonté, maiscest stupide, je narrive pas à

surmonter ma timidité. Je dis les choses quil ne faut pas, je renverse les pots à

eau. En somme, je nai pas de chance.

Il avait en effet, lair dun grand garçon empoté.

Cest le lot de tous les jeunes gens, dit Poirot en souriant. Le sens de la

mesure et le savoir-faire, tout cela vous vient plus tard.

Avec un mot dadieu, nous poursuivîmes notre chemin.

Poirot me dit :

Celui-là, ma sœur, est un jeune homme simpliste, ou un comédien

consommé.

Je ne répondis point, absorbée de nouveau par la troublante idée que dans

notre entourage existait un assassin dangereux et maître absolu de ses nerfs. Par

cette éclatante matinée pleine de soleil, un tel monstre me paraissait irréel.

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