【法语阅读——驴皮记】La peau de chagrin(1.12)
La partie I. Le Talisman
第一部分 灵符
L'inconnu compara d'abord ces trois salles gorgées de civilisation, de cultes, de divinités, de chefs-d'oeuvre, de royautés, de débauches, de raison et de folie, à un miroir plein de facettes dont chacune représentait un monde. Après cette impression brumeuse, il voulut choisir ses jouissances ; mais à force de regarder, de penser, de rêver, il tomba sous la puissance d'une fièvre due peut-être à la faim qui rugissait dans ses entrailles. La vue de tant d'existences nationales ou individuelles, attestées par ces gages humains qui leur survivaient, acheva d'engourdir les sens du jeune homme ; le désir qui l'avait poussé dans le magasin fut exaucé : il sortit de la vie réelle, monta par degrés vers un monde idéal, arriva dans les palais enchantés de l'Extase où l'univers lui apparut par bribes et en traits de feu, comme l'avenir passa jadis flamboyant aux yeux de saint Jean dans Pathmos.
Une multitude de figures endolories, gracieuses et terribles, obscures et lucides, lointaines et rapprochées, se leva par masses, par myriades, par générations. L'Egypte, roide, mystérieuse se dressa de ses sables, représentée par une momie qu'enveloppaient des bandelettes noires ; puis ce fut les Pharaons ensevelissant des peuples pour se construire une tombe, et Moïse, et les Hébreux, et le désert, il entrevit tout un monde antique et solennel. Fraîche et suave, une statue de marbre assise sur une colonne torse et rayonnant de blancheur lui parla des mythes voluptueux de la Grèce et de l'Ionie. Ah ! qui n'aurait souri comme lui de voir sur un fond rouge la jeune fille brune dansant dans la fine argile d'un vase étrusque devant le Dieu Priape qu'elle saluait d'un air joyeux ? En regard, une reine latine caressait sa chimère avec amour ! Les caprices de la Rome impériale respiraient là tout entiers et révélaient le bain, la couche, la toilette d'une Julie indolente, songeuse, attendant son Tibulle. Armée du pouvoir des talismans arabes, la tête de Cicéron évoquait les souvenirs de la Rome libre et lui déroulait les pages de Tite-Live. Le jeune homme contempla Senatus Populusque romanus : le consul, les licteurs, les toges bordées de pourpre, les luttes du Forum, le peuple courroucé défilaient lentement devant lui comme les vaporeuses figures d'un rêve. Enfin la Rome chrétienne dominait ces images. Une peinture ouvrait les cieux, il y voyait la Vierge Marie plongée dans un nuage d'or, au sein des anges, éclipsant la gloire du soleil, écoutant les plaintes des malheureux auxquels cette Eve régénérée souriait d'un air doux. En touchant une mosaïque faite avec les différentes laves du Vésuve et de l'Etna, son âme s'élançait dans la chaude et fauve Italie : il assistait aux orgies des Borgia, courait dans les Abruzzes, aspirait aux amours italiennes, se passionnait pour les blancs visages aux longs yeux noirs. Il frémissait aux dénouements nocturnes interrompus par la froide épée d'un mari, en apercevant une dague du Moyen Age dont la poignée était travaillée comme l'est une dentelle, et dont la rouille ressemblait à des taches desang. L'Inde et ses religions revivaient dans une idole coiffée de son chapeau pointu, à losanges relevés, parée de clochettes, vêtue d'or et de soie. Près du magot, une natte, jolie comme la bayadère qui s'y était roulée, exhalait encore les odeurs du sandal. Un monstre de la Chine dont les yeux restaient tordus, la bouche contournée, les membres torturés, réveillait l'âme par les inventions d'un peuple qui, fatigué du beau toujours unitaire, trouve d'ineffables plaisirs dans la fécondité des laideurs. Une salière sortie des ateliers de Benvenuto Cellini le reportait au sein de la Renaissance, au temps où les arts et la licence fleurissaient, où les souverains se divertissaient à des supplices, où les conciles couchés dans les bras des courtisanes décrétaient la chasteté pour les simples prêtres. Il vit les conquê tes d'Alexandre sur un camée, les massacres de Pizarre dans une arquebuse à mèche, les guerres de religion échevelées, bouillantes, cruelles, au fond d'un casque.Puis, les riantes images de la chevalerie sourdirent d'une armure de Milan supérieurement damasquinée, bien fourbie, et sous la visière de laquelle brillaient encore les yeux d'un paladin.
这陌生青年首先把这三间塞满了文化、宗教、神权、王权、放荡、理智和疯狂的遗迹的厅堂,比作一块包寒有许多小平面的反射镜,其中每个小平面都反映出一个世界。有了这样一个模糊的印象之后,他就想选择自己的享受对象,但是,因为他观看、思索和幻想消耗了不少体力,竟发起烧来,这也许是由于饥饿所致,因为此刻他的肚子正在发出吼声。
看了这许多使往日的民族或个人身后留名的遗物,这许多历史的见证,这青年人的感觉终于变得迟钝了;驱使他走进这间古董店的欲望已经得到满足:他从真实的生活中游离出来,一级一级地上升到一个理想的境界,到达了令人神往的仙宫瑶圃,这里的世界在他看来象是由无数碎片和火花组成的,就象当初圣约翰在巴特摩斯岛①上看见人类的前途闪闪发光地展示在他的眼前。
许多痛苦的、优雅的、可怕的、晦暗的和光亮的、远古的和近代的人物,成群结队地、成千上万地、一代一代地都站了起来。僵硬而神秘的埃及屹立在沙漠之上,由一具用黑绷带捆扎的木乃伊来代表;随后便是牺牲无数人民为自己构筑陵墓的埃及法老们,还有摩西,希伯来人和沙漠。他隐约看到了整个古老而庄严的世界。一尊鲜明美妙的云石雕像,坐在一根闪着白光的螺纹圆柱上,在向他述说古希腊和伊奥尼亚的充满肉感的神话。啊!看到在一个津致的伊特鲁立亚陶瓶的红色背景上,在天神普里阿普斯②面前跳舞,快乐地向天神敬礼的棕黑色头发的少女,谁能不象他一样微笑呢?对面是一位罗马皇后,以宠爱的心情在抚摩她的一匹怪兽!这儿充分表现了罗马帝国无奇不有的任性行为,也泄露了一个懒洋洋的沉在梦幻中的朱丽③,她的寝床、浴室、妆台,她正在等待她的提布卢斯④。凭着阿拉伯符咒的威力,西塞罗⑤的头脑唤起了自由罗马的回忆,使李维乌斯⑥的历史篇章重现在他的眼前。这青年人默默观看Senatus Populusque romanus⑦的文物:督政官,前驱军官,紫红绲边的长袍,议政厅的争论,愤怒的人民,所有这些人物慢慢在他面前画过,面目模糊,仿佛在梦里看见似的。最后基督徒的罗马出现,这些形象便退居次要地位。一幅图画打开了天国的大门,他在那儿看见圣母马利亚出现在金色的云彩里,一群小天使围绕着她,使太阳的光辉为之黯然失色。这位复活的夏娃倾听不幸的人们向她诉苦时以温柔的神情微笑着。在触摸到一幅用维苏威和埃特纳火山熔岩的各种颜色的细块做成的镶嵌画时,他的灵魂早已飞向炎爇的、野性的意大利了;他参加了波基亚⑧家族的狂欢宴,驰骋在阿布鲁齐山区,欣赏意大利式的爱情,为洁白的脸蛋,细长的黑眼睛而神魂颠倒。当他看到一把中世纪的短剑,剑柄雕镂津巧,象花边般细致,剑上的锈痕就象血迹,因而联想到两个情人夜间优会,被丈夫冰冷的利剑所中断时,不禁毛骨悚然。印度和它的宗教在一尊中国佛像身上再现了,这佛像头戴一顶菱形的尖帽,反翘的菱角上挂着小金钟,身上穿着绣金的丝袍。在佛像的旁边,有条辫子,它象当年把它盘在头上的印度舞姬一般美丽,香泽犹存,还散发着檀香的气味。一只眼睛反吊,嘴巴歪斜,四肢弯曲的中国怪物,那是这个民族为了使人头脑清醒而发明的玩意儿,因为中国倦于老是看到单一的美,便从百丑中找到不可磨灭的快乐。一只出自班韦尼托·却利尼⑨雕刻室的盐盅把他带到了文艺复兴时代,那时候艺术繁荣,人欲横流,国王们以拷打犯人为乐,主教们酣睡在妓女怀里,却下令要普通教士严守清规。他从一块玉石浮雕上看到了亚历山大大帝⑩的丰功伟绩,从一支火绳枪上看到了皮扎尔⑾的大屠杀,从一只钢盔上看到了纷乱,暴怒和残酷的宗教战争,最后,他看到一些欢笑的骑士形象,他们从一副米兰制造,镶嵌金银,擦得雪亮的甲胄中显出他们的英姿,在面甲下仿佛还看到一个英勇骑士闪
亮的眼睛。
①巴特摩斯岛是爱琴海中斯卜克特群岛之一,传说圣徒约翰曾在这里撰写《启示录》,该书所描写的就是约翰想象中的未来世界的幻象。
②普里阿普斯,古希腊神话中司园艺和生育之神。
③朱丽(公元前39—14),奥古斯特皇帝的女儿,以美艳和滢荡著名,古罗马前后有三个著名贵妇叫朱丽,这里作者指名而未道姓,但可能就是这个朱丽。
④提布卢斯(约公元前54—公元19),罗马诗人,以爱情诗歌著名于世,这里的名字是转意,即“爱情的歌手”,而非他本人。
⑤西塞罗(公元前106—43),罗马大演说家。
⑥李维乌斯(约公元前59—公元17),罗马历史家。
⑦拉丁文:罗马共和国。
⑧波基亚这个意大利家族的成员包括教皇亚历山大六世,他的儿子恺撒·波基亚公爵,女儿吕克莱斯·波基亚,她以美貌著称,在这个显赫的家族里,她只是父兄手中的一个工具,并留
下了丑恶的名声。
⑨班韦尼托·却利尼(1500—1571),意大利雕刻家,金银器皿制作家,后来成为弗朗索瓦一世的宫廷艺术家。
⑩亚历山大大帝(公元前356—323在位),马其顿国王,伟大的军事家,在他短短的一生中,建立了一个庞大的帝国。他在青年时代曾是亚里斯多德的学生,在他的统治下,希腊文明和
亚洲文明得到了广泛深入的传播,对后世产生过有益的影响。
⑾皮扎尔(约1475—1541),西班牙冒险家,在他的两个兄弟的帮助下,征服秘鲁后在利马被仇敌杀死。