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CHAPITRE XX Miss JOHNSON, Mme MERCADO, Mr REITER(3)

时间:2023-10-07来源:互联网 进入法语论坛
核心提示:Je ne saurais laffirmer, dit miss Johnson dun air pensif. Il est vraiquelle saventurait souvent du ct des fouilles. Lau
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— Je ne saurais l’affirmer, dit miss Johnson d’un air pensif. Il est vrai

qu’elle s’aventurait souvent du côté des fouilles. L’autre jour, Mrs Leidner

taquinait à ce propos David Emmott et disait que la jeune Sheila courait après

lui… Plaisanterie de mauvais goût, à mon sens, et qui n’eut pas l’heur de plaire

au jeune homme. Oui, Sheila venait souvent ici. En ce fatal après-midi, je l’ai vue

arriver à cheval dans la direction du chantier. D’un mouvement de tête, elle

désigna la fenêtre ouverte. Mais ni David Emmott ni Coleman n’y travaillaient ce

jour-là. Richard Carey surveillait les fouilles. Peut-être est-elle attirée par un de

ces jeunes gens… mais c’est une gamine si moderne et si peu sentimentale qu’il

est impossible de la prendre au sérieux. En tout cas, je ne pourrais vous dire

lequel des deux lui plaît davantage : Billy est un excellent garçon, pas si bête qu’il

en a l’air. Quant à David Emmott, c’est la crème des hommes… brave et honnête.

Elle regarda curieusement Poirot et continua :

— Quel rapport cette histoire a-t-elle avec le crime, monsieur Poirot ?

M. Poirot lança ses mains en l’air d’une manière toute française :

— Vous me faites rougir, mademoiselle. Vous allez me faire passer pour un

vulgaire bavard. Mais, que voulez-vous ? je m’intéresse toujours aux affaires

sentimentales des jeunes gens.

Miss Johnson poussa un léger soupir.

— Tout cela est très joli lorsque rien ne vient troubler leur amour.

Poirot répondit par un soupir. Je me demandais si miss Johnson évoquait en

ses souvenirs un amour contrarié au cours de sa jeunesse… J’aurais voulu savoir

si M. Poirot était marié et si, comme on le prétend au sujet des étrangers, il avait

des maîtresses. Cet homme me paraissait si comique que je ne pouvais imaginer

pareille chose.

— Sheila Reilly ne manque pas de caractère, observa miss Johnson. Elle est

jeune et mal élevée, mais au fond c’est une honnête fille.

— Je vous crois sur parole, mademoiselle.

Poirot se leva et ajouta :

— Y a-t-il dans la maison d’autres membres du personnel ?

— Marie Mercado doit s’y trouver. Tous les hommes sont allés au chantier :

on eût dit que tous désiraient s’éloigner. Je ne leur en fais point reproche. Si vous

voulez que je vous accompagne aux fouilles…

Elle entra dans la véranda et me dit :

— Miss Leatheran se fera peut-être un plaisir de vous y conduire ?

— Oh ! certainement, miss Johnson, lui répondis-je.

— Et vous reviendrez déjeuner avec nous, n’est-ce pas, monsieur Poirot ?

— Enchanté, mademoiselle.

Miss Johnson regagna la salle commune où elle se livrait à un travail de

classement.

— Mme Mercado est sur la terrasse, dis-je à M. Poirot. Désirez-vous lui

parler avant de sortir ?

— Pourquoi pas ? Montons, si vous voulez bien.

Comme nous grimpions l’escalier, je confiai à mon compagnon :

— Je vous ai obéi en tout point. Avez-vous entendu quelque chose ?

— Pas un son.

— Voilà qui soulagera la conscience de cette pauvre miss Johnson, dis-je.

Elle craignait de n’avoir pas fait le nécessaire lorsqu’elle a entendu un cri.

Assise sur la balustrade, Mme Mercado, la tête penchée en avant, était si

profondément plongée dans ses pensées qu’elle ne nous entendit pas venir.

Lorsque Poirot s’arrêta devant elle et lui souhaita le bonjour, elle leva la tête

et sursauta.

Je lui trouvai mauvaise mine, les traits tirés et de grands cernes sombres

autour des yeux.

— Encore moi, dit Poirot. Je viens aujourd’hui vous voir pour une raison

toute spéciale.

Et il lui tint à peu près le même langage qu’à miss Johnson, lui démontrant

qu’il était nécessaire de lui fournir de Mrs Leidner un portrait aussi fidèle que

possible.

Mme Mercado, n’étant pas aussi franche que miss Johnson, se répandit en

louanges opposées à sa pensée.

— Chère Louise ! Comment expliquer son caractère à qui ne l’a pas

connue ? Un être si énigmatique, qui ne ressemblait à personne. Elle a dû vous

produire cette impression, n’est-ce pas, mademoiselle ? Esclave de ses nerfs et de

ses caprices, elle était sujette à des moments d’humeur ; mais on lui pardonnait

tout. Elle était si aimable envers tout le monde, et si modeste avec cela ! Ignorant

tout de l’archéologie, elle ne cherchait qu’à apprendre. Constamment, elle se

renseignait auprès de mon mari sur les procédés chimiques pour le traitement des

objets en métal, et prêtait la main à miss Johnson pour le recollage des poteries !

Oh ! tous nous ressentions envers elle une vive affection.

— Alors, ce qu’on m’a dit n’est pas vrai, madame ? On a prétendu, en effet,

qu’il planait sur cette maison une atmosphère de gêne et de suspicion.

Mme Mercado écarquilla ses yeux noirs et opaques.

— Oh ! qui donc a pu tenir devant vous de pareils propos ? Miss Leatheran ?

Le Dr Leidner ? Ce pauvre homme, j’en suis certaine, ne s’est jamais rendu

compte de rien.

Elle me décocha un coup d’œil hostile.

Un sourire béat éclaira le visage de M. Poirot.

— J’ai mes espions, madame, déclara-t-il d’un ton enjoué.

L’espace d’un éclair, je vis les paupières de Mme Mercado trembler, puis

clignoter.

— Ne pensez-vous pas, demanda Mme Mercado avec une grande douceur

dans la voix, qu’après un événement de ce genre chacun prétende connaître un tas

de choses n’ayant jamais existé ?… On parle d’atmosphère tendue, de

pressentiments… Les gens inventent cela après coup.

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