【法语阅读——驴皮记】La peau de chagrin(1.19)
La partie I. Le Talisman
第一部分 灵符
Figurez-vous un petit vieillard sec et maigre, vêtu d'une robe en velours noir, serrée autour de ses reins par un gros cordon de soie. Sur sa tête, une calotte en velours également noir laissait passer, de chaque côté de la figure, les longues mèches de ses cheveux blancs et s'appliquait sur le crâne de manière à rigidement encadrer le front. La robe ensevelissait le corps comme dans un vaste linceul, et ne permettait de voir d'autre forme humaine qu'un visage étroit et pâle. Sans le bras décharné, qui ressemblait à un bâton sur lequel on aurait posé une étoffe et que le vieillard tenait en l'air pour faire porter sur le jeune homme toute la clarté de la lampe, ce visage aurait paru suspendu dans les airs. Une barbe grise et taillée en pointe cachait le menton de cet être bizarre, et lui donnait l'apparence de ces têtes judaïques qui servent de types aux artistes quand ils veulent représenter Moïse. Les lèvres de cet homme étaient si décolorées, si minces, qu'il fallait une attention particulière pour deviner la ligne tracée par la bouche dans son blanc visage. Son large front ridé, ses joues blêmes et creuses, la rigueur implacable de ses petits yeux verts dénués de cils et de sourcils, pouvaient faire croire à l'inconnu que le Peseur d'or de Gérard Dow était sorti de son cadre. Une finesse d'inquisiteur trahie par les sinuosités de ses rides et par les plis circulaires dessinés sur ses tempes, accusait une science profonde des choses de la vie. Il était impossible de tromper cet homme qui semblait avoir le don de surprendre les pensées au fond des coeurs les plus discrets. Les moeurs de toutes les nations du globe et leurs sagesses se résumaient sur sa face froide, comme les productions du monde entier se trouvaient accumulées dans ses magasins poudreux. Vous y auriez lu la tranquillité lucide d'un Dieu qui voit tout, ou la force orgueilleuse d'un homme qui a tout vu. Un peintre aurait, avec deux expressions différentes et en deux coups de pinceau, fait de cette figure une belle image du Père Eternel ou le masque ricaneur du Méphistophélès, car il se trouvait tout ensemble une suprême puissance dans le front et de sinistres railleries sur la bouche. En broyant toutes les peines humaines sous un pouvoir immense, cet homme devait avoir tué les joies terrestres. Le moribond frémit en pressentant que ce vieux génie habitait une sphère étrangère au monde, et où il vivait seul, sans jouissances parce qu'il n'avait plus d'illusion, sans douleur parce qu'il ne connaissait plus de plaisirs. Le vieillard se tenait debout, immobile, inébranlable comme une étoile au milieu d'un nuage de lumière. Ses yeux verts, pleins de je ne sais quelle malice calme, semblaient éclairer le monde moral comme sa lampe illuminait ce cabinet mystérieux.
请你想想看,这么一个又干又瘪的小老头,穿一件黑天鹅绒的便袍,腰间束一条粗大的丝带子。他头上戴的圆便帽同样是黑天鹅绒的,两边鬓角各露出一长绺白发,额上的头发紧贴在头皮上,使帽子牢牢地罩住前额。他的袍子活象一块巨大的殓尸布裹在身上,只让人看见一张狭长苍白的脸孔,而看不出人体的其他形状。如果不是老头子那只干瘦得象一块布挂在棒子上的手臂举着一盏灯,以便照亮这青年人,你会以为那张脸孔是悬在空中的哩。一把修剪成尖形的灰色胡子,遮住这个怪人的下巴,使他的外表很象画家们画摩西像时用作模特儿的那类犹太人的脸相。这个人的嘴唇极薄,毫无血色,得特别留神才能在他苍白的脸上猜出他嘴巴合着时那条横线在哪里。他宽阔的前额满是皱纹,双颊苍白而深陷,他那双既无睫毛也无眼眉的绿色小眼睛,冷酷而凶狠,足以使这陌生青年以为爇拉尔·道的《兑金币的人》从图画上脱框而出。从面部曲折的皱纹和两边太阳袕周围的皱褶,透露出他具有审判官一般的津细,并且证明他对人生百事有着深刻的了解。要欺骗这个人是不可能的,他似乎天生具有那种能抓住别人埋藏在内心深处最秘密的思想的能力。地球上所有民族的风尚和它们的智慧都集中在他冰冷的脸孔上,就象全世界的产品都堆积在他满是灰尘的店铺里那样。你可以在这副脸孔上看到洞悉一切的神明所具有的那种安详的明智,或一个历尽沧桑的人物所有的自豪心情。一位画家可以用两种不同的表情,寥寥数笔便照这副脸孔勾画出一位仁慈上帝的美好形象,或者是那个爱嘲笑的靡非斯特①的脸谱。因为在这老人的脸孔上并存着一个有无上权威的人的前额,和一张发出不祥的冷笑的嘴巴。在他以无边的威力粉碎人类的一切痛苦的同时,这个人似乎也把人间所有的快乐都扼杀了。当这个即将去死的青年人推想到这个老妖怪独自住在一个人所不知的天地里,既没有欢乐,因为他已经没有幻想;也没有痛苦,因为他已不知道有快乐,想到这些,他不禁发抖了。这老人站着,屹然不动,象是处在一团光云中的一颗星星。他的绿色眼睛,充满无法形容的镇定和狡猾,好象照亮着津神的世界,犹如他的灯照亮这间神秘的收藏室。
①靡非斯特,歌德的《浮士德》中恶魔的名字。