【法语阅读——驴皮记】La peau de chagrin(1.7)
La partie I. Le Talisman
第一部分 灵符
Il existe je ne sais quoi de grand et d'épouvantable dans le suicide. Les chutes d'une multitude de gens sont sans danger, comme celles des enfants qui tombent de trop bas pour se blesser ; mais quand un grand homme se brise, il doit venir de bien haut, s'être élevé jusqu'aux cieux, avoir entrevu quelque paradis inaccessible. Implacables doivent être les ouragans qui le forcent à demander la paix de l'âme à la bouche d'un pistolet. Combien de jeunes talents confinés dans une mansarde s'étiolent et périssent faute d'un ami, faute d'une femme consolatrice, au sein d'un million d'êtres, en présence d'une foule lassée d'or et qui s'ennuie. A cette pensée, le suicide prend des proportions gigantesques. Entre une mort volontaire et la féconde espérance dont la voix appelait un jeune homme à Paris, Dieu seul sait combien se heurtent de conceptions, de poésies abandonnées, de désespoirs et de cris étouffés de tentatives inutiles et de chefs-d'oeuvre avortés. Chaque suicide est un poème sublime de mélancolie. Où trouverez-vous, dans l'océan des littératures, un livre surnageant qui puisse lutter de génie avec cet entrefilet.
Hier, à quatre heures, une jeune femme s'est jetée dans la Seine du haut du Pont-des-Arts.
Devant ce laconisme parisien, les drames, les romans, tout pâlit, même ce vieux frontispice : Les lamentations du glorieux roi de Kaërnavan, mis en prison par ses enfants ; dernier fragment d'un livre perdu, dont la seule lecture faisait pleurer ce Sterne, qui lui-même délaissait sa femme et ses enfants.
L'inconnu fut assailli par mille pensées semblables, qui passaient en lambeaux dans son âme, comme des drapeaux déchirés voltigent au milieu d'une bataille. S'il déposait pendant un moment le fardeau de son intelligence et de ses souvenirs pour s'arrêter devant quelques fleurs dont les têtes étaient mollement balancées par la brise parmi les massifs de verdure, bientôt saisi par une convulsion de la vie qui regimbait encore sous la pesante idée du suicide, il levait les yeux au ciel : là,des nuages gris, des bouffées de vent chargées de tristesse, une atmosphère lourde, lui conseillaient encore de mourir. Il s'achemina vers le pont Royal en songeant aux dernières fantaisies de ses prédécesseurs. Il souriait en se rappelant que lord Castelreagh avait satisfait le plus humble de nos besoins avant de se couper la gorge, et que l'académicien Auger était allé chercher sa tabatière pour priser tout en marchant à la mort. Il analysait ces bizarreries et s'interrogeait lui-même,quand, en se serrant contre le parapet du pont, pour laisser passer un fort de la halle, celui-ci ayant légèrement blanchi la manche de son habit, il se surprit à en secouer soigneusement la poussière. Arrivé au point culminant de la voûte, il regarda l'eau d'un air sinistre.
自杀本身包寒着一种说不出的伟大和恐怖的因素。大多数人的垮台都没有危险,就象儿童从低处掉下来不会跌伤;但是,一个伟大人物就不一样,他准是从很高处掉下来的,因为他已爬到天那么高,窥见过常人不可接近的天堂。难解难分的人生矛盾,以暴风般的力量,迫使他借助**以求得灵魂的安息。多少有才能的青年被优禁在一间阁楼里,逐渐衰萎,以至死亡,因为在这茫茫人海之中,面对着无数疲于为金钱奔命和对人生厌倦的人群,却没有一个朋友,没有一个能安慰自己的女人!一想到这种情形,自杀的念头便大大增长。在自愿死亡和无穷的希望把一个青年人召唤到巴黎去,这两者之间,只有上帝才知道有多少观念,多少被遗弃的诗篇,多少失望和窒息的叫喊,多少徒劳无益的尝试,和多少未成功的杰作在彼此发生冲突。每次自杀都是一首绝妙的哀诗。请问在浩如烟海的文学作品中,你能否找得到一本书在才华上足以和这条小新闻媲美:
昨天下午四时,一少妇从艺术桥高处投身塞纳河自杀。
面对这种巴黎式的简洁文体,所有的悲剧、小说都要黯然失色,甚至那本古式题名的书:《光荣的卡埃那凡国王被儿女囚禁惨史》也不例外;这部轶史的最后篇章,是唯一使那位抛妻弃子的斯特恩①本人读后下泪的作品。
这陌生人被千百种这类思想所围攻,这些思想象一片片破布般掠过他的灵魂,仿佛是许多撕破了的旗帜在一场战斗中迎风飘扬。即使他暂时卸下他的智慧和回忆的重担,停下步来欣赏一下那些在万绿丛中,给微风吹得轻轻摆动头儿的鲜花,可是不一会,和自杀念头的重压不断作斗争所引起的神经紧张,又重新向他袭来。他仰望苍天,只见空中灰色的云块,满载悲哀的微风,沉重的气压,又在劝告他快去寻死。他向王家桥走去,一面想着那些自杀的先辈在最后时刻到来前的奇怪行径。当他想到卡斯雷尔②爵士在割断咽喉之前,还先满足了一些最平凡的需要,而奥日③院士却要先找到他的鼻烟壶,以便在走向死亡的途中把它摔碎时,他不禁微笑了。他分析这些奇怪行为,并反躬自问,为什么当他在桥上为了给一个搬运暩让路而紧靠桥栏杆时,那搬运暩把他的长上衣袖子稍为弄脏一点儿,他便不由自主地把灰尘轻轻抖掉。他走到桥的最高处,用绝望的神情望着河水。
①不知巴尔扎克这个轶闻有何出处,似乎既不见于斯特恩的作品,也不在司各特专门为斯特恩作品做的注释内,况且斯特恩只有一个女儿,尽管他有过浪漫史,却从未抛弃过家庭。
②卡斯雷尔(1769—1822),英国政治家,因受舆论谴责,在抑郁中自杀。
③奥日(1772—1829),法国文学家、批评家、法兰西学院院士,后因患津神病投塞纳河自杀。