【法语阅读——驴皮记】La peau de chagrin(1.10)
La partie I. Le Talisman
第一部分 灵符
L'inconnu jeta sa monnaie à l'enfant et au vieux pauvre en quittant le trottoir pour aller vers les maisons, il ne pouvait plus supporter le poignant aspect de la
Seine.
- Nous prierons Dieu pour la conservation de vos jours, lui dirent les deux mendiants.
En arrivant à l'étalage d'un marchand d'estampes, cet homme presque mort rencontra une jeune femme qui descendait d'un brillant équipage. Il contempla délicieusement cette charmante personne dont la blanche figure était harmonieusement encadrée dans le satin d'un élégant chapeau. Il fut séduit par une taille svelte, par de jolis mouvements. La robe, légèrement relevée par le marchepied, lui laissa voir une jambe dont les fins contours étaient dessinés par un bas blanc et bien tiré. La jeune femme entra dans le magasin, y marchanda des albums, des collections de lithographies ; elle en acheta pour plusieurs pièces d'or qui étincelèrent et sonnèrent sur le comptoir. Le jeune homme, en apparence occupé sur le seuil de la porte à regarder des gravures exposées dans la montre, échangea vivement avec la belle inconnue l'oeillade la plus perçante que puisse lancer un homme, contre un de ces coups d'oeil insouciants jetés au hasard sur les passants. C'était, de sa part,un adieu à l'amour, à la femme ! mais cette dernière et puissante interrogation ne fut pas comprise, ne remua pas ce coeur de femme frivole, ne la fit pas rougir, ne lui fit pas baisser les yeux. Qu'était-ce pour elle ? une admiration de plus, un désir inspiré qui le soir lui suggérait cette douce parole : J'étais bien aujourd'hui.Le jeune homme passa promptement à un autre cadre, et ne se retourna point quand l'inconnue remonta dans sa voiture. Les chevaux partirent, cette dernière image du luxe et de l'élégance s'éclipse comme allait s'éclipser sa vie. Il marcha d'un pas mélancolique le long des magasins, en examinant sans beaucoup d'intérêt les échantillons de marchandises. Quand les boutiques lui manquèrent, il étudia le Louvre, l'Institut, les tours de Notre-Dame, celles du Palais, le Pont-des-Arts. Ces monuments paraissaient prendre une physionomie triste en reflétant les teintes grises du ciel dont les rares clartés prêtaient un air menaçant à Paris qui, pareil à une jolie femme, est soumis à d'inexplicables caprices de laideur et de beauté. Ainsi, la nature elle-même conspirait à plonger le mourant dans une extase douloureuse. En proie à cette puissance malfaisante dont l'action dissolvante trouve un véhicule dans le fluide qui circule en nos nerfs, il sentait son organisme arriver insensiblement aux phénomènes de la fluidité. Les tourments de cette agonie lui imprimaient un mouvement semblable à celui des vagues, et lui faisaient voir les bâtiments, les hommes, à travers un brouillard où tout ondoyait. Il voulut se soustraire aux titillations que produisaient sur son âme les réactions de la nature physique, et se dirigea vers un magasin d'antiquités dans l'intention de donner une pâture à ses sens ou d'y attendre la nuit en marchandant des objets d'art. C'était, pour ainsi dire, quêter du courage et demander un cordial, comme les criminels qui se défient de leurs forces en allant à l'échafaud ; mais la conscience de sa prochaine mort rendit pour un moment au jeune homme l'assurance d'une duchesse qui a deux amants, et il entra chez le marchand de curiosités d'un air dégagé, laissant voir sur ses lèvres un sourire fixe comme celui d'un ivrogne. N'était-il pas ivre de la vie, ou peut-être de la mort. Il retomba bientôt dans ses vertiges, et continua d'apercevoir les choses sous d'étranges couleurs, ou animées d'un léger mouvement dont le principe était sans doute dans une irrégulière circulation de son sang, tantôt bouillonnant comme une cascade, tantôt tranquille et fade comme l'eau tiède. Il demanda simplement à visiter les magasins pour chercher s'ils ne renfermaient pas quelques singularités à sa convenance. Un jeune garçon à figure fraîche et joufflue, à chevelure rousse, et coiffé d'une casquette de loutre, commit la garde de la boutique à une vieille paysanne, espèce de Caliban femelle occupée à nettoyer un poêle dont les merveilles étaient dues au génie de Bernard de Palissy ; puis il dit à l'étranger d'un air insouciant : - Voyez, monsieur, voyez ! Nous n'avons en bas que des choses assez ordinaires ; mais si vous voulez prendre la peine de monter au premier étage, je pourrai vous montrer de fort belles momies du Caire, plusieurs poteries incrustées, quelques ébènes sculptées, vraie renaissance, récemment arrivées,
et qui sont de toute beauté.
他来到一家版画商店的橱窗前面时,这个几乎死去的男子,迎面遇见一个年轻女人从一辆豪华的马车上下来。他十分畅快地欣赏这个可爱的女人,她头戴一顶时髦的缎帽,绸缎的光彩把白皙的脸蛋儿陪衬得分外迷人。他被她那苗条的身材和美丽的姿态吸引住了,她那长袍的下摆给马车的踏脚微微掀起一点来,露出一只小退,从裹得紧紧的白色袜子外面,他也能看出那小退的优美轮廓。青年女子走进了商店,在那儿挑选一些画册和石印名画集;讲好价钱后,她花了好几个金币把这些东西买下来,金币在柜台上闪闪发光,发出铿锵的声音。那青年人表面上是在门外鉴赏摆在橱窗里的图画,实际上却向那漂亮的陌生女子爇烈地递送了一个男人所能有的最刺透人心的眼波,而对方只报以一个漠不关心的,偶然向过路人投去的眼光。在这青年人方面,他向那女子看的一眼,等于向爱情、向女人的告别!但是,这最后的、有力的眼波并没有被理解,没有感动这个轻佻女子的心,并没有使她脸红或使她的眼睛低垂。这种调情对她说来意味着什么呢?不过是又一次受人爱慕,又一次挑起别人的情欲,让她在晚上可以夸口说这么一句甜蜜的话:“我今天真不错。”那青年人赶快走到另一橱窗去,当那位陌生女子再坐上她的马车时,他连头也没回一下。马儿拉着车子走了,这最后的豪华和高雅的形象消逝了,他的生命也将要这样消逝。他忧郁地沿着临街的铺面走过去,观看橱窗里的陈列品,但不太感兴趣。他走过没有商店的街道时,就观察卢浮宫,法兰西学院,圣母院的钟楼,高等法院的尖塔和艺术桥。灰色的天空象是给这些大建筑物反衬出凄凉的外貌,暗淡的光线给巴黎带来威胁的气氛,使它象美女那样处在各种无法解释的丑和美的偏见支配之下。大自然本身就是这样参与了陰谋,使这个垂死的人在极度痛苦之中苟延残喘。这种起腐化作用的恶势力在循环于我们的神经系统的流体中找到了媒介物,正是在这种势力的支配下,他感到自己的机体不知不觉变成了流质的奇异物体。临终的痛苦给他造成一种类似波浪运动的印象,使他所看到的建筑物和人群,都象隔着一层雾霭,并且感到一切东西都在动荡。为要摆脱这种肉体上的反应在灵魂中产生的不安宁,便走向一家古董店,想给他的感官找点津神食粮,或者在那儿利用对某些艺术品讨价还价来消磨时间,以等待黑夜来临。这等于设法去找点勇气和服一帖兴奋剂,就象罪犯们走向断头台时怀疑自己的胆量似的;但是想到自己不久即将死去,又使这青年人顿时充满信心,象一位同时有两个情人的公爵夫人,他神态自若地走进古董店,让人看见他嘴角上象醉汉那样挂着一丝呆滞的微笑。难道他不正是陶醉在生活中,或者在死亡里!不久他又重新陷入迷惘状态,继续看到各种事物都呈现出奇异的色彩,或者显出轻微的运动,这种现象产生的原因,肯定是由于他的血液循环不正常之故,忽然沸腾起来便象瀑布般倾泻,一旦平静下来又象温水般乏味。他逛铺子只想看看能否发现什么合他心意的珍奇玩好。一个赭红头发,脸颊丰满,色泽鲜润,戴獭皮鸭舌帽的青年伙计把看守铺子的任务交给一个乡下老太婆,这婆娘是一个女性的凯列班①,她正在揩拭一只炉子,这炉子构造巧妙,是贝尔纳·帕利西②的杰作;于是这青年伙计便随便地对陌生来客说:
①凯列班,莎士比亚戏剧《暴风雨》中的人物,是一个性情狡猾、陰险、为非作歹的家伙,曾被迫屈服于强权之下,但始终企图反抗。
②贝尔纳·帕利西(1510—1589),法国作家、学者、陶器专家。
“您请看,先生,您看吧!我们楼下的东西都相当一般,但是,如果您不怕麻烦,愿意到楼上去,我可以给您看从开罗来的完美的木乃伊,镂刻的陶器、乌木雕花木器,真正文艺复兴时代的东西,都是新近运到的、十分津美的货色。”