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CHAPITRE XXI M. MERCADO, RICHARD CAREY(2)

时间:2023-10-07来源:互联网 进入法语论坛
核心提示:Peupeu, M. Poirot avait su minspirer confiance. Lui aussi savaitexactement ce quil convenait de faire et je sentais quil
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Peu à peu, M. Poirot avait su minspirer confiance. Lui aussi savait

exactement ce quil convenait de faire et je sentais quil était de mon devoir de

laider. En dautres termes, de lui passer les pinces et les pansements au moment

voulu. Voilà pourquoi il me semblait tout naturel de courir après son mouchoir,

comme jaurais ramassé une serviette tombée des mains du chirurgien.

Quand jeus retrouvé le carré de batiste, et le lui rapportai, je ne vis pas

dabord M. Poirot. Au bout dun instant, je laperçus assis à quelque distance de

là, en conversation avec Mr Carey. Le boy de Mr Carey se tenait à proximité,

avec, en main, un mètre pliant en bois. À ce moment, Mr Carey lui donna un

ordre et le garçon séloigna, emportant son mètre.

Comprenez mon hésitation : jignorais ce que M. Poirot voulait de moi. Qui

sait sil ne mavait pas envoyée chercher son mouchoir dans la seule intention de

mécarter de lui pendant quelques minutes ?

De nouveau, jassistais le chirurgien dans une opération. Il convenait de

remettre au praticien lobjet désiré et à la seconde précise où il en avait besoin.

Dieu merci ! je connais suffisamment mon métier à lamphithéâtre, et là je ne

risque pas de commettre de bévues. Mais ici je nétais quune novice ; aussi me

fallait-il ouvrir lœil.

Bien entendu, je nimaginais pas que M. Poirot mavait éloignée pour

mempêcher dentendre sa conversation avec Mr Carey, mais peut-être pensait-il

que celui-ci parlerait plus librement en mon absence.

Je ne voudrais pas quon me crût capable de chercher à surprendre les

entretiens privés. Bien que je sois curieuse, je ne songerais jamais à commettre

pareille vilenie !

Sil sétait agi, en loccurrence, dune entrevue secrète, je ne me serais pas

abaissée à ce que je fis ce jour-là.

Jétais certaine de ne pas outrepasser mes droits. En effet, une infirmière

entend bien des propos échappés au malade sous linfluence de lanesthésie. Le

patient ignore totalement que vous les avez entendus, mais le fait nen demeure

pas moins. À mon point de vue, pour linstant, Mr Carey nétait quun malade

que lon opère. Il ne sen trouverait pas plus mal sil ne se doutait de rien. Vous

me taxerez peut-être dindiscrétion ? Je suis la première à ladmettre. Je ne

voulais laisser échapper aucun détail important.

Tout cela me conduit à vous avouer que je fis demi-tour et pris un chemin de

traverse aboutissant à quelques pas deux, derrière le remblai, dont la pointe de

terre me dissimula parfaitement à leur vue. Si quelquun prétend que cette façon

dagir était malhonnête, je me permets de le contredire : on ne doit rien cacher à

linfirmière de service, bien que, cela va de soi, il appartienne au médecin ou au

chirurgien de prendre toutes décisions.

Par quelle voie détournée M. Poirot aborda-t-il le sujet qui le passionnait ?

Mystère ! Toujours est-il que lorsque je pus entendre, il visait en plein dans le

mille, pour ainsi parler.

Personne plus que moi ne rend hommage à laffection dévouée du

Dr Leidner envers sa femme, disait-il. Mais il arrive très souvent quon en

apprend plus sur le compte dune personne en sadressant à ses ennemis plutôt

quà ses amis.

Vous attachez donc plus dimportance aux défauts de la victime quà ses

vertus ? répliqua Mr Carey dun ton sarcastique.

Ouisil est question dun assassinat. Autant que je le sache, nul na été

tué parce quil était trop vertueux !Bien quà mon avis la perfection soit

parfois bien exaspérante !

Je crains de ne pouvoir vous renseigner utilement, déclara Mr Carey. En

toute sincérité, Mrs Leidner et moi néprouvions pas une grande sympathie lun

pour lautre. Non point que nous fussions ennemis, mais en tout cas nous nétions

point amis. Mrs Leidner prenait peut-être ombrage de ma longue amitié pour son

mari. Malgré toute mon admiration pour sa beauté, je lui en voulais un peu de son

influence sur Leidner. Résultat : des rapports courtois régnaient entre nous, sans

plus.

Quelle lumineuse explication ! sécria Poirot.

Ne voyant que leurs têtes, je remarquai que Mr Carey tournait brusquement

la sienne vers Poirot comme si les paroles de celui-ci lavaient choqué.

M. Poirot poursuivit :

Cette froideur entre vous et sa femme naffectait-elle pas votre ami ?

Carey hésita un long moment avant de répondre :

Je ne puis rien certifier. Lui-même ny faisait jamais allusion et je ne

crois même pas quil ait eu le temps de sen apercevoir, tant il se passionnait pour

ses fouilles.

Ce qui revient à dire que vous naimiez pas Mrs Leidner.

Carey haussa les épaules.

Peut-être lui eusse-je témoigné plus de cordialité si elle navait été la

femme de Leidner.

Il éclata de rire, amusé par sa propre repartie.

Poirot lui dit dun ton lointain et rêveur :

Jai interrogé miss Johnson ce matin ; elle a reconnu avoir eu quelques

préventions contre Mrs Leidner et ne pas la porter en odeur de sainteté, mais elle

sest empressée dajouter que Mrs Leidner sétait toujours montrée aimable

envers elle.

Tout cela est bien exact, reconnut Carey.

Je lai crue sur parole. Ensuite, jai eu une conversation avec

Mme Mercado. Celle-ci ne tarit pas sur sa profonde affection et son admiration

sans bornes pour la défunte.

Carey ne répondit pas. Après un silence, Poirot continua :

Je ne la crus pas ! Alors, je viens vous trouvervous me parlezEh

bien !je ne vous crois pas davantage !

Carey se redressa. Jentendais la colère sourde qui grondait dans sa voix.

Croyez-moi ou ne me croyez pas, monsieur Poirot. Je vous ai dit la

vérité : acceptez-la ou rejetez-la. Peu mimporte !

Poirot garda tout son sang-froid et prit un air doux et découragé :

Est-ce ma faute si je croisou ne crois pas ? Jai loreille si délicate,

savez-vous ? Et des bruits courentdes rumeurs flottent dans lair. On écoute

on se figure apprendre des nouvelles intéressantes. Oui, on raconte bien des

histoires

Carey bondit. Je vis nettement le sang battre ses tempes. Quel superbe

profil ! Si émacié et si bronzé avec cette mâchoire carrée et volontaire ! Rien

détonnant quil conquît le cœur des femmes !

Quelles histoires ? lança-t-il dun ton furieux.

Poirot le regarda de travers.

Allons, vous savez bienles ragots habituelsau sujet de vous et

Mrs Leidner.

Que les gens ont lâme noire !

Nest-ce pas ? Tout comme les chiens, qui déterrent toutes sortes

dimmondices pour sen repaître.

Et vous prenez au sérieux tous ces racontars ?

Je ne demande quà me laisser convaincrede la vérité, répondit Poirot

dun ton grave.

Savoir si vous discernerez la vérité lorsquon vous la dira ? ricana

insolemment Carey.

Mettez-moi à lépreuve, rétorqua Poirot en lobservant de près.

Entendu ! Je vais vous servir à souhait ! Eh bien ! je haïssais Louise

LeidnerVoilà une vérité pour vous ! Je la haïssais de toute la force de mon

être !

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